• Todd dans le métro

    Lorsqu’on termine la lecture d’un essai, on se pose la question de savoir ce qu’il est bon d’en retenir. Pour Alain Minc c’est simple : il n’y a en général qu’une seule idée qui pourrait être développée sur une seule page et dont les variations occupent un livre entier (ce qui, comme en musique, nécessite du talent).

    Je viens de terminer « Après la démocratie » d’Emmanuel Todd. Le titre ne correspond qu’aux dernières pages du livre et tout en appréciant les données démographiques exposées, je n’ai pas compris ce qu’elles veulent prouver et de quelle façon elles expliqueraient la situation actuelle : l’élection d’un président de la République inculte et vulgaire (selon l’auteur), les effets néfastes de la globalisation économique, et la nécessité pour lui d’un protectionnisme européen (dont les modalités et les conséquences sont à peine ébauchées)

    Hier dans le métro parisien un homme a dit à peu près la même chose. Il est monté à la station « Invalides » et devant des têtes multicolores allant du blanc scandinave au noir africain en passant par toutes les nuances du rose et du brun, presque toutes avec des cordons dans les oreilles, il a commencé à parler d’une voix forte pour couvrir le bruit de la rame, passer le barrage des bouchons auriculaires et s’immiscer dans les magmas musicaux individuels. Et que disait cet homme de la cinquantaine ? Qu’il était au chômage et qu’il aimerait bien qu’on lui donne un ticket-restaurant ou une pièce pour pouvoir manger, dormir au chaud et se tenir propre. Après avoir traversé la longueur du wagon en vain et sans tirer sur les cordons, il a conclu avant de partir qu’il en était là par la faute de l’économie mondialisée, bon prétexte pour licencier des gens comme lui.

    Cet homme m’a paru plus convaincant  qu’Emmanuel Todd, avec tout le respect que je dois à ce dernier.    

    « PORTRAITS XXDétente »

  • Commentaires

    1
    Vendredi 6 Mars 2009 à 19:08
    On s'instruit beaucoup dans le métro ! Je ne lirai donc pas E. Todd et même s'il faut bien du talent pour composer des variations (littéraires), je les trouve souvent fort ennuyeuses.
    2
    Vendredi 6 Mars 2009 à 19:19

    C'est dans le métro que l'on trouve un concentré d'humanité...Et d'inhumanité.
    Dr WO

    3
    Vendredi 6 Mars 2009 à 19:38
    Je n'ai pas lu le livre mais j'ai entendu son auteur en parler à la radio pendant une heure. L'approche démographique m'est apparue pertinente. Il était opposé à un contradicteur qui privilégiait l'approche économique (hélas, c'était il y a quelque temps et ses arguments sont aujourd'hui dépassés car les chiffres sur lesquels il se fondait étaient, malgré la crise qui se profilait, "optimistes"). Certains des développements d'E.T. n'étaient pas absurdes, certains, en revanche, étaient discutables. C'est tout ce dont je me souviens. Bon métro!
    4
    Vendredi 6 Mars 2009 à 19:51
    Les données démographiques dans le livre sont en effet intéressantes, mais il y a un hiatus entre elles et les conclusions qu'il en tire.
    Dr WO
    5
    Samedi 7 Mars 2009 à 10:07
    Comme dans la magistrature, le métro a ses voyageurs assis et ses voyageurs debout et quand le wagon se vide, les sièges se remplissent.
    Dr WO
    6
    MARIE-HELENE
    Lundi 7 Janvier 2013 à 16:32
    A condition d'etre assise,j'aime bien le métro contrairement à beaucoup de mes semblables.j'aime observer les passagers et si je me lasse du spectacle il me suffit d'ouvrir un journal ou mon livre en cours: une liberté dont je ne dispose pas dans un salle de spectacle!
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