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Par une fenêtre du métro j’ai aperçu hier, à une station, une énorme affiche publicitaire proposant aux voyageurs masqués, les yeux fixés sur leur smartphone ou les doigts virevoltant dessus, de commodes consultations de psychologie en téléchargeant une application leur permettant d’y accéder dans les 24 heures pour le modique somme de 34 euros, si je me souviens bien. Le soutien psychologique vendu comme des savonnettes, une extension du type « amazonique » dans le domaine de la pensée et des émotions. Une désacralisation du colloque singulier entre humains en y introduisant la technologie qui annule les distances où elle s’invite dans l’entretien secret pour l'inclure dans ce monde virtuel habité de milliards d’intervenants, et bruissant de milliards de discours, tous exposés à ceux qui veulent et qui savent les écouter. Pourtant, à la réflexion, si l’on passe sur le côté mercantile de l’offre et sur son côté tapageur, dans le domaine de la psychologie ou de la psychiatrie, diagnostic et traitement sont essentiellement liés à la parole échangée, à laquelle il faut ajouter l’expression du visage et des attitudes de son vis-à-vis que la consultation à distance permet aujourd’hui. Alors, soyons moderne et cette proposition mercantile, si elle manque de noblesse, peut s’avérer utile pour ceux qui ont besoin de ce soutien psychologique très accessible, en espérant qu’il s’agit bien de psychologues et que ce ne sont pas des branquignols. En fait, la télémédecine qui s’est amplifiée avec la pandémie a bien montré que l’examen clinique se rétracte de plus en plus sur la parole, et que du quintette des instruments traditionnels de l’examen clinique : interrogatoire, inspection, palpation, auscultation percussion, le premier reste toujours indispensable, la seconde évidente, et si les trois autres sont utiles pour éviter une débauche d’examens complémentaires, ils sont bien moins performants que l’imagerie qu’ils ne peuvent seulement qu’orienter.
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Le principal ressort de la popularité est de ne rien faire ou de cesser de faire quand on a plus ou moins bien fait. Quand on regarde le classement des personnalités, ce sont presque toujours celles qui ne font rien qui sont en tête. L’exemple type est Hulot. Certes il est dans le camp du Bien, même s’il a peu fait pour lui, mais s’il avait fait quelque chose peut-être serait-il moins populaire car il aurait forcément déçu une partie de la population. Il a donc préféré démissionner que de décevoir, ce qui a permis de maintenir sa popularité. Il y a des gens qui restent populaires après l’avoir été pendant leur activité, c’est le cas de Lang peu exposé dans ses activités actuelles et de Goldman, silencieux depuis vingt ans mais dont la voix continue à se faire entendre par ses œuvres. Le mystère de la popularité d’Edouard Philippe reste entier. Certes, il est plutôt sympathique avec sa barbe qui devient de plus en plus sel et de moins en moins poivre, mais il ne peut se prévaloir que d’échecs majeurs : deux décisions qui ont déclenché le mouvement des gilets jaunes qui a pourri le quinquennat de Macron, un entêtement sur la réforme des retraites qui a beaucoup contribué à son échec, et une gestion initiale de l’épidémie guère à son avantage. Ce qui n’empêche pas notre garnement de surfer sur une popularité qui le conduit à créer son propre parti. Si la popularité est parfois mystérieuse, l’impopularité l’est également. Macron a acquis une impopularité qui va jusqu’à la haine et l’agression physique. Il a certes renversé le jeu de quilles, mais ce sont surtout des petites phrases, des attitudes déplacées et des prises de position un peu trop fluctuantes qui, par leur légèreté, ont pesé lourd dans la balance au point d’effacer tout ce qui aurait pu le rendre populaire comme la baisse des impôts, la baisse du chômage et une gestion de l’épidémie qui s’est révélée jusqu’à présent plutôt satisfaisante après les cafouillages initiaux. Notons qu’il est habituel qu’une popularité ou une impopularité acquise dès le début se maintient assez longtemps. Macron a rapidement acquis son impopularité qui s’est maintenue comme pour la plupart des présidents de La Vème. Le peuple a de ce point de vue une certaine constance car il hésite à admettre qu’il s’est trompé mais quand il prend conscience d’avoir été floué, il n’hésite pas à brûler ce qu’il a adoré.
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Nous vivons dans un Etat de droit et c’est tant mieux. Mais le droit est dans tous ses états et finira un jour par écraser l’Etat sans pour autant libérer le citoyen. Le droit devient de plus en plus lourd. A la législation pléthorique et en expansion continue que connaît le pays s’ajoute le droit européen en principe dominant. Aussi, dire que nul n’est censé ignorer la loi n’a aucun sens. Des poissons du barreau semblent se complaire dans le marécage procédurier, attirant le client par des appâts qui tiennent le plus souvent du mirage, en entrainant les grincheux dans des plaintes sans fondement mais qui leur permettent de se faire un nom ou d’être rémunérés à défaut de sortir victorieux des procès. C’est ainsi que « depuis le début de la crise sanitaire, les juridictions administratives ont croulé sous une avalanche de recours. Pour la seule année 2020, le Conseil d’Etat a ainsi dû examiner plus de 1000 recours contre les décisions prises par le gouvernement, les autorités médicales, les régions, les départements ou les mairies pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. ». Il arrive même que des requérants font d’abord des recours pour exiger le renforcement des contraintes sanitaires pour ensuite se plaindre de leur existence. Cela tient plus du grenouillage pour exister ou de la volonté de nuire que celle de gagner. Un professionnel du droit qui voulait sans doute se faire un nom a été jusqu’à créer un site qui lui a permis de recueillir gratuitement plus de 18000 plaignants pour une requête contre le pass sanitaire déposée devant la Cour Européenne des droits de l’homme. Ce recours fut rejeté. Ces abus dans l’utilisation du droit risque fort d’encombrer les juridictions jusqu’à bloquer leur fonctionnement. Le paradoxe serait que dans un Etat de droit, le droit ne puisse plus s’exercer et que les assoiffés de liberté ne puissent plus avoir la garantie de sa défense aussi bien par la Justice que par l'Etat, l'une et l'autre ne pouvant plus fonctionner. Mais plus absurde encore : pendant que la pandémie née en Chine fauchait plusieurs millions d'humains dans le monde et des dizaines de milliers en France, il y a des gens qui se préoccupent de déposer des recours auprès des tribunaux pour protester contre la façon dont les autorités et les soignants se sont efforcés comme ils le pouvaient de leur porter secours, et s'efforcent toujours de le faire. illustration : Daumier : "Un motif parfait". Source : CH. Journal International de Médecine
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Dans l’appel que j’ai rapporté hier, la violoniste Zhang Zhang s’insurge contre le licenciement de musiciens d’un orchestre parce qu’ils sont blancs pour laisser leur place à des musiciens « issus de la diversité », opération approuvée par les journalistes et elle fait le parallèle entre cette discrimination ethnique et la discrimination désastreuse ayant caractérisé la « révolution culturelle » chinoise. Elle trouve l’expulsion de ces musiciens blancs à la fois absurde et injuste. Injuste car les musiciens d’un orchestre sont recrutés à l’aveugle en jouant derrière un paravent ce qui a d’ailleurs abouti à une composition des orchestres parfaitement équilibrée entre les hommes et les femmes.
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Quand l’âge nous prend, et même si l’on ne campe pas sur des positions passéistes en approuvant l’évolution de la société lorsqu’elle va dans le sens de la tolérance ou de la justice, on peut tout de même être surpris par la rapide évolution des mœurs. Il en est ainsi de la procréation qui devient de plus en plus artificielle depuis que les médecins et les biologistes s’en sont mêlés en passant d’une médecine préventive, curative ou palliative à une médecine du bonheur cherchant à combler les désirs individuels et en cédant aux revendications plus politiques que sanitaires de chacun.
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Nos juges ne sont pas rancuniers : ils ont offert un bracelet à Sarkozy bien que pendant sa présidence il les ait mis en boîte en les qualifiant de petits pois. Les magouilles en politique finissent par se payer cher. Si cela continue nous n’aurons que des politiques honnêtes. Non pas que l’honnêteté soit incompatible avec l’exercice du pouvoir, mais c’est tout de même un handicap. La politique c’est un peu l’art de mentir en étant cru pour atteindre un objectif nécessaire et comme le disait Edouard Herriot : « La politique, c'est comme l'andouillette, ça doit sentir un peu la merde, mais pas trop ». Le plus bel exemple est le « je vous ai compris » de De Gaulle face à une foule de Pieds Noirs qui l’acclamèrent à Alger avant d’être chassés du pays où ils étaient nés. Si cela continue nous n’aurons que des idéologues, honnêtes mais dangereux car persuadés d’avoir raison au besoin en tordant ou en détruisant la réalité pour satisfaire leurs lubies. Nous aurons une Rousseau qui, comme son grand homonyme, croit que la nature c’est bien et l’homme c’est mal, sauf le sien car il est « déconstruit », et qui se prend accessoirement pour le prototype féminin du Messie. Nous aurons des démodés à la mode Guevara ou Trotski. Nous aurons des zozos persuadés que la solution est de remonter le cours de l’histoire au besoin en y apportant quelques retouches. Ce qui laisse penser que finalement l’idéologie n’implique pas l’honnêteté et peut-être que les idéologues sont encore plus malhonnêtes que les autres car tout est permis lorsque l’on détient la vérité et que l’on veut l’imposer. Illustration : Grosz.
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Emmanuel Macron a donc décidé la défiscalisation des pourboires versés par les clients lorsqu’ils le font par carte bancaire dans la restauration et l’hôtellerie. Cette mesure est plutôt bien vue par les patrons, le contraire aurait été étonnant, mais assimilée à de la mendicité par certains syndicats. Si je ne me trompe pas, il y a quelques décennies le pourboire au café et au restaurant était assez spécifique à la France, connue pour ses bons vins, et que c’est dans les années 70 que l’on a introduit sur les tickets de caisse la mention : « service inclus » qui visait sans doute à faire disparaître cette pratique à la discrétion du client, mais avec une augmentation de la note d’environ 10%. J’avoue que depuis je ne laisse de pourboire (en liquide) que lorsque je trouve le service agréable. J’ai mis un certain temps à constater que cette mention « service inclus » avait disparu des tickets. On appelle ça une belle entourloupe. Et voilà que le président de la République rétablit officiellement le pourboire et cette annonce claironnante mettra le client dans la position d’un avare s’il n’obéit pas à l'injonction républicaine en versant son obèle à la restauration éprouvée par la crise sanitaire. Voilà un acte libre que l’on veut sournoisement transformer en obligation. Il est certain que l’Etat a sorti son carnet de chèques pour distribuer avant les élections de l’argent qu’il n'a pas, mais il le fait également avec celui des autres. Illustration André Martins de Barros.
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