• Vergès, bretteur malin et inutile

     

    Vergès, bretteur malin et inutile

     

    Les médias ont annoncé avec une certaine complaisance que l'avocat Vergès était décédé dans l'appartement parisien où s'était éteint Voltaire, faisant ainsi un lien subliminal entre les deux. Certes le grand l'écrivain s'était parfois conduit en avocat comme l'avocat se conduisit parfois en écrivain, mais le lien s'arrête là.

    Voltaire avait défendu des causes apparemment perdues alors que les présumés coupables étaient innocents. Défendre des innocents injustement accusés par l'appareil de l'Etat, c'est prendre le risque d'échouer. Echec durement ressenti lorsqu'on est persuadé de l'innocence du condamné.

    Vergès était un malin. Il ne prenait pas ce risque. Il s’est fait connaître en défendant des coupables évidents, déjà condamnés par l'histoire, et dont il était lui-même persuadé de la culpabilité : Klaus Barbie, Carlos, Georges Ibrahim Abdallah, Milosevic, le Khmer rouge Khieu Samphan...En déclarant, grand seigneur : « Quand un homme traqué frappe à ma porte, c'est toujours pour moi un roi dans le malheur ». Certes, ces individus, aussi pourris  soient-ils, avaient le droit d'être  défendus, mais quand un avocat s'en fait une spécialité, on peut avoir quelque doute.

    Vergès était un malin. Il n'avait aucune chance de gagner un de ces procès et donc aucune chance de subir le moindre reproche de l’avoir perdu. Mais il s’agissait de procès à grand spectacle fortement médiatisé, ce qui lui permettait de se mettre en valeur en développant habilement des paradoxes et en attaquant les institutions en bretteur malin mais inutile pour ses clients.

    Daumier : « Un motif parfait »

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 23 Août 2013 à 17:11

    Vergès s'était fait une spécialité de ces procès qui, pour certains des accusés politiques, se transformait en plaidoirie, non pas pour eux, mais pour leur cause qu'il justifiait contre ceux qui les jugeaient et par là-même en se transformant en accusateur.

    2
    Vendredi 23 Août 2013 à 17:54

    Je n'avais jamais pensé à cette vue des choses, mais elle est très juste : En fait sachant ses clients indéfendables, il ne courrait pas le risque qu'il lui soit reproché de les avoir laissé condamner : Et puis je suppose que les suppöt de saton faisant partie de sa clientèle n'était pas sans le sou.

    Et puis avoir suggérer un rapprochement avec Voltaire est une nouvelle grosse sottise journalistique !

    Nettoue

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    3
    Dr WO Profil de Dr WO
    Vendredi 23 Août 2013 à 17:54

    @ Pangloss. C'était une occasion d'attaquer les institutions, car ses clients n'étaient pas défendables. D'où le titre de mon article.

    4
    Dr WO Profil de Dr WO
    Vendredi 23 Août 2013 à 17:58

    @ Nettoue. En fait, ce n'était pas un avocat, mais un militant comédien (d'ailleurs il a joué une pièce, je crois)

    5
    ZAZA-RAMBETTE Profil de ZAZA-RAMBETTE
    Vendredi 23 Août 2013 à 19:44

    Un drôle de gars tout de même, voire un drôle de chat siamois...!!!

    Un aspect de sa vie qui m'a marquée...!!!

    A l'indépendance de l'Algérie, en 1962, il s'installe à Alger, prend la nationalité algérienne et devient le chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères. Il  rencontre également Mao Tsé-toung en mars 1963 et se rallie très rapidement aux thèses maoÎstes. Il est alors destitué de ses fonctions  en Algérie et doit rentrer à Paris.  En 1965, la destitution du président Ben Bella lui permet de rentrer en Algérie. Il restera avocat à  Alger jusqu'en 1970.

    Bonne soirée Doc. ZAZA

    6
    Dr WO Profil de Dr WO
    Vendredi 23 Août 2013 à 19:51

    Et de 70 à 78, on ne sait pas ce qu'il est devenu...

    7
    Samedi 24 Août 2013 à 17:52

    Il s'est spécialisé effectivement dans la plaidoirie de rupture pour comme le dit Pangloss défendre les causes de ses clients politiques. Mais je ne vois pas en quoi ce serait critiquable. On fait souvent le reproche aux avocats de défendre des coupables. J'ai eu l'occasion d'écouter certaines de ses interviews et il expliquait très bien ce qu'est le rôle de l'avocat pénaliste et le droit de chacun d'être défendu de la manière la plus appropriée.  il valait probablement mieux qu'un Collard médiatisé. Le seul reproche que j'ai eu à lui faire (pas directement bien sûr... hihihi) c'est sa façon de défendre Omar Haddad où je pense qu'il s'est planté en affirmant qu'il s'agissait du procès d'un maghrébin et là il a montré qu'en fait il ne connaissait pas bien le dossier, car il y avait à mon sens matière à éviter à son client les années passées en prison.

    S'agissant de sa vie privé, il a je crois vécu selon ses convictions et sa part de mystère a dû beaucoup l'amuser. 

    Bon week-end Dr WO

    8
    Dr WO Profil de Dr WO
    Samedi 24 Août 2013 à 18:13

    Je dis bien dans mon article que tout accusé, quel qu'il soit, a le droit d'être défendu. Mon ironie porte sur le fait qu'il ne défendait que des coupables évidents et qu'ainsi il a perdu tous ses procès sans que l'on puisse lui reprocher ses échecs. Il jouait sur du velours pour se donner en spectacle et défendre ses convictions, le client passant au second plan. A ma connaissance, il n'a guère tenté de démontrer l'innocence de personnes injustement accusées. C'était évidemmnt plus difficile. En tant qu'avocat, il a donc été inutile.

    9
    Samedi 31 Août 2013 à 14:01

    Inutile, oui ! Un peu comme un curé donnant l'extrême-onction à un mourrant. Bien que parfois le mourrant ne meurt pas.

     

    Inutile, oui ! Comme l'administration de soins palliatifs à une personne en fin de vie.

     

    C'est cette même inutilité qui définit le genre humain. Supprimer l"inutilité c'est entrer dans la mécanisation qui mène les peuples à l'uniformisation, par la force bien sûr.

     

    "Ceux qui aiment marcher en rangs sur une musique : ce ne peut être que par erreur qu'ils ont reçu un cerveau, une moelle épinière leur suffirait amplement."

    Albert Einstein

    10
    Samedi 31 Août 2013 à 15:41

    La plaidoierie comme oraison funèbre. Il y a une différence entre l'inutilité d'un acte fait pour être utile et une inutilité dont l'essence est d'être sans utilité pratique comme l'art.

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