• Une soirée à l’Opéra

    Une soirée à l’Opéra

    Cette photo montre les employés de l’Opéra Garnier étaler avec soin de la terre sur la scène transformée en terrain de tennis en terre battue. Ils préparent le champ pour le corps de ballet qui déroulera devant nous dans quelques instants le ballet le plus magnifique qui soit, dans la chorégraphie indépassable de Pina Bausch, sur la musique frappante d’Igor Stravinsky, superbement jouée par l’orchestre de l’Opéra : « Le sacre du printemps ». Un des plus beaux spectacles que j’ai eu l’occasion de voir dans ma vie.

    Les deux autres ballets qui l’ont précédé dans cette soirée du 3 novembre 2017 n’ont pas gâché la fête : « Agon », toujours sur une musique de Stravinsky mais écrite 44 ans après le Sacre (et plus difficile) sur une chorégraphie de Georges Balanchine, et « Grand miroir » dans une chorégraphie de Saburô Teshigawara où les danseurs utilisèrent plus leurs bras, mais de façon étonnante, que leurs jambes.

    Une soirée à l’OpéraDeux entractes nous ont permis de retrouver le décor surchargé de l’Opéra Garnier, mais on est bien obligé de finir par s’extasier devant une telle débauche ornementale. Surtout cela nous a permis de prendre des risques avec notre colonne cervicale pour admirer le plafond peint par Chagall en suivant les motifs de sa ronde joyeuse et colorée qui éclaire toute la salle un peu sombre et figée dans le temps.

    Le nouveau plafond de l’Opéra Garnier fut inauguré le 23 septembre 1964, réalisé en un an par un homme de 77 ans mais avec l’aide de trois peintres assistants.[1]

    L’œuvre de Chagall fit couler plus d’encre que de peinture et souleva à l’époque une belle polémique. On s’éleva devant l’introduction dans un lieu chargé d’histoire de l’œuvre d’un peintre étranger (pour ne pas dire Juif), dont la peinture apparaissait très éloignée de la culture française. On estima que changer le plafond de Jules Lenepveu était un sacrilège. Le plafond d’origine avait été réalisé par ce dernier en 1872 et intitulé "Les muses et les heures du jour et de la nuit". En fait l’œuvre de Lenepveu ne fut pas déposée, mais simplement masquée. D’autres reprochèrent à Chagall, choisi par Malraux, de s’être enrichi sur le dos des contribuables français. Calomnie, car il se trouve que pour ce plafond, le peintre ne toucha aucun salaire alors que l’entreprise  s'avéra complexe. Chagall avait à couvrir pas moins de 220 m2 de surface totale et il fit grâce à 24 panneaux de résine de polyester démontables pour respecter la fresque précédente.

    Une soirée à l’Opéra

    Celle de Chagall rend hommage à quatorze compositeurs et à leurs œuvres

     « Chagall fait le choix de la modernité en évoquant compositeurs et ouvrages présentés à l’Opéra de Paris. Il organise l’espace du plafond en cinq compartiments, chacun porté par une tonalité différente. Ainsi accorde-t-il au bleu Moussorgski et Boris Goudounov, Mozart et La Flûte enchantée ; au vert Wagner et Tristan et Isolde, Berlioz et Roméo et Juliette ; au blanc, Rameau associé au Palais Garnier et Debussy à Pelléas et Mélisande ; le rouge correspond à Ravel et à Stravinski dont Chagall avait réalisé les décors et les costumes de Daphnis et Chloé  et de L’Oiseau de feu Enfin, le jaune fait référence à Tchaikovski et Alfred Adam et aux ballets Le Lac des Cygnes et Giselle. En une ronde joyeuse se mêlent les figures tendres des couples légendaires, des personnages ailés, des toits de Vitebsk et des monuments parisiens.» ( Sylvie Forestier, France Archives).

    Une belle soirée.

     

    [1] Roland Bierge, Jules Paschal et Paul Versteeg. 

     

    « RécréationA propos d'un membre de la confrérie »

  • Commentaires

    1
    Lundi 6 Novembre 2017 à 13:46

    Je me souviens de cette polémique, pour ou contre le plafond Chagall, je le trouve très réussi et les couleurs gaies éclairent effectivement cette magnifique salle ! Je suis ravie de le revoir chez  vous !

      • Lundi 6 Novembre 2017 à 13:58

        Et contrairement à ce que l'on aurait pu penser, il s'intègre parfaitement à la salle.

      • Souris donc
        Lundi 6 Novembre 2017 à 21:46

        Après le plafond, la guerre des loges

    2
    Souris donc
    Lundi 6 Novembre 2017 à 21:59

    Si vous voulez rigoler, j'ai commis un papier sur Stéphane Lissner, le directeur ignare de l'Opéra.

      • Souris donc
        Lundi 6 Novembre 2017 à 22:28

        La Wally. Popularisée par J-J Beineix (Diva). LE tube. Lissner ne reconnaît pas.

      • Lundi 6 Novembre 2017 à 22:48

        J'avais lu votre article lors de sa parution et avec beaucoup d'amusement.

      • Lundi 6 Novembre 2017 à 22:57

        Cela m'a permis de réécouter le chant. J'ai bien aimé le film de Beineix (avec Richard Bohringer )

    3
    Mercredi 8 Novembre 2017 à 11:26

    J'aime Chagall. Un peu moins le ballet. Si j'habitais Paris, je n'irais à l'opéra Garnier que pour le plafond.

    4
    Mercredi 8 Novembre 2017 à 13:05

    Mais avez-vous vu le "Sacre du printemps" de Pina Bausch ?

      • Mercredi 8 Novembre 2017 à 13:22

        Je me contente de la musique de Stravinsky.

      • Mercredi 8 Novembre 2017 à 13:32

        C'est une musique de ballet et associée à la danse avec la chorégraphie de Pina Bausch, c'est sacrément beau.

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    5
    Jeudi 9 Novembre 2017 à 16:31

    Il y a des jours où je ne suis pas loin de vous détester ! En toute amitié, bien sûr ! smile

      • Jeudi 9 Novembre 2017 à 17:17

        Logique. yes

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :