• « Wokisme », « décolonialisme » et théorie de Gobineau

    « Wokisme », « décolonialisme » et théorie de GobineauRéduire les individus à la couleur de leur peau, les assigner à résidence par la pigmentation mélanique de leur enveloppe cutanée, condamner comme traîtres ceux qui en sortent parce qu’ils se considèrent avant tout comme des êtres humains, indépendamment de leur phénotype et à égalité avec les autres, sont des attitudes qui conduisent à un multiculturarisme extrême, cloisonné et imperméable. Le « racisé » affirme, en outre, comme postulat, que le racisme ne peut être le fait que des Blancs, et considère que la souffrance de ses ancêtres excuse d’avance celle qu’il pourrait infliger.

    Ces attitudes conduisent les « racisés » (le type et la quantité de mélanine cutanée n’étant pas précisés pour appartenir à ce groupe) à adopter la posture de victimes définitives, quelle que soit la situation de chacun, et avec le désir de transmettre ce statut de victime historique aux générations futures. En s’enfermant dans la bulle victimaire, le « racisé » rejette tout ce qui pourrait le froisser, même le débat, ignore l’ironie et bien sûr l’autodérision, et exécute sans discussion le contradicteur en le privant de parole et en cherchant à ruiner sa carrière universitaire ou médiatique.

    Le « wokisme » et le « décolonialisme » rejettent l’universalisme comme un piège destiné à pérenniser la domination des Blancs, en négligeant totalement toutes les autres dominations quand elles sont le fait d’ethnies un tant soit peu pigmentées, même féroces, que les Noirs ont pu subir dans le passé comme dans le présent.

    Ces idéologies ont fait resurgir la notion de race et en s’attaquant à la domination d’une race sur l’autre, elles ont donné une nouvelle jeunesse, pour le moins regrettable, à la théorie de Gobineau sur l’inégalité et la hiérarchie des groupes humains. Le paradoxe du « wokisme » et du «décolonialisme » est d’offrir en cadeau des arguments aux suprématistes blancs. Elles démontent, en effet, l’origine historique de la domination, et voulant en faire disparaître les causes et les traces, elles les mettent en évidence, allant jusqu’à remonter à l’antiquité gréco-romaine pour la condamner, ou en devenant assez délirantes pour rejeter l’algèbre car elle serait mal assimilée par les latinos et les noirs. Les «racisés » admettent ainsi, indirectement, une supériorité des Blancs pendant un temps historique et la richesse de la culture européenne en voulant la remettre en cause comme ce fut le cas par la réaction méprisante et ironique d'une indigéniste lors de l'incendie de Notre-Dame. Une domination n’étant ni innée, ni définitive, l’histoire montre que le dominant est parfois à son tour dominé, sans doute est-ce l’ambition des idéologies émergentes portées par des minorités et soutenues par des Blancs baignant dans la contrition pour des péchés qu’ils n’ont pas commis. Mais pour l’instant, les « racisés » en mettant en évidence les causes des conquêtes des Blancs dans le passé, qui découlent essentiellement du savoir et de la technique, se tirent une balle dans le pied avec une arme à feu, celle-ci ayant d’ailleurs permis à une poignée de Blancs européens de coloniser sans peine l’immense continent africain.

    Les « racisés » font disparaître l’individu dans la tribu, il n’a plus son libre-arbitre et il n’est plus jugé pour ce qu’il est et ce qu’il fait, mais par la couleur de sa peau et par l’histoire de ses ascendants. Un individu n’est responsable que de lui-même et s’il doit assumer sa propre histoire, il n’a pas à assumer celle des autres et encore moins lorsqu’ils appartiennent au passé. La volonté des « woke » ou de « décoloniaux » à vouloir effacer le passé qui fut défavorable à leurs ascendants c’est se contenter d’une pauvre revanche puisqu’elle s’exerce sur ceux qui n’en sont pas responsables. Se complaire dans les accusations historiques, sans être gêné par les anachronismes, c’est négliger l’avenir, sa propre évolution et celle de la société. Devenir raciste n’est pas la meilleure façon de lutter contre le racisme. L’avenir de chacun, qu’il s’agisse d’un individu ou d’un groupe, est de créer plutôt que de ressasser.

    Illustration : Manet "Olympia"

    « Bis repetita placentInclusi.f.ve »

  • Commentaires

    1
    Souris donc
    Dimanche 18 Avril 2021 à 08:28

    Les racisés, providentielle opportunité pour le wokisme, avatar de ce qu'on appellerait chez nous ce que Michel Onfray considère comme la fachosphère de gauche (presse Pigasse, "politologues" orientés, France Inter...)

    La fachosphère de gauche a acheté clés en main l'idéologie des campus américains, activant une dynamique qui les déborde aujourd'hui : les décolonialistes, les intersectionalistes, les néoféministes, les anti-sionistes, les islamo-gauchistes, instrumentalisant non sans cynisme le vieux personnel politique fardé comme une prostituée qui attend le client au pied de l'urne.

    (Michel Onfray, FigMag du 16 avril)

    A  propos des néoféministes et des prostituées au pied de l'urne, je ne résiste pas :

    la lutte de Moderne contre Moderne continue de faire rage. Cette fois, ce sont des féministes qui couinent parce qu'elles commencent à trouver que les braillements des travelos (on dit “trans” désormais, je crois bien) ont de plus en tendance à couvrir les leurs, et qu'en outre ces fausses femmes ont une fâcheuse tendance, avec leurs maquillages de pute, leurs bas résille et leurs talons hauts, à réintroduire dans le circuit une image caricaturale des vraies femmes. Journal de blog de Didier Goux

      • Dimanche 18 Avril 2021 à 08:34

        L'intersectionnalité a l'intérêt de regrouper tout ce petit monde hors sol et un peu délirant dont les actions en devenant  caricaturales finissent par ruiner d'authentiques revendications.

      • Souris donc
        Dimanche 18 Avril 2021 à 09:33

        Ce petit monde hors sol. Des enfants gâtés, des bobos frivoles, repus, en sécurité.

        Dans les pays du tiers-monde en développement, les gens sont dans la survie, ne savent pas de quoi leur lendemain sera fait, sont sous la coupe de despotes.  S'ils font disparaître l’individu dans la tribu, c'est sous l'arbre à palabres.

      • Dimanche 18 Avril 2021 à 09:58

        Problèmes existentielles de personnes menacées ni par la faim ni par la guerre.

    2
    Dimanche 18 Avril 2021 à 10:18

    De plus en plus loin de la nature et donc de la réalité dans notre monde urbanisé, certains deviennent fous. Ceux qui les prennent au sérieux partagent leur démence.

      • Dimanche 18 Avril 2021 à 11:01

        On peut en effet voir les préoccupations actuelles de certains sous l'angle psychiatrique. Mais ces idéologies "racialistes" ne sont pas anodines, il s'agit en fait d'une confrontation euro-africaine voulue par une minorité active.

    3
    Dimanche 18 Avril 2021 à 17:00

    Pour ridicules et énervants qu'ils soient, je ne crois pas à la dangerosité de ces  mouvements. Ils se situent au même niveau de bêtise et d'insignifiance historique que les mouvements hippies (peace and love), pacifistes allemands des années 70 ("mieux vaut rouge que mort"), punk à chiens (no future) ou gothique sataniste. Ils sont peu nombreux, peu représentés dans la classe politique et leurs actions les plus violentes ont consisté jusqu'ici à débaptiser des rues et à déboulonner des statues.

    Certains les confondent à tort avec l'islamisme qui, lui avance masqué et rampant,  utilise la violence la plus aveugle et la victimisation la plus cynique, a de puissants soutiens internationaux et de nombreux  idiots utiles  dans les milieux artistiques et politiques. Et là où les autres n'ont de revendications QUE pour leur communauté, eux ont un projet pour l'humanité toute entière. 

      • Dimanche 18 Avril 2021 à 17:56

        Notamment aux USA, ces mouvements ont investi les universités et les médias (comme le NW Times) et ils sont en bonne place dans les universités françaises où les débats deviennent difficiles et des intellectuels exclus. De ces universités sortiront les futures élites. Je pense que la civilisation européenne mérite d'être défendue, car c'est elle qui est attaquée en commençant par son histoire. Nous assistons tout de même à un renversement des valeurs où des minorités veulent que la race (et le sexe) devienne l'élément primordial dans les rapports humains, alors que le mot devait disparaître de la Constitution. Quant à l'universalisme, il finit par être dépassé (comme la laïcité). La présence africaine en France est suffisamment importante pour ne pas négliger le phénomène.

        NB Amusant ce Crispin peintre du pape et des puces...

      • Souris donc
        Lundi 19 Avril 2021 à 08:20

        Les modes passent, après avoir pu faire du dégât (exclure aux prétextes les plus futiles Sylviane Agacinski de la médiocre université de Bordeaux-Montaigne, mais qui a nommé doctor honoris causa cette Américaine propagandiste du gender ).

        Le woke permet de défouler son agressivité en se donnant le beau rôle.

      • Lundi 19 Avril 2021 à 09:08

        C'est une mode destructrice car c'est un totalitarisme. 

    4
    Lundi 19 Avril 2021 à 11:38

    Même le... "président" de la République Française en est :

     

                          

     

     

     

      • Lundi 19 Avril 2021 à 12:07

        Une position incompréhensible et désastreuse. Le clientalisme électoral doit avoir des limites. Erreur de cible, effet boomerang. C'est encore pire si c'est une conviction. "Un président ne devrait pas dire ça". Il a beau s'aplatir devant l'Algérie, récemment un ministre islamiste algérien a déclaré que la France resterait "l'ennemie éternelle" de l'Algérie. 

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