7 Janvier 2013
René Magritte "L'Empire des lumières"
LE SOLEIL EST PARTI
Un jour ou une nuit
Le Soleil est parti
Tout seul comme un grand
En laissant ses planètes en plan
Derrière lui
Sans crier gare
Le Soleil ne supporte pas les émotions du départ
De son geste il était bien placé pour en mesurer la gravité
Mais que voulez-vous il en avait assez
Assez de toutes ces planètes
Qui lui tournaient sans cesse autour
Et tournaient sur elles-mêmes par des pirouettes
Pour se montrer sous leur meilleur jour
Toute cette cour lui prenait la tête
Ce galopin de Mercure
Collé à lui malgré la température
Vénus qui se prenait pour la déesse de l'Amour
La Terre bleue fière de sa Lune blême
Et qui n'arrêtait pas de se bronzer
Mars vêtu de rouge pour se faire remarquer
Jupiter qui se prenait pour Dieu lui-même
Entouré de ses douze apôtres
Saturne avec ses anneaux dans le nez
Et les autres
Tout ce petit monde lui portait sur le système
Le monde fut surpris
De se retrouver sans chaleur sans lumière
Dans une froide nuit
Pourtant
Pour échapper à son cortège planétaire
Le Soleil avait depuis longtemps
Préparé sa fuite solitaire
Chaque jour il disparaissait la nuit
Ce n'était pas un jeu gratuit
La nuit devait préparer le monde à mourir
La nuit est un avant-goût de la mort
Le monde aurait du s'en souvenir
On meurt un peu quand on dort
Dans les profondeurs des nos nuits
Seuls les rêves prouvent que l'on vit
Encore
Paul Obraska
William Turner : « Le matin après le déluge »
LE SOLEIL EST REVENU
Timidement, le soleil est revenu
Sur la pointe de ses rayons.
Il s’ennuyait, seul dans l’espace, tout nu,
Et passait pour un mauvais garçon
Sans un cortège d’admirateurs,
Comme toute étoile digne de ce nom.
Il était parti sur un coup de chaleur,
Il regrettait sa mauvaise humeur,
Et profitant de l’éclosion du Printemps
Il se glissa nuitamment
Au milieu de ses planètes abandonnées
Qui continuaient bêtement à tourner.
Quand le jour se leva,
Ce fut la fête dans le système solaire.
La Terre n’en revenait pas,
De joie, les arbres devinrent verts,
Les fleurs éclatèrent en un feu d’artifice,
Et les couples se regardaient, complices.
Paul Obraska