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Road movie
« Une mère a perdu vendredi son enfant en le mettant au monde dans sa voiture sur l'autoroute A-20 alors qu'elle faisait route vers une maternité de Brive, faute de maternité dans le nord du département du Lot où elle réside. Les pompiers ont constaté la mort du nouveau né peu après 12h00.
La jeune femme, accompagnée de son compagnon, avait pris la direction de Brive, soit un trajet d'un peu plus d'une heure, sur les conseils de son gynécologue qu'elle avait consulté peu avant à Figeac (nord-est du Lot). »
La maternité de Figeac avait été fermée en 2009 après celle de Gourdon, si bien que le département du Lot (170.000 habitants) ne compte qu'une maternité à Cahors, et ce qui devait arriver, arriva.
Les deux-tiers des maternités ont fermé depuis 20 ans selon une véritable idéologie du regroupement qui parait aux yeux des autorités comme LA solution (et ceci pour toute les activités hospitalières, notamment celles qui revêtent un caractère d’urgence). Certes, la concentration des moyens est source d’économie (ce qui n’est pas certain pour les maternités) et d’efficacité une fois arrivé à bon port, mais elle n’est pas sans inconvénients.
- La fermeture des petits hôpitaux, alors qu’ils donnent toute satisfaction, contribue à faire fuir d’une région le personnel de santé.
- En raison de la distance à parcourir et de l’accès parfois difficile, l’essentiel est de ne pas mourir en chemin car il serait dommage de ne pas bénéficier des qualités d’un grand centre. Et ne ce n’est pas l'engagement verbale de François Hollande de ne laisser «aucun Français à plus de 30 minutes de soins d'urgence» qui y changera grand-chose.
- Si l’on ferme les petites maternités, on risque de surcharger les grandes. Pour les autorités sanitaires c’est un problème de vases communicants : calculer l’activité minimale pour que le nombre de complications provoquées par le maintien des petites soit au plus égal au nombre de complications, y compris nosocomiales, dues à la surcharge ainsi provoquée dans les grandes, sans augmenter le nombre de sages-femmes, médecins accoucheurs et infirmières.
Peut-être que le drame qui ouvre ce billet aurait pu être évité si nous avions suivi le conseil de H. Melville (dans Moby Dick) : « L’art de l’accouchement devrait être enseigné en même temps que ceux de l’escrime, de la boxe, de l’équitation et de la rame ». En même temps que le maniement d’un jeu vidéo serait plus adapté à notre époque, le jeu lui-même pouvant être un support éducatif.
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Commentaires
Cette nouvelle m'a bouleversé, la maman devrait porter plainte auprès du gouvernement pour non assistance, pour décision stupide ayant provoqué la mort, pour incompétence, gaspillage de l'argent public, mais rien ne ramènera ce pauvre enfant ni ne soulagera la peine des parents !
NettoueLa politique hospitalière a été trop marquée par un esprit de système à appliquer partout et n'importe comment.
J'ai zappé exprès cette possibilité, tellement je suis fâchée avec les choses de maintenant !
Bon dimanche PaulJ'ai entendu l'info en éprouvant un certain effroi. C'est sûr, ce bébé aurait pu aussi mourir dans une maternité, n'empêche que le doute subsistera à jamais quant à cette politique de regroupement des centreS hospitaliers, des fermetures de maternités et de petits hôpitaux de ville.Si seulement ce fait divers pouvait faire réfléchir notre gouvernement. Bonne soirée Doc. ZAZAIl faut, en effet, espérer que l'on se rende compte qu'un esprit de système sans aucun pragmatisme est nocif.
Quand on a neuf mois pour accoucher, on a le temps de faire cent cinquante kilomètres; même à pieds (la marche, est un excellent exercice pour les futures mamans).
Dans le même ordre d'idées, compte tenu de l'espérance de vie, on se demande comment il y a encore des gens qui arrivent à ne pas mourir à la porte d'un cimetière.Moi aussi, j'ai éprouvé de la compassion pour ces parents victimes du malheur.
Mais la question qu'il faut malheureusement se poser est : UN seul mort est-il significatif d'un problème général ? n'y a-t'il eu aucune autre cause à ce décès que le retard mis à arriver à l'hôpital ?Il semble qu'il y ait eu d'autres accouchements acrobatiques, dont un dans un parking. Il s'agissait peut-être d'un prématuré necessitant la mise en couveuse immédiate.
Vous avez bien raison de vous insurger, Doc. Je crois que je ferai aussi un billet. Personne ne bouge. Ras le bol de ce laisser mourir avec la conscience tranquille !La question ne se pose même plus, nous n'avons plus un sou et donc plus la possibilité de garder la maternité de Trifouilly les Oies. Ce type d'accident est d'ailleurs rarissime au regard du risque qu'on prendrait à laisser les femmes accoucher dans des hôpitaux insuffisamment équipés et dotés d'un personnel mal préparé.
Le reste n'est que démagogie.
Amitiés.Il ne faut pas confondre l'obstétrique avec la chirurgie cardiaque. La grande majorité des accouchements se passe sans incident et ne nécessite qu'une sage-femme à condition d'arriver à temps. Tout obstétricien est capable de faire une césarienne si nécessaire à condition qu'il soit là. Le matériel nécessaire n'est pas particulièrement sophistiqué et une simple couveuse peut sauver un prématuré à condition de pouvoir y accéder à temps. Il n'y a aucune démagogie, la suppression excessive des maternités est une erreur et la cour des comptes a montré qu'elle n'était même pas valable sur le plan économique.
L'accouchement est une urgence et il est invraisemblable qu'il soit nécessaire de parcourir plus d'une heure en voiture pour pouvoir accoucher dans de bonnes conditions.
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Bien qu'habitant à Paris à l'époque ma hantise était d'accoucher de mon troisième enfant à la maison mais j'avais réuni tous les documents explicatifs des premiers gestes et précautions à prendre.. il est vrai que l'on ne nous apprend pas à mettre au monde... mais en même temps on supprime les maternités de proximité.. que de leçons à tirer de cette ineptie.