-
On pourrait énoncer le postulat suivant : plus on souhaite une dictature, plus on réclame la liberté. La situation sanitaire impose des entraves à la liberté, même si dans les pays démocratiques elles restent encore dans le cadre l’Etat de droit. Cependant, il est incontestable que la préservation de la santé de tous impose des limites à la liberté de chacun. Mais qui proteste le plus vivement contre ces entorses aux libertés publiques ? Ce sont les Le Pen, Dupont-Aignan, Philippot et autres, à la droite extrême, et à la gauche extrême, ce sont surtout les insoumis et les reliquats communistes. Or tout ce petit monde est en admiration devant les dictateurs ou les autocrates. Les uns ont des sympathies pour Poutine et se déplacent en Hongrie pour s’afficher aux côtés de Viktor Orbàn, les autres ont admiré Fidel Castro jusqu’à pleurer sa mort et ne regrettent aucunement ce que Chavez et compagnie ont fait du Venezuela. Quant aux reliquats communistes, le fait que tous les régimes communistes qui se sont installés sur la planète ont tous été ou sont des dictatures le plus souvent sanglantes, ne les gênent aucunement pour vouloir pour notre pays un régime semblable tout en étant chatouilleux sur les libertés publiques en démocratie. Les partisans des extrêmes réclament la liberté pour eux et supportent son absence pour les autres. Il me semble que les journalistes n’osent guère faire remarquer l’absurdité de leur attitude à tous ces thuriféraires hypocrites de la liberté.
10 commentaires -
Peut-être que ce soir nous regarderons les convives autour de la table avec suspicion en se demandant si l’un d’eux n’aurait pas emporté avec lui un invité clandestin niché dans ses voies respiratoires. Peut-être que nous guetterons le moindre signe suspect : un peu trop de toux, un peu trop de poivre et de sel ajoutés aux plats. Peut-être que nous nous méfierons des éclats de voix, des rires trop bruyants qui nous ferons tourner la tête. Et ne pouvant décemment dégoupiller l’écouvillon nous aurons peut-être le gel hydro-alcoolique à portée de main. Mais je vous souhaite néanmoins de passer un bon Noël, puisque nous pouvons encore le nommer ainsi. Illustration : Pieter Bruegel l’ancien : « Repas de noces »
10 commentaires -
Emmanuel Macron estimerait dans un texte écrit pour l’Express et qui doit paraître demain (extraits dans Le Parisien) « souhaitable » que la raison et la religion puissent « vivre côte à côte, parfois même se nourrir ». « Je crois profondément qu’il peut exister des continuités entre Dieu et la science, religion et raison », et à ses yeux, la France « continuera à être une nation infiniment rationnelle et résolument spirituelle. Nation de citoyens libres de critiquer et libres de croire ». C’est beau.
15 commentaires -
L’obligation du pass sanitaire en entreprise est en discussion. Comme il va se muer probablement en pass vaccinal, cette obligation est, bien sûr, une forte incitation à se faire vacciner. Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a d’emblée déclaré, avant la réunion prévue avec la ministre Elisabeth Borne, qu’une telle obligation serait « absurde et totalement inefficace ». Qu’elle soit difficile à mettre en œuvre, c’est probable, mais elle n’est pas absurde, et elle n’est sûrement pas inefficace, d’une part pour pousser les gens à la vaccination, et d’autre part, on sait qu’entre vaccinés la contamination est plus faible, et même en cas de contamination le risque de se retrouver aux soins intensifs est nettement moindre. Voilà donc un responsable syndical qui se prétend compétent pour prendre les bonnes mesures sanitaires, même s’il l’est pour discuter les modalités de leur application. Depuis le début de cette pandémie la plupart des opposants au gouvernement mettent en doute la plupart des mesures sanitaires imposées par ce dernier comme s’il s’agissait de mesures politiques, or le gouvernement ne fait que suivre les recommandations des équipes médicales qui le conseillent, mais en tenant compte des impératifs autres que sanitaires dans un équilibre qui ne serait simple pour personne. Tout cela pour dire qu’il est plus que regrettable de mélanger politicailleries et mesures sanitaires. Les opposants qui ne le font pas se grandissent, d’autant plus qu’il y a bien d’autres critiques à faire au gouvernement en dehors du domaine de la santé. Ceux qui choisissent ce terrain pour s’opposer sont finalement minables. Quand la pandémie sera contrôlée, on pourra alors faire le bilan de la gouvernance pour lutter contre elle en fonction des connaissances du moment, mais s’opposer pour s’opposer en cette matière fait douter du sens des responsabilités de l’opposant.
6 commentaires -
Voir un poisson sorti de l’eau et agonir sur le sol, soulevé par des soubresauts d’abord frénétiques puis de plus en plus rares, est un spectacle cruel. J’ai la même impression en regardant les tentatives pour survivre du parti socialiste. Mme Hidalgo investie officiellement pour concourir pour la présidence de la République, alors qu’elle est incapable de gérer correctement la ville de Paris, cherche désespérément à se débarrasser de ce fardeau (que Ségolène Royal serait prête à assumer) en faisant des propositions aux autres champions de la gauche, chacun d’eux rejetant avec mépris chacun de ses soubresauts pathétiques. Et voilà que l’inévitable Taubira, tel un Zorro de la gauche, statue du commandeur en matière morale (sauf pour encourager les Guyanais, largement touchés par la covid-19, à se faire vacciner), aimerait jouer au sauveur. Elle se jette à l’eau en pensant pouvoir réunir la gauche sous sa houlette. Curieux pour une personne qui s’était surtout illustrée dans la désunion en ayant jadis provoqué la chute de Jospin par sa candidature à la présidentielle de 2002, et en piquant ainsi les voix qui lui auraient permis d’accéder au 2ème tour contre Chirac. Mme Taubira, toujours imbue d’elle-même, croit pouvoir nager même sur un sol aride.
8 commentaires -
-
Hier, j’ai vu dans ma lucarne Valérie Pécresse déclarer que sa candidature était l’obsession de Macron. Bigre. Si elle continue comme ça, il va falloir qu’elle change de bottines. Certes, la modestie est incompatible avec la politique, il faut avoir une bonne opinion de soi-même pour vouloir diriger les autres et leur imposer ses vues. On se demande d’ailleurs ce qui pousse quelqu’un de normalement constitué à faire de la politique. Pour la plupart ce n’est sûrement pas l’argent, souvent bardés de diplômes, ceux-ci seraient mieux exploités ailleurs, il y a des paniers de crabes plus dorés que celui de la politique. Les convictions ? Motivation très discutable quand on voit avec quelle facilité les politiques peuvent en changer. Il m’a semblé que Mitterrand avait enfourché un cheval de gauche pour arriver au pouvoir et je suppose qu’il n’aurait pas hésité à opter pour un cheval de droite si cela avait été nécessaire. Peut-être que Zemmour, pour lequel je n’ai aucune sympathie, a-t-il des convictions au point de manipuler l’histoire de France et de cracher sur les tombes de ses coreligionnaires en réhabilitant ceux qui avaient fait ce qu’il fallait pour qu’ils fussent exterminés. Et on en revient toujours à l’ego, au pouvoir sur les autres, et c’est une obsession qui touche aussi bien Valérie Pécresse qu’Emmanuel Macron. Illustration : Louis XIV en costume de sacre par Hyacinthe Rigaud
8 commentaires -
Chaque jour nous sommes arrosés d’une rafale de sondages sur les intentions de vote pour la prochaine présidentielle d’une cohorte de personnes prêtes à être sondées pour régurgiter l’avenir. Il n’y a pas de doutes que ces prévisions ont une influence sur la sélection des candidats et le choix des électeurs même si le corps électoral se livre parfois à des écarts libertins. Devant l’importance que prennent les sondages à chaque élection il m’a semblé que l’on pouvait leur donner un rôle plus décisif, ce qui m’a poussé à écrire sur ce blog, il y a près de 13 ans, un billet intitulé « sondocratie » que je réédite aujourd’hui :
6 commentaires -
Ce n’est pas le bon sens qui est la chose du monde la mieux partagée, comme le disait ce bon vieux René, mais c’est la paranoïa, et aujourd’hui les réseaux antisociaux la diffusent mondialement et à grande vitesse. La secte QAnon née aux USA, persuadée qu’il existe un gigantesque complot mondial dirigé par une élite pédophile et sataniste, trouve à présent des adeptes français à sa folie. Je mange de temps à autre une pizza, mais je vais désormais la regarder d’un œil attentif et soupçonneux depuis que j’ai lu cet entrefilet tiré du journal Franc-tireur de 8 décembre dernier.
12 commentaires -
Le mal du temps. J’ai trouvé cette expression dans un article de Kamel Daoud paru dans Le Point de ce jour où il compare les populistes et les islamistes qui ont comme ambition commune de revenir en arrière pour retrouver une période historique plus glorieuse. C’est surtout vrai pour les islamistes qui veulent remettre le compteur temporel au VIIe siècle jusqu’à utiliser des cartes imitant celles de cette époque mais en détruisant ce qui a précédé. Le mal du temps accable bien sûr l’individu vieillissant, mais c’est un mal qui touche nombre de pays ou de groupes humains. Des pays ont la nostalgie de leur gloire d’antan qu’ils aimeraient récupérer, des populistes persuadés que l’on peut encore effacer les scories du temps et tout recommencer. Pour un but inverse, se posant en victimes, des groupes humains : indigénistes, « décoloniaux », Afro-américains « éveillés » rejouent l’histoire et ne veulent surtout pas l’effacer bien qu’elle fut en leur défaveur, pour en tirer profit dans le présent en culpabilisant les descendants des oppresseurs jusqu’à remettre en cause leur apport à la civilisation. Une misérable revanche destructrice et raciste qui ne les grandit pas. Il y a d’autres moyens de se grandir que de vouloir abaisser les autres et de tenter de détruire ce que leurs ancêtres n’ont pas pu construire. Illustration : Magritte : « La mémoire ».
10 commentaires