7 Janvier 2013
M’en reste-t-il vraiment si peu de mes lectures ? La mémoire inscrit sous une forme biochimique mystérieuse des évènements qu'elle stocke dans une cave obscure dont votre conscience a jeté la clef. Parfois un souvenir que l’on croyait disparu s’échappe par le soupirail, c’est souvent un vilain garnement. Ces livres se sont sans doute insinués en moi, malgré moi. Ce que je pense vient d'eux, on pense comme les autres ont pensé. Notre conception des choses n'est qu'une mixture plus ou moins digérée des pensées des autres, qui eux-mêmes ont fait un mélange de celles de leurs prédécesseurs. On se recopie les uns les autres avec plus ou moins de bonheur, car les erreurs de recopiage ne manquent pas.
Ce sont les mêmes sujets qui occupent l'humanité depuis qu'elle a trouvé la faculté de s'exprimer. Le talent des auteurs est dans la formulation. La plupart des concepts existent depuis longtemps, le talent est aussi de les exhumer, de les révéler aux autres et de leur donner un nom pour se les approprier. Car que peut-on dire d’original sur la condition humaine, les relations entre les êtres humains, les sentiments, l’amour, la mort ou la violence ? Peut-être que la bêtise reste un champ inépuisable d’investigation. Elle nous surprend toujours.
Giuseppe Arcimboldo : « Le bibliothécaire »