• Pour les gamètes il existe des centres pour leur cryoconservation. Pour les dignitaires et les hommes politiques aussi. Ces centres sont nombreux, le Conseil économique et social en est un exemple, mais il y en a bien d’autres diversement nommés : conseils, hautes autorités, observatoires dont les objectifs sont parfois folkloriques, mais on n’attend pas d’eux qu’ils aient une utilité quelconque, ils sont là pour congeler des personnes dont on veut se débarrasser ou les mettre en réserve afin de pouvoir les utiliser ultérieurement, ou les récompenser pour service rendu.

    Bien qu’inutile pour la nation cette congélation est souvent onéreuse, mais on comprend bien que l’on ne peut pas rendre ces dignitaires à la vie civile car ce serait pour certains les lâcher en terre inconnue.

    La conservation des espèces est un impératif de la vie politique.

     

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  • mannequin.jpgLa petite-fille, âgée de 10 ans, d’une de mes cousines s’est plainte auprès de sa grand-mère d’avoir des cuisses qu’elle jugeait trop grosses (elle est plutôt menue) en lui demandant de lui donner quelque chose pour réparer cet outrage.

    Ne serait-il pas temps de ne plus montrer des squelettes ambulants comme des modèles à imiter dans les magazines féminins pour ne pas perturber jusqu’aux petites filles ?


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  • Je suis allé en Birmanie il y a 38 ans, deux ans après l’ouverture des frontières aux voyageurs. J’ai failli ne pas y entrer car j’avais sur moi un petit appareil Kodak qui avait éveillé les soupçons des policiers. Devant cet objet mystérieux, ils m’avaient considéré d’emblée comme un espion.

    pagan.jpgJ’ai le souvenir d’un pays magnifique où les gens eux-mêmes sont beaux, où les pagodes souvent superbes poussent comme des champignons dorés, notamment dans la vallée de Pagan où l’ancienne  capitale a été depuis évacuée car ses habitants avaient mal voté lors de la dernière élection. Bien sûr, un guide nous escortait et nous n’étions pas entièrement libres de nos mouvements.

    Curieusement, ce pays avait conservé les traditions de l’époque britannique et à la porte du restaurant de l’hôtel de Rangoon, un maître d’hôtel m’en avait interdit l’entrée car je ne portais pas de cravate. Nous avons dîné dans un silence oppressant à côté d’une table où une vingtaine de Chinois, tous en veste « Mao » identique, mangeaient sans dire un mot, sans doute étouffés par une crème Chantilly qui avait un goût de dentifrice.

    Dans la magnifique pagode de Rangoon, les enfants demandaient la permission de toucher les cheveux blonds de ma femme car ils n’en avaient jamais vus.

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    En ce moment se déroulent des élections, les premières depuis 20 ans, les dernières que la junte militaire avait perdues ayant tout simplement été annulées, les militaires bien au chaud dans leurs privilèges désirant – c’est humain – les conserver. Chacun sait que ces nouvelles élections sont une mascarade et que la junte, cette fois, s’arrange pour les gagner. On se demande bien pourquoi les militaires tiennent tant à paraître démocrates puisque tout le monde sait qu’ils ne le sont pas.

    Vous vous demandez peut- être pourquoi je vous raconte tout ça. Bien sûr, il faut comparer ce qui comparable, mais nous avons la chance de vivre dans une démocratie, certes imparfaite, certes très inégalitaire et parfois scandaleuse, certes critiquable, mais justement nous pouvons la critiquer et nous moquer, parfois méchamment, de ceux qui la dirigent. Alors en pensant aux billets de la blogosphère, les miens comme ceux des autres, j’ai eu une pensée pour la Birmanie,  car je ne suis jamais allé en Corée du Nord.


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  • Dans un billet du 4/09/10 : « Devine qui vient prendre le café ?» (catégorie : « Casse-pipes »), j’avais parlé des officines para-patronales qui fournissent des médecins pour effectuer, à l'initiative de l'employeur, des contre-visites auprès de salariés en arrêt de travail et pouvant conduire à la suspension des indemnités journalières par le contrôle médical (Un texte du JO du 26/08/2010 en a fixé les délais de mise en œuvre).

    Cette disposition implique que l’employeur (ce qui ne surprend pas) et la sécurité sociale ne font aucune confiance dans la décision prise par le médecin du patient.

    Ils n’ont pas toujours tort d’être méfiants, les personnes qui cherchent à profiter du système ne sont pas rares et il est parfois difficile à un médecin traitant de refuser un arrêt de travail par compassion ou par faiblesse et il dépend de sa clientèle (on dit maintenant patientèle, terme politiquement plus correct, mais qui masque la réalité).

    La sécurité sociale a toujours effectué des contrôles  et c’est son rôle de les faire puisque c’est elle (c'est-à-dire la collectivité) qui verse les indemnités. On peut peut-être douter de l’objectivité d’un médecin payé par l’employeur du salarié, mais restait alors l’avis possible du médecin-conseil de la sécurité sociale en cas de litige.

    Or un accord d’intéressement a été signé entre la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) et ses praticiens-conseils. Portant sur le volume d’évolution des dépenses d’indemnités journalières, l’accord ouvre la voie à un intéressement financier des médecins-conseils en fonction de l’atteinte des objectifs fixés.

    Début octobre, le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) avait vivement réagi sur son site, considérant que cet accord « pourrait jeter le trouble parmi les salariés sur l’indépendance des médecins-conseils dans l’appréciation médicale des arrêts de travail qu’ils reçoivent, tout comme dans leurs conclusion à propos des suites données aux contrôles patronaux […] La déontologie médicale limite les prescriptions et les actes des médecins à ce qui est nécessaire à la qualité, à la sécurité et à l’efficacité des soins. Ce cadre justifie l’activité des médecins-conseils sans qu’il soit besoin de lui associer une rémunération particulière […] De même on peut également contester au regard de l’indépendance des médecins-conseils dans leur activité de contrôle des praticiens, qu’un objectif quantitatif de pénalités financières de 900 millions d’euros avec un socle de performance (sic) de 700 millions d’euros leur soit fixé ».

    Sur le plan déontologique, je n’ai rien à ajouter aux déclarations du Conseil de l’Ordre, sinon que la santé n’a pas de prix mais qu’elle coûte cher et qu’elle sera gérée de plus en plus comme une entreprise. On ne voit pas aujourd’hui – avec regret – comment il est possible de la gérer autrement si l’on ne veut pas l’abandonner entièrement aux assurances privées.

    J’ose espérer que les médecins-conseils, qui ont choisi d’exercer la médecine après de longues études plutôt que d’autres métiers moins pénibles et plus lucratifs,  feront passer leur déontologie avant leur intérêt, en sachant, en outre, qu’une décision médicalement erronée risque de se retourner contre eux en cas d’accident.

     

    Goya : "Autoportrait avec le docteur Arrieta"

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    Après avoir séjourné une heure dans les boyaux du métro parisien, après avoir senti d’un peu trop près la chaleur de l’humanité, après avoir calé son corps entre deux corps étrangers, après avoir trouvé sur une barre un endroit sans chair pour accrocher sa main, après avoir évité d’accrocher les regards, après avoir zigzagué dans les couloirs des correspondances pour éviter les flots énergiques des voyageurs venant en sens inverse ou débouchant traitreusement des boyaux latéraux, après avoir croisé les mendiants assis sur les marches ou couchés sur les bancs, après avoir emporté dans ses oreilles les massacres musicaux de ceux qui veulent offrir quelque chose en échange de quelques pièces, on débouche sur cette beauté.

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    On s’empresse alors de monter les marches pour la dévoiler toute entière, respirer  le parfum des feuilles mortes déjà tombées à terre, et profiter de la seule mort qui sent bon.

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  • On écarte sa voiture de bonne grâce pour laisser passer une ambulance ou une voiture de pompiers. Pour une voiture de police, la prudence veut que l’on s’écarte également. Pour les voitures des dignitaires  qui cherchent à passer de force dans les embouteillages, le cocher criant jadis aux manants  de s’écarter pour laisser le passage au carrosse du prince remplacé aujourd’hui par une paire de motards, j’avoue que j’ai quelque réticence à m’écarter. Un de mes amis qui faisait la sourde oreille a reçu dans la carrosserie de sa voiture un coup de pied – non pas de l’âne – mais du motard qui escortait le  carrosse du prince laïque.

     

    Je retranscris ici un billet paru le 2 novembre dans une revue médicale :

    « Un de nos confrères me racontait que, se rendant à la clinique T. à Paris pour une urgence au bloc, il avait emprunté un couloir réservé aux autobus. Résultat : une contravention à 90 € ! Après tout, la loi, c’est la loi ! Même s’il y a longtemps eu une tolérance.

    Le lendemain, je lisais que les voitures d’un certain nombre de privilégiés de notre nomenklatura, bénéficiaient d’un gyrophare, d’un avertisseur 2 tons et d’une plaque « Police » sur le pare-soleil.

    Dans la liste de ces bienheureux, le bâtonnier de l’Ordre des avocats de Paris, le président de la Mission de lutte contre les dérives sectaires… et d’autres hauts dignitaires, dont les seules urgences sont de ne pas rentrer trop tard pour le dîner…

    La notion d’urgence est « très subjective » doit penser Monsieur le Préfet de police. »

    (E. Vincent)

     

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    Goya « Le carrosse »


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  • Ce billet vient en complément de mon article « Tapez 33…33 » du 28/10/10 dont le sujet était la télémédecine et notamment les consultations par téléphone ou internet pour lesquelles un cadre juridique vient d’être déterminé.

    Voici – déjà – les résultats d’un télé-sondage sur 1000 personnes, les 28 et 29 octobre derniers. Il n’y aurait que 17% des sondés prêts à utiliser ce type de consultation versus 81%  qui craignent un mauvais diagnostic et/ou ont besoin de la proximité dans la relation avec le médecin, l’ignorance de la procédure joue également un rôle dans la réticence, ce qui est logique puisqu’on leur demande de juger une pratique qui n’est pas encore utilisée.

    Ce sont les plus actifs qui sont les plus intéressés (22%) et notamment les cadres (32%). Les moins intéressés sont les jeunes de 18 à 24 ans (14%) pourtant habitués à internet, mais dont la santé n’est habituellement pas un sujet de préoccupation et les plus de 65 ans (7%) que la santé préoccupe bien davantage. L’intérêt est plus grand dans les villes (22% dans la région parisienne) que dans les communes rurales (14%) où pourtant l’accès au médecin notamment spécialisé est parfois difficile.


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    J’aime l’automne. Chaque jour le ciel réserve des surprises : soleil, pluie, froid,  douceur. On ne s’ennuie pas. Et  les arbres se font une beauté fascinante, les feuilles se maquillent de vert, de brun et d’or mêlés avant de mourir. Une dernière séduction. Un cadeau de fin de vie.


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  • borlooJean-Louis Borloo très content de son « Grenelle » sur l’environnement qui s’est terminé par un « L’écologie ça suffit » proféré par le Chef de l’Etat, se dit favorable à un « Grenelle » sur la fiscalité qui, selon lui, « ne peut pas être l’affaire uniquement de spécialistes», et il ajoute qu’ «Une telle réforme d’ensemble est infaisable sans le soutien de tous». Si le « Grenelle » est une «formidable marque de fabrique mais surtout le symbole de la démocratie participative… pour de vrai […] cette méthode est applicable à de nombreux domaines de la vie quotidienne des Français»» mais précise qu’elle ne peut pas être appliquée à tout et en particulier aux retraites.

    Ben voyons, les retraites n’intéressent pas la vie quotidienne des Français et leur réforme n’exigeait pas le soutien de tous ? Et depuis quand la fiscalité, domaine devant intégrer de nombreux paramètres, n’est-elle pas une affaire de spécialistes ? Les participants risquant d’être vite largués, même avec une calculette. Par contre les gens pouvaient aisément comprendre les tenants et aboutissants d’une réforme des retraites. Chacun étant conscient qu’une réforme était indispensable, c’est là qu’un débat groupant l’Etat, les syndicats, les entreprises et les associations aurait été utile et aurait peut-être pu éviter manifestations et grèves pendant plusieurs semaines.

    Il faut cependant noter qu’un « Grenelle », de l'aveu même de Borloo, est avant tout une « marque de fabrique ». On ne saurait mieux dire.

     

     


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  • Nos élites renouvellent la langue de bois en y mêlant avec bonheur de piquantes échardes. Voici quelques déclarations (il est difficile d’être exhaustif) faites en public afin que tout le monde puisse en bénéficier :

     

    - « Casse-toi pauv’ con ! ». Par cette sortie, dès février 2008, le premier personnage de l’Etat a officialisé ce mode d’expression. Il faut saluer en lui un précurseur montrant aux autres la voie à suivre. C’est en cela que l’on reconnait les vrais réformateurs.

    - « Va te faire enculer, sale fils de pute ! ». Cette proposition d’un érotisme troublant a été faite par Nicolas Anelka, footballeur de l’équipe de France, en juin 2010 – Ah ! Vous pensez que ce Nicolas ne fait pas partie de l’élite, c’est vrai qu’il n’est pas sorti de l’ENA mais de la banlieue, ce qui explique la richesse du vocabulaire. J’attire votre attention sur l’aspect discriminatoire de votre jugement.

    - « Plus ça vous emmerde et plus je suis content ». C’est ainsi que Bernard Tapie a exprimé sa béatitude sur France Inter le 11 octobre 2010. Cet homme d’affaires et ancien ministre, fait doublement partie de nos élites.

    - «  Il est difficile d’expliquer [la guerre en Afghanistan] à des cons ». Ce constat désabusé a été fait par Hervé Morin, ministre de la défense, sur Beur FM. L’avantage de cette déclaration est que chacun peut se sentir visé car ce ministre est tout de même un expert en stratégie.

    - « Salaud ! ». C’est ainsi que Mélenchon qualifie Pujadas, présentateur du JT de France 2 devant quelques millions de personnes ravies. L’insulte est plutôt distinguée et je pense que cet homme politique peut mieux faire.

    - « Emmerdant » est le terme torché par Mme Liliane Bettencourt pour qualifier l’attitude de sa fille à son égard. Etant donnée la fortune de cette personne, on peut la mettre, sans hésiter, dans les élites.

     

    J’adresse un appel au CSA : à chaque fois que nos élites prennent la parole, ne serait-il pas sain dans l’intérêt des familles de les prévenir pour qu’elles puissent écarter des ondes ou de la télévision les enfants de moins de 5 ans ? (au-delà, je crains que le vocabulaire utilisé par nos élites ne fasse déjà partie de leur babillage habituel). Ah ! Vous pensez qu’il serait souhaitable que toute la famille s’écarte pour ne pas perdre son temps et vaquer à des occupations plus enrichissantes ?

     

    NB. Ni Over-blog, ni l’auteur de ce billet ne sont responsables des grossièretés figurant dans le texte.


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