• Réflexions d’ancien combattant

    Réflexions d’ancien combattantQuand on prend de l’âge ou plutôt quand l’âge vous prend, se retourner donne un peu le vertige tant le monde a changé. Je ne parle même pas des progrès scientifiques, ne serait-ce que dans le domaine médical où j’ai été, comme clinicien, plus témoin qu’acteur. Cette pandémie a bien mis en évidence le basculement de la puissance vers l’Orient où la Chine était jadis connue pour ses famines dévastatrices et qui est maintenant à la pointe du progrès comme le sont également ses voisins. Les USA délaissent logiquement leur façade européenne pour se tourner vers l’Asie d’où vient le danger. L’informatisation fait progressivement disparaître le papier et le monde humain est devenu encore davantage dépendant de l’électricité au risque de s’écrouler si ses sources sont interrompues. Internet, son rejeton mondialisé, diffuse instantanément l’information mais a aussi installé une foule connectée, vigilante et vociférant, sans visage, plus haineuse que compatissante, et prête au lynchage. Des réseaux dits sociaux constitués de millions d’yeux regardant par le trou de la serrure et qui finissent par transformer notre façon d’être, de dire et même de penser quand chacun peut regarder chacun et montrer au monde entier ce qu'il voit. Il n’est pas étonnant que l’individu ait changé, notamment dans le monde occidental devenu coupable malgré son gigantesque apport à la civilisation humaine. Par un curieux renversement des valeurs, l’individu se veut plus vaincu que vainqueur et cherche à retrouver ceux qui ont subi la même défaite pour exprimer son ressentiment. Sylvain Tesson dans une interview l’exprime à sa manière : « Aujourd’hui, la définition de l’héroïsme, telle que la psyché collective et culturelle veut le définir, est celle de l’homme qui souffre. Syndrome traumatique, résilience, psychogénéalogie avec transmission des malheurs : on est passé, pour chanter l’héroïsme, de « Dites-moi vos gloires » (option homérique) à « Dites-moi vos douleurs » (option psycho-émotionnelle). Tout héros est la figure chargée par sa société de célébrer les vertus de son époque. Le héros de 1900 est l’anti-Allemand, le héros du Moyen Âge est le chevalier errant, le héros ulyssien, celui qui s’en prend aux Troyens. Il y a une définition sociétale du héros public, incarnant le moment. Aujourd’hui, on ne dit plus à un enfant : « Quel rêve poursuis-tu, mon petit chéri ? », mais : « De qui te penses-tu la victime ? ». J’ai vécu la plus grande partie de ma vie débarrassée des religions reléguées dans le privé, seules leurs œuvres étaient publiques et visitées. Aujourd’hui nous sommes physiquement menacés par l’islamisme, enfant monstrueux né de l’islam mais dont la génétique prédisposait à cette naissance puisque de nature totalitaire car le quitter est passible de mort, misogyne car la femme vaut la moitié d’un homme, et violente car un simple dessin expose à être assassiné. Qui mieux que Pierre-André Taguieff (Le Point 2/11/2020) peut exprimer cette menace : « En posant que « l'islam est la solution », quel que soit le problème, les islamistes fonctionnent comme des esprits totalitaires. Cet islamisme fabriqué par les Frères musulmans n'est pas seulement d'orientation totalitaire, il est d'essence impérialiste. C'est ce que les Occidentaux, défenseurs des droits de l'homme et de l'État de droit, ont toujours beaucoup de mal à comprendre. Ils n'imaginent pas avoir des ennemis qu'ils n'ont pas eux-mêmes désignés comme tels. Ils ne veulent pas reconnaître que les islamistes leur ont déclaré la guerre, une guerre non conventionnelle, allant de l'endoctrinement au terrorisme djihadiste. La lutte contre l'Occident judéo-chrétien et athée est pour les islamistes une guerre des cultures ou des civilisations, comme le reconnaissait en septembre 1994 un dirigeant des Frères musulmans : « C'est un combat de cultures, pas une lutte entre les pays puissants et les pays démunis. Nous avons la certitude que la culture islamique triomphera. ». Dans les démocraties occidentales, le chantage à l'« islamophobie » continue de faire des ravages. Il intimide, aveugle et endort. Les Occidentaux pétrifiés par ce mélange d'angélisme et de culpabilité qui les caractérise ne reconnaissent leurs ennemis véritables qu'à reculons, et au bord du précipice. » Mais enfant du XXe siècle qui a connu les pires désastres, il est difficile de dire que c’était mieux avant ; disons que c’était différent, et que nos menaces ont changé.

    « Un homme très prudent1 km / heure »

  • Commentaires

    1
    Jeudi 12 Novembre 2020 à 12:50

    Et pourtant ces gens-là sont des ennemis de l'Occident, qui avec leurs foutus droits de l'homme se meurt !

      • Jeudi 12 Novembre 2020 à 12:59

        Mais le postulant est le suivant : si nous agissons comme ils agissent, nous perdrons notre âme. Mais la question qui se pose est : vaut-il mieux perdre la guerre que notre âme ?

      • Jeudi 12 Novembre 2020 à 17:36

        Pour paraphraser (de loin...) Churchill, je dirais que si nous nous ne menons pas ou si nous perdons la guerre nous perdrons notre âme, mais si nous envisageons d'éventuellement perdre notre âme nous ne gagnerons pas la guerre pour autant...

        Il n'y a pas que les Frères Musulmans pour souhaiter "la victoire de la culture (intello) islamique"...

      • Jeudi 12 Novembre 2020 à 18:38

        L'équation n'est pas simple car il faut sans doute perdre (un peu ?) notre âme pour gagner la guerre (à la grande satisfaction des islamistes qui veulent une guerre de religion), mais perdre la guerre serait bien plus terrible, et comme dirait l'autre, la femme ne serait plus l'avenir de l'homme qui n'en aurait plus aucun. Les sociétés où le droit prime sont sur une ligne de crète mais j'espère qu'elles trouveront  le chemin, car un cerveau peut se laver dans les deux sens.

    2
    Brindamour
    Jeudi 12 Novembre 2020 à 13:07

    Eddy Plenel n’est pas d’accord avec vous. C’est un grand journaliste, admiré dans toutes les écoles de journalisme.
    Et je préfère lire Mediapart, Libération, Le Monde, Télérama et écouter France Inter et regarder Arte. C’est beaucoup moins anxiogène et ça me rassure.

      • Jeudi 12 Novembre 2020 à 13:12

        Je suis heureux de ne pas être d'accord avec Elwy Plenel.

    3
    Jeudi 12 Novembre 2020 à 17:18

    J'aime beaucoup la formule ''Ils n'imaginent pas avoir des ennemis qu'ils n'ont pas eux-mêmes désignés comme tels".  Ca rejoint et complète une vérité trop ignorée de nos contemporains qui est que : s'il faut être  DEUX pour faire la paix,  UN seul suffit pour faire la guerre.

    Par ailleurs quand certains sondages montrent qu'il y a chez les jeunes Français NON-musulmans beaucoup de tolérance envers les crimes islamistes, ça me rappelle ce mot d'ordre d'une partie de la jeunesse allemande il y a quelques décennies : PLUTOT ROUGE QUE MORT. 

     

    Après l'aveuglement, la lâcheté, c'est peut-être ce qui nous attend

      • Jeudi 12 Novembre 2020 à 17:30

        Un "Munich" de la pensée.

    4
    Jeudi 12 Novembre 2020 à 19:26

    Quand nous aurons perdu une guerre que nous ne voulons pas faire, y aura-t-il des collaborateurs? Des résistants? Qualifieront-nous ces derniers, comme lors du dernier conflit, de terroristes?

      • Jeudi 12 Novembre 2020 à 19:41

        Ceux qui seront nommés ainsi dépendront comme d'habitude de ceux qui seront vainqueurs. Et ne soyons pas fatalistes, c'est déjà perdre le combat.

    5
    Souris donc
    Vendredi 13 Novembre 2020 à 07:54

    On approche de la trêve de Noël, dite "trêve des confiseurs". Lesquels se plaignent de leur fermeture en tant que commerce non-essentiel alors qu'ils sont de première nécessité, autant que les marchands de sapins, victimes du confinement ET du totalitarisme Vert.

    C'était mieux avant tous ces bobos bio-équitables frivoles (trouver le moyen de s'en prendre au sapin de Noël !)

      • Vendredi 13 Novembre 2020 à 08:29

        C'est curieux dans mon retour en arrière j'ai omis l'écologie, cet autre totalitarisme du quotidien. Une omission de taille (de sapin) que vous faites bien de me rappeler. Un sujet sur lequel j'avais pourtant fait jadis un billet : "faut-il avoir peur de l'écologie ?"

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