7 Janvier 2013
Au seuil du XXe siècle, c’est un cri d’horreur,
Le petit homme de Munch entend la clameur
Qui s’élèvera vers le ciel les cent ans à venir.
Il sait que les hommes rivaliseront dans le pire.
Des champs incisés de tranchées cimetières
Avec plus de chair broyée que de terre.
Les hommes effacés par les dictatures,
Le cri obstiné des opposants sous la torture,
Le cri étonné des peuples exterminés,
Seulement coupables encore d’exister,
Le cri étouffé dans les chambres à gaz,
Le cri gémissant que les décombres écrasent.
Les hommes devenus atomes avant d’être poussières,
Sans avoir le temps de crier ou de faire une prière.
Les torches humaines par le napalm incendiées.
Les foules, déplacées, réfugiées, déportées.
Femmes éventrées, corps décapités, corps explosés,
Par des bourreaux rendus fous par un Dieu dévoyé.
C’est le cri des affamés que les mouches achèvent,
Le cri épuisé des noyés avant d’atteindre leur rêve,
Le cri horrifié des êtres humains hachés,
Le cri affolé des enfants qui en jouant,
Perdent leurs pieds dans les champs…
Alors, on se bouche les oreilles comme le petit homme,
On vit, on rit, on jouit, pourquoi pas ?
Mais le cri est toujours là,
Tant qu’il y aura des hommes.
Paul Obraska
Edvard Munch « Le cri » 1893