• Yue MinjunLe dissident chinois Liu Xiabo, 54 ans, vient de recevoir le prix Nobel de la paix décerné par l'Institut Nobel d'Oslo et qu’il recevra en prison où il purge une peine de onze ans pour subversion.

    Il ne reste plus à la Chine qu’à acheter la Norvège.  


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  • -kandinsky-cimetiere-arabe.jpg

    Kandinsky : "Cimetière arabe"

     

     

    Où vont-ils tous ces morts depuis la nuit des temps ?

    Ils sont innombrables et les cimetières si petits

    Sont-ils la terre que piétinent les vivants ?

     

    Peut-être lassés d’être piétinés sortent-ils la nuit

    Hors de leurs boîtes de bois verni les squelettes

    Iraient se promener dans un bruit de cliquetis

    Les momies dérouleraient leurs bandelettes

    Et sortiraient du sarcophage sans leur habit

    Les pharaons quitteraient le noir des pyramides

    Pour jouer sous la lune avec le sable du désert

    Et ceux qui n’ont pas eu de sépulture solide

    Émergeraient comme des racines de la terre

     

    Où vont-ils tous ces morts depuis la nuit des temps ?

    Les cimetières sont si petits mais le ciel est si grand

     

    Peut-être errent-ils dans le firmament

    En soufflant sur la queue des comètes

    Pour en faire de la poussière d’argent

    Les morts emporteraient leurs squelettes

    Pour fabriquer avec des météorites filants

    Aux cieux les morts feraient ainsi la fête

    Et laisseraient la terre aux vivants

     

    Alors les vivants ne devraient pas encombrer les nues

    S’ils veulent que les morts ne leur tombent pas dessus

     

     

     

     Paul Obraska


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  • magritte-en-tentant-l-impossible.jpgEn réponse à un billet de Carlus sur les fantasmes sexuels présumés des femmes (dont on peut se demander si ce ne sont pas des hommes qui les ont définis).

     

     

    Magritte : "En tentant l'impossible"


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  • mannequins.jpgAvec le développement des télécommunications, le contact direct, en chair et en os, entre le personnel d’un service et l’usager tend à devenir plus rare. Le personnel semble parler tout seul et entendre des voix, l’interlocuteur est un fantôme perdu dans le vide électronique.

    Le service d’information téléphonique de la ville de Kyoto a trouvé une parade à cette déshumanisation en se dotant d’une série d’usagers sous la forme de mannequins. Un mannequin est assis devant chaque employé, il a un nom et une personnalité. Les employés semblent satisfaits de cette présence factice et l’une d’entre eux a même déclaré : « Je me sens surveillée. C’est une tension positive qui me fait travailler plus efficacement ». Le personnel prête même des intentions à leur mannequin en se demandant quelle serait sa réaction devant telle ou telle décision.

    Devant l’efficacité de ce mode relationnel, je me demande si l’on ne pourrait pas étendre son application. Par exemple :

    Dans le bureau Elyséen on pourrait placer le mannequin de la personne à qui notre élégant Président a dit : « Casse-toi, pauvre con », ce qui le pousserait peut-être à modifier son comportement en sorte que ce mannequin accepte de lui serrer la main.

    Assise dans un fauteuil en face d’Eric Besson, je vois bien une reproduction grandeur nature de Jean Jaurès. Il est toujours bon de se rappeler d’où l’on vient et le chemin parcouru.

    On pourrait placer dans un fauteuil roulant le mannequin de Liliane Bettencourt en face du bureau d’Eric Woerth pour qu’ils puissent enfin faire connaissance.

    Mais dans le bureau de Brice Hortefeux les mannequins risquent de se bousculer au point de devoir en expulser.

    Ce ne sont que quelques exemples, mais je suis sûr que d’autres couples fructueux vous viendront à l’esprit.


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  • Scrofule.jpgDepuis un siècle les progrès techniques réalisés par l’homme ont été admirables, jusqu’à mettre le pied sur la lune ou pouvoir partir tous ensemble les pieds devant. J’attends avec impatience un progrès décisif : un procédé qui permettrait à une salière de verser correctement le sel qui, dans ma pratique, soit ne coule pas du tout, soit coule trop. Le mieux serait, bien sûr, de ne pas ajouter de sel dans la nourriture, ce qui est une solution par l'absurde.

     

    Pourquoi les femmes d’un certain âge, disons vers la soixantaine et au-delà, se  teignent-elles fréquemment les cheveux en rouge, pas en roux, mais dans un rouge que le cheveu n’arrive pas à atteindre naturellement, alors que cette couleur éclatante rend le visage plus pâle et les traits plus durs ?

     

    Pourquoi certains hommes marchent-t-ils les jambes écartées comme s’ils étaient gênés par un volumineux appareil sexuel ?


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  • 20. Comment peut-on redonner du sang au cœur ?

     

    Cette question exprime bien le paradoxe devant lequel on se trouve : le cœur est rempli de sang et lui-même en manque, il meurt de soif un lac à ses pieds. Cette situation pour le moins irritante a conduit des chirurgiens à des solutions apparemment logiques pour amener du sang directement au muscle cardiaque [myocarde]. Il y a plusieurs décennies, l’un d’entre eux a proposé d’implanter une artère (l’artère mammaire interne), déviée de son cours, dans le muscle cardiaque comme une véritable pomme d’arrosoir. On a réalisé des trous au laser à travers le myocarde pour mettre le contenu sanguin de la cavité du ventricule gauche à la portée du muscle assoiffé, cette méthode était réservée aux cas où l’on ne pouvait rien faire d’autre.

    Les méthodes couramment utilisées s’adressent aux coronaires elles-mêmes. Il existe trois techniques pour « revasculariser » les coronaires : la thrombolyse ou fibrinolyse, l’angioplastie, le pontage. Dissoudre, dilater, court-circuiter.

    Pour dissoudre, il faut qu’il y ait quelque chose à dissoudre. Seuls les caillots frais sont sensibles aux produits [thrombolytiques] capables de s’attaquer à ces amas de globules rouges emprisonnés dans un filet de fibrine. Ces produits « dissolvants »  sont en fait proches de substances naturelles qui peuvent parfois spontanément faire disparaître le caillot avant l’intervention médicale. La thrombolyse (par voie intraveineuse) ne peut donc être utilisée que dans une situation aiguë, dans les premières heures d’une occlusion d’une coronaire par un caillot responsable d’un infarctus du myocarde. Elle n’est pas toujours efficace, elle n’est pas sans risque, mais elle a le grand intérêt d’être simple, sans matériel particulier, et peut être réalisée par les urgentistes, donc rapidement (en principe) après le début de la douleur thoracique qui indique le moment où la coronaire s’est bouchée. Plus vite l’artère sera perméable moins les dégâts seront importants.

    coronarographie-2L’angioplastie consiste à remodeler la coronaire par l’intérieur en dilatant le rétrécissement à l’aide d’un ballonnet gonflable. C’est une méthode plus sophistiquée, plus régulièrement efficace et pouvant s’appliquer à la plupart des formes de la maladie coronarienne. Mais c’est une technique lourde, exigeant une salle de cathétérisme cardiaque, un matériel particulier, une équipe médicale et paramédicale rodée et sur le pied de guerre 24 heures sur 24. La coronarographie permet d’abord de faire le bilan des lésions coronariennes et de déterminer celles qu’il est possible et souhaitable d’aborder. Un guide fin portant un ballonnet aplati est introduit dans la sonde qui a servi à opacifier les coronaires. Le ballonnet est placé au niveau de la lésion à traiter, puis il est gonflé à forte pression, écartant les murs du rétrécissement, écrasant éventuellement le caillot. L’insufflation du ballonnet (elle provoque parfois une douleur angineuse) sera brève mais il ballon-et-stent-copie-1.jpgpeut être nécessaire de la répéter si le résultat ne paraît pas satisfaisant lors du contrôle. La dilatation est souvent complétée par la pose d’un stent [endoprothèse], petit tube grillagé serti sur un ballonnet dégonflé, il se développe lors du gonflage et est largué au niveau de la lésion traitée après le dégonflage. Le stent a l’intérêt, en maintenant écartées les parois, d’éviter la rétraction de l’artère sur elle-même.

     

     

     


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  • grosz-les-piliers-de-la-societe.jpg 

    George Grosz « Les piliers de la société » 1926

     

    ET C’EST AINSI.

     

    Le prêtre, les bras tendus et le sourire mielleux, rassemble le troupeau.

    Derrière lui, le soldat dresse une épée de sang et pointe son révolver,

    Il est prêt à enrôler les brebis mis en rang et les mener au tombeau.

     

    Le meneur éructe un discours enflammé en ingurgitant sa bière,

    De la pointe d’une rapière il embroche fièrement l’ennemi exécré.

    Il restera à l’arrière en poussant les autres à se faire massacrer.

     

    Celui qui a troqué son cerveau contre un verre, en agitant un petit drapeau,

    Celui, la tête couverte, pleine de slogans haineux et de pensées merdiques,

    Soigneusement farcie par les colonnes alignées en rangs des journaux

     

    Et c’est ainsi que se préparent les guerres

    Entre bouc émissaire et idiots fanatiques

    Ivres de mots et de chopes de bière

     

     

    Paul obraska


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  • « On a obtenu gain de cause, ma mère sera incinérée vendredi [1/10/10] à Toulouse [alors que la famille habite Bordeaux], car il y a un crématorium qui a des portes plus larges » a expliqué la fille de la défunte, qui avait dénoncé ce week-end la discrimination post-mortem qui touchait sa mère.

    Pourquoi la fille parle-t-elle de discrimination ? Simplement parce que sa mère, sans doute atteinte d’une obésité pathologique, ne pouvait pas entrer dans le crématorium bordelais et accuse de ce fait les responsables de ne pas avoir prévu son cas. Et il s’agit en plus (ou en moins) d’une discrimination post-mortem.

     

    A la suite d’une circulaire, pour le moins maladroite pour ne pas dire stupide, mentionnant spécifiquement les Roms, Viviane Reding, responsable de la Justice et des Affaires  intérieures à la Commission Européenne, s’est élevée contre une telle stigmatisation qui n’avait d’égale à ses yeux que celles appliquées lors de la Seconde Guerre Mondiale, protestation, qui sans le dire, faisait référence au port par les Juifs de l’étoile jaune afin de les distinguer du reste la population, avant de les exterminer en masse, de façon méthodique, du bébé au vieillard, de la Bretagne aux plaines d’Ukraine. Et pour faire bonne mesure les Allemands y avaient ajouté les Tziganes et les homosexuels.

     

    Toujours à propos de l’expulsion de Roms, certains journaux étrangers ont parlé de déportation, non pas par un voyage interminable vers la mort dans des wagons plombés dans lesquels on pouvait mourir étouffé avant d’arriver dans les mouroirs, mais dans des avions pour ramener les Roumains dans leur pays d’origine, sans avoir été maltraités et nantis d’un petit pécule (qui leur permettra éventuellement de revenir).

     

    Certains mots ont une telle connotation historique que leur signification en devient plus lourde. Les employer à tort et à travers finit par les dévaluer et par banaliser les faits historiques auxquels ils se réfèrent.

    Bien sûr, nous devons rester vigilants, mais certains mots ont acquis un tel poids qu’il ne faut les employer qu’à bon escient et sans faire appel avec beaucoup trop de facilité aux évènements et aux protagonistes de la Seconde Guerre Mondiale. Ce que nous vivons aujourd’hui n’a heureusement rien à voir avec cette sombre période de l’Histoire.


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  • C’est une vieille histoire, celle de la culpabilité de la femme et de la lâcheté de l’homme. L’homme assez con pour croquer le fruit défendu accuse la femme de l’avoir tenté et donc d’être responsable de sa chute. La femme violée coupable d’avoir fait le nécessaire pour pousser l’homme à la violer.

    En 2008, 83 % des Egyptiennes et 98 % des étrangères ont été victimes de harcèlement : attouchements, de propos obscènes ou d’actes exhibitionnistes, mais seulement 12% avaient cherché de l’aide auprès de la police, ce qui n’est pas étonnant, les policiers étant souvent eux-mêmes de redoutables harceleurs.

    En Juillet dernier, sur une chaîne télévisée, le prédicateur égyptien Saad Arafat en a fourni l’explication : « Si une femme est assise dans un bus ou tout autre moyen de transport, elle est harcelée par l’homme à sa droite ou l’homme à sa gauche […] Je dis aux femmes : vous êtes la cause et la raison de cette situation […] Une femme peut dire : Mais je suis sortie revêtue du niqab ou du hijab. Je n’ai rien fait. Mais je réponds : Tu es peut-être sortie revêtue du niqab, mais tu es peut-être sortie sans raison et Allah a envoyé un démon pour te faire du mal, parce que tes yeux se promènent à droite et à gauche. »


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    Beaucoup affirment comme une évidence et certains comme un avantage que la société française est devenue multiculturelle.

    N’étant pas sociologue, j’avoue ne pas trop savoir ce que cela veut dire. Déjà le mot culture englobe bien des choses (en dehors de la culture individuelle). Il s’agit à la fois (petit Robert) de « l’ensemble des aspects intellectuels d’une civilisation » mais aussi de « l’ensemble des formes acquises de comportement dans les sociétés humaines », c'est-à-dire des mœurs. Quant au multiculturalisme c’est « la coexistence de plusieurs cultures dans un même pays ». Ce qui exclut a priori le mélange.

     

    Si l’on envisage le premier aspect de la culture (la civilisation), la France au cours de l’histoire s’est enrichie de l’apport de nombreuses civilisations, à la fois par les invasions et l’immigration, mais ces apports n’ont pas coexistés, ils se sont fondus au cours du temps pour aboutir à la civilisation française dans un creuset où se sont mélangées les richesses artistiques, littéraires, philosophiques et scientifiques venues d’ailleurs. Il n’y a donc pas ici de multiculturalisme à proprement parlé, en dehors de l’art culinaire qui permet la juxtaposition de restaurants offrant un grand choix de cuisines exotiques.

     

    Si l’on envisage le second aspect de la culture (les mœurs), le multiculturalisme devient plus difficile à saisir. Les mœurs admises par la grande majorité de la population française ont  été établies progressivement par une longue évolution historique : révolutions, revendications, législation. Comment ces mœurs, issues de combats historiques, acceptées par consensus et susceptibles encore d’évoluer, peuvent-elles coexister avec des mœurs venues de pays qui n’ont pas suivis la même évolution ? Car elles sont le plus souvent très différentes et parfois en opposition avec les comportements habituels de la population. Ce sont presque toujours des mœurs qui n’ont guère évoluées au cours de l’histoire, fixées par un obscurantisme religieux ou des pratiques ancestrales et qui apparaissent de ce fait comme rétrogrades aux yeux de la société française.

     

    Ceux qui parlent de société multiculturelle comme d’une évidence ne semblent guère se poser la question. Ils avancent (les plus raisonnables) que ce multiculturalisme doit rester dans le cadre de la République et obéir à ses lois. Fort bien. Mais comment concilier la polygamie, la soumission de la femme, l’excision, l’absence de condamnation de la charia et autres joyeusetés avec les droits de l’homme et les lois françaises ?

     

    Si ces comportements tentent de se maintenir, on aura la juxtaposition d’une société légale et d’une marge illégale, ce qui n’a rien d’une société multiculturelle.

     

    Si  les communautés venues avec des mœurs inconciliables avec la législation  républicaine, sont obligées de les abandonner, le multiculturalisme disparait (même s'il peut rester dans les têtes) ou devient de fait qu’une juxtaposition de religions (essentiellement Christianisme et Islam) ou une opposition religions / laïcité ou athéisme. Ce qui n’a rien de nouveau, à cela près que l’Islam est une religion qui comporte une part temporel importante et on comprend que ses tenants maintenant nombreux (mais combien de pratiquants ?) plaident pour une société multiculturelle (en fait bi-confessionnelle) en revendiquant comme un droit de suivre certaines pratiques issues du Moyen Age, en espérant que la société française, dans sa grande bonté, finira petit à petit par les admettre.

     

    Voir également"Le camping de la "diversité"


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