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Réponse à Ronsard
Dans l’article précédent, j’ai mis en ligne un poème de Ronsard où il engageait une belle à l’aimer avant que sa beauté s’en aille et que la mort vienne.
Les Chinois répondent à leur façon au poète des princes et au prince des poètes en montrant que la mort peut réunir un couple et non le séparer. En effet, si un membre d’une famille chinoise meurt prématurément en restant célibataire, une tradition vieille de 3000 ans, surtout répandue dans le nord de la Chine, engage à lui chercher un conjoint aussi mort que lui avec lequel il pourra être enterré tout en convolant en des noces post-mortem, donnant l’occasion d’une double cérémonie : le mariage de fantômes. Les fantômes n’étant plus solitaires, la famille peut renouer avec la bonne fortune. Encore faut-il trouver un conjoint adéquat dont le prix peut être élevé pour des paysans modestes. Une jeune fille morte qui n’avait jamais rencontré son « époux » a été achetée pour l’équivalent de 4200 euros, mais des pilleurs de tombes ont rapidement profané sa sépulture et son corps revendu pour un autre mariage de fantômes dans une autre province. Cependant, cette triste histoire se termine bien car le corps dérobé a été retrouvé et rendu à son « époux » légitime. Le prix des dépouilles féminines fraiches ne cessent de grimper, suscitant des vocations de pilleurs de tombes organisés en réseaux dans le commerce lucratif de cadavres. Ce qui nous entraîne bien loin de la poésie. [The Economist, Londres]
Zao Wou-ki : « Nu debout »
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Commentaires
La civilisation chinoise n'a pas été imprégnée par le judéo-christianisme et s'est développée selon des normes propres (si j'ose dire).
J'ai hésité à mettre à nouveau ma bobine sur le blog. Ce n'est pas la même photo, mais c'est le même bonhomme (du moins je l'espère).
Etranges moeurs effectivement qui comme d'habitude mènent au pillage.. mais bon le pillage est de tout temps et de tout continent.. Là où le profit existe tout est possible.. l'argent rend fou.. peut-être faudrait-il réfléchir à la possibilité de ne plus avoir besoin d'argent.. je sais c'est totalement utopique mais ça me plairait bien.
Mais Ronsard avait bien raison.. faut en profiter avant que d'être mort.
Bonne journée Dr WOLoin de la poésie? pas si sûr, Doc ! Cadavre, poésie et amour font bon ménage. Baudelaire, en son temps, disait déjà à sa belle :
Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !Baudelaire va plus loin que Ronsard. Ce sont les pilleurs de tombes qui me paraissent loin de la poésie.
Ronsard et Baudelaire c'est quand même autre chose que les chinetoques. Quelle bande de tordus, ces gens-là!La connerie et la barbarie comme la civilisation chinoise remontent à la plus haute antiquité.C'est un double socle sur lequel est assise l'humanité et dont il faut admirer la constance.
Que voulez vous dire après un commentaire aussi pertinent que celui de Pangloss ? Peut-être juste que ce "double socle" est désespérant...
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Nettoue