• Une énigme picturale

     

    La Renaissance en Europe fut à l'origine d'une explosion de chefs d'oeuvre artistiques et d'une floraison de grands peintres. Le christianisme étant à l'époque une source d'inspiration à l'origine de tableaux magnifiques.

    Un des sujets préférés des peintres de la Renaissance fut Marie tenant l'enfant Jésus dans ses bras.

    J'ai toujours été frappé par le fait que ces peintres capables de faire des portraits admirables d'adultes ont été le plus souvent incapables de représenter un enfant en bas âge. La plupart des Jésus tenus par la Vierge sont d'une laideur affligeante. Pour moi c'est un mystère. 

    Voici quelques tableaux parmi bien d'autres qui viennent à l'appui de cette énigmatique carence.

    Quelques tableaux de l'Allemand Albrecht Dürer :

    1498

    Madonne à la poire 1512

    1516

    1526

    Le Flamand Hans Memling n'est pas mal non plus :

    Les Italiens ne sont pas en reste, mais je ne montre qu'un seul tableau par égard pour Masaccio,  Bellini, Lippi Filippo, Botticelli et même Léonard de Vinci qui font partie de ma collection des "enfants Jésus massacrés".

     Mantegna Andréa 1465 - 70

     

    « VerdunHumour »

  • Commentaires

    1
    Souris donc
    Lundi 30 Mai 2016 à 19:41
    Les bébés étaient emmaillotés serrés : http://img.wikinut.com/img/1iqr1pg-m_1dkzzo/jpeg/724x5000/Swaddled-Baby.jpeg Les peintres ne les voyaient pas, les "modèles" ne posaient pas, ils étaient peints comme on les imaginait : des adultes miniatures. Les proportions de la tête sont trop petites, la tête d'un bébé est normalement plus grosse par rapport à son corps. J'imagine qu'il en va de même pour les traits du visage : on représente ce que l'on sait et pas ce que l'on voit. Un reliquat de la peinture médiévale où l'on ne connaissait pas la perspective, les paysages étagés à la place de la profondeur du champ ?
      • Lundi 30 Mai 2016 à 19:59

        L'enfant dont vous me donnez la référence est beau. Ce qui laisse penser qu'il était possible de rendre les enfants Jésus moins laids. Votre explication se tient. Pourtant je reste étonné que les nourrissons n'existaient à l'époque que dans l'imagination des hommes et que les peintres voulant représenter un personnage aussi important que Jésus n'aient pas eu la curiosité d'aller voir. Il est vrai que la représentation habituelle est celle d'un petit adulte grave, pensif et hydrocéphale peut-être par volonté délibérée car il s'agit tout de même de Dieu.

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    2
    Lundi 30 Mai 2016 à 20:52

    Je pense que cela ne devait pas être facile de peindre les tout petit et que le peintre le faisait à la couleur de son esprit, donc sans modèle, les enfants sont vraiment très laids, J2sus plus grand est très mignon parfois, les enfants devaient poser...

      • Lundi 30 Mai 2016 à 22:50

        Il me parait étonnant que les peintres de l'époque n'aient jamais vu le visage d'un nourrisson. Aujourd'hui n'importe quel artiste pourrait peindre ou dessiner de mémoire un visage de nourrisson sans avoir besoin d'une pose. Je reste perplexe.

      • Souris donc
        Mardi 31 Mai 2016 à 07:13

        Le bébé était l'affaire des femmes, voire des nourrices à la campagne. Les hommes ne s'abaissaient pas à pouponner comme ils le font maintenant. A quoi bon s'intéresser à un petit qui avait toutes les chances de "mourir en bas âge" ? On en avait une quinzaine, dont au moins la moitié n'atteignait pas l'âge adulte.

        Il est donc plausible qu'un peintre n'ait qu'une idée approximative de la morphologie d'un bébé.

      • Mardi 31 Mai 2016 à 09:01

        Ce tableau est du peintre flamand Adriaen Brouwer et date du début du XVIIe.

        Il s'intitule : "Devoirs désagréables d'un père". Probablement que les nobles négligeaient leurs enfants en les confiant jusqu'à un âge avancé à des nourrices et domestiques, mais ce n'était pas le  cas des gens du peuple qui étaient bien obligés de s'en occuper directement. La plupart des peintres n'étaient pas issus de la noblesse.

    3
    Mardi 31 Mai 2016 à 11:04

    Il avait peut-être dans la tête de ces génies les prémices du culte de la laideur qui aboutira plus tard à l'art contemporain happy

    PS : Un peu dans le même esprit, le néophyte que je suis est toujours étonné par l'énorme écart qui existe souvent, depuis l'antiquité, entre la perfection des sculptures et les représentations picturales d'une même période.

    Comme s'il était plus facile de reproduire le corps humain en 3D qu'en 2D

      • Mardi 31 Mai 2016 à 11:22

        yes Fine remarque. Donner l'illusion sur un plan du relief (et il a fallu longtemps pour inventer la perspective) est plus difficile que de sculpter la matière qui fournit d'emblée les trois dimensions.

    4
    Mardi 31 Mai 2016 à 13:01

    A titre tout à fait accessoire, il n'est pas inintéressant de noter que, sur tous les tableaux présentés, Jésus et sa très sainte mère sont blonds (ou au moins châtains très clair), ce qui devait être assez rare dans la Palestine d'il y a 2000 ans. happy

    http://ocarlus.eklablog.net/delires-de-facies-a114901852

     

      • Mardi 31 Mai 2016 à 13:49

        J'ai relu avec plaisir votre texte. Tous les tableaux représentant les acteurs des Evangiles pêchent par anachronisme et par une transformation européenne du Moyen Orient. Sur les tableaux représentés, la Vierge est plutôt rousse, mais  n'étant pas vierge non plus, cette petite distorsion probable de la réalité capillaire parait à côté bien secondaire

    5
    Souris donc
    Mardi 31 Mai 2016 à 17:10

    Merci pour le tableau flamand du père qui torche son petit. Je retire donc mon interprétation sociologique.

    Dernière hypothèse : les peintres appliquent à l'enfant Jésus les proportions de l'homme de Vitruve ? Une sorte de dogme, finalement. Pictural, mais dogme quand même, on reste dans la croyance.

      • Mardi 31 Mai 2016 à 17:36

        Pour les proportions du corps ce n'est pas impossible, à condition que tous ces peintres aient connu les travaux de Léonard dont ils étaient plus ou moins contemporains, mais ce qui me frappe davantage c'est la laideur des visages enfantins plus que les proportions de l'adulte appliquées à un nourrisson. Mises à part certaines têtes manifestement hydrocéphaliques.

    6
    Mardi 31 Mai 2016 à 17:14

    Sans généraliser, les peintres ne "voyaient" pas les enfants. A rapprocher des animaux familiers (chiens et chats) représentés sur de nombreux tableaux de l'époque. Par opposition aux chevaux.

      • Mardi 31 Mai 2016 à 17:38

        Possible. Je m'étonne cependant que des peintres qui peignaient à la perfection n'aient pas été voir avant de peindre le sujet.

      • Samedi 4 Juin 2016 à 11:01

        Quand Pangloss dit que les peintres ne voyaient pas les enfants, il prend la précaution d'y mettre des guillemets, pour dire qu'ils ne voyaient pas les enfants <i>en tant qu'enfants</i>, c'est-à-dire comme une catégorie à part des adultes. Ce n'est d'ailleurs nullement particulier aux peintres : l'ensemble des hommes de ces époques considéraient les enfants comme des humains en formation, donc imparfaits, inachevés, etc., ce qui peut expliquer leur laideur (à nos yeux modernes). Car il est évidemment absurde de penser que ces artistes admirables auraient tous été frappés d'incapacités dès lors qu'il se serait agi de peindre un enfant.

      • Samedi 4 Juin 2016 à 11:05

        Pour la peine, je vous intègre dans ma blogoliste : ça vous apprendra à écrire des billets intéressants…

         

        (Et merde ! je n'ai pas vu qu'il n'y avait pas besoin, ici, de balises pour faire de l'italique !)

      • Samedi 4 Juin 2016 à 12:22

        C'est vrai qu'à l'époque l'enfant n'était pas considéré tout fait comme une personne, et c'était préférable en raison de la très grande mortalité infantile. Toutefois c'est une interprétation "idéologique" de la peinture : puisque ce n'est pas une personne, je peux la représenter sans égard pour la réalité. Reste que l'enfant Jésus était plus qu'une personne car considéré comme Dieu dès sa naissance. Certes, Dieu peut être irréel, mais doit-il être laid ? A moins que l'anormalité physique soit un signe de divinité.

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