• Il est amplement démontré qu’avoir une activité physique régulière a un effet favorable sur l’organisme, et notamment un effet préventif sur les maladies cardiovasculaires. Les membres de l’Académie de médecine se sont avisés de la nocivité de la sédentarité, et proposent, ni plus, ni moins, que la sécurité sociale prenne en charge la pratique du sport au même titre qu’un traitement. Je suppose que cette proposition a surtout pour objectif d’attirer l’attention du public sur l’importance de l’activité physique, sinon ces académiciens accuseraient sérieusement leur âge vénérable en donnant l’impression d’être restés au temps béni où la sécurité sociale disposait d’un excédent de fonds, et était capable à cette époque de rembourser tout et n’importe quoi. Dans le même ordre d’idée, pourquoi ne pas rembourser à la ménagère une partie du prix des légumes et des fruits qu’elle achète ?

    Si l’on aime faire du sport et si l’on y prend plaisir, tant mieux. Mais dans le cas contraire, pourquoi obliger des gens à courir comme des dératés jusqu’à la mort subite sous prétexte que c’est bon pour la santé, et les culpabiliser de ne pas le faire ? Pourquoi si l’on n’arrive pas à être mince, se sentir coupable d’être gros ? Tenter de prévenir les maladies, c’est bien, mais elles nous rattraperont toujours, quoi que nous fassions, et l’une d’elles nous achèvera et pas forcément celle qui avait été prévue, à moins que cela soit un accident quelconque ou le couteau d’un voyou.  

    La société se doit de protéger l’individu contre les autres individus, mais est-ce bien son rôle de protéger l’individu contre lui-même ? Est-ce bien son rôle de lui proposer, par tous les moyens dont elle dispose, fermement et sans cesse, le modèle auquel il devrait ressembler ? Ce maternage médicalisé devient de plus en plus pesant, la culpabilité d’être ce que l’on est de plus en plus lourde. Alors, mes frères médecins, il est de votre rôle de donner des conseils à vos semblables dans l’intimité de votre cabinet, mais ne culpabilisez personne et laissez-les vivre à leur façon et sans remords le temps qu’il leur est imparti.


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  • Je me contente de reporter ici le « billet d’humeur » de S. Vincent paru dans Cardiologie pratique (ce n’est pas la première fois que je le fais), sans doute à contre-courant car les autorités, les médias et la toile bruissent d’hostilité envers le corps médical et surtout envers l’industrie pharmaceutique dont je n’ai pas manqué pour ma part d’en signaler les dérives, mais une hostilité systématique risque toujours de se retourner un jour ou l’autre contre ceux qui distillent sans nuance cette hostilité.

    Le premier mort

    Impact Médecine dépose son bilan. Avec lui, disparaissent plusieurs titres : Impact pharmacien, la série des Abstracts, Genesys, etc.
    Impact Médecine est la première victime de la réduction drastique de la publicité que connaît la presse médicale.
    Des taxations en rafale, une fiscalité aberrante, une législation hâtive et floue, une administration tatillonne, des règlements absurdes, des contrôles à répétition ont conduit l’industrie pharmaceutique à réduire ses budgets de communication dans des proportions très importantes.
    Au-delà du harcèlement administratif, il faut prendre conscience que les politiques n’aiment ni les médecins ni la pharmacie.
    L’axiome de base des autorités est simple : derrière chaque généraliste il y a un charlatan ou un déserteur, derrière chaque spécialiste il y a un voyou, derrière chaque expert il y a un vendu, derrière chaque auteur médical il y a un corrompu, derrière chaque pharmacien il y a un épicier cupide, derrière chaque industriel il y a un requin et derrière chaque médicament il y a un poison…
    Nous nous contenterons de rappeler, comme simple exemple, que l’allongement considérable de l’espérance de vie, comme la réduction en 15 ans des deux tiers de la mortalité de l’infarctus du myocarde, sont le fruit du travail inlassable de la communauté médicale et pharmaceutique, qu’il est à la mode de stigmatiser avec véhémence.
    Quand il n’y aura plus de presse médicale (ni d’ailleurs de congrès), qui diffusera les recommandations, qui informera sur les avancées techniques, sur les progrès thérapeutiques, qui assurera la formation des médecins (la presse est le premier vecteur de FMC [Formation Médicale Continue]), qui fournira des informations spécifiques en cas de crise sanitaire ? Peut-être Madame la ministre de la Santé a-t-elle les réponses ?
    Impact Médecine est mort ! À qui le tour ?
    S. VINCENT

     


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  • Hier, nous sommes allés voir dans une galerie du quartier du Marais un ensemble d’œuvres de l’Irlandaise Claire Morgan intitulé « Quietus ». C’était le dernier jour de cette exposition. Ce sont des sculptures-installations dont l’armature est constituée par de multiples fils de nylon sur lesquels sont sertis les matériaux les plus divers et parfois déroutants.

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    Chaque petite masse noire de ce cube qui flotte dans l’espace est…une mouche.

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    Cet essaim de guêpes forme une cage sphérique autour de la chute, tête en bas, de deux oiseaux.

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    Ces carrés s’imbriquent les uns dans les autres, se croisent mais ne se touchent pas en formant une image géométrique complexe dans l’espace. Ils sont ponctués de…moucherons !

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    Cette haute colonne neigeuse est faite de fragments de plastique et d’étiquettes portant un code-barre. Un oiseau prisonnier est à peine visible. 

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    Le nom de cette œuvre est « Nipple ». Elle est constituée de mouches, de graines de chardon, de nylon, de plomb, et d’acrylique.

    J’ai trouvé ces œuvres originales, étonnantes et finalement belles pour la plupart et j’ai été époustouflé par la somme de travail nécessaire pour les réaliser dans un monde artistique où exposer sa crotte suffit pour atteindre la notoriété.


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  • id-es-de-M-2.jpgLes socialistes au pouvoir depuis quelques mois sont traités d’amateurs. Il est vrai que depuis dix ans qu’ils étaient dans l’opposition ils n’ont pu exercer leurs talents, avec plus ou moins de bonheur, que dans leurs baronnies et semblent un peu surpris d’être à la tête du pays où ils enfilent les gaffes avec beaucoup de dextérité. Laissons leur le temps pour faire aussi bien que les professionnels de la droite qui, en dix ans, ont réussi à faire passer un excédent commercial en 2002 à un déficit de 70 milliards en 2012, à réduire les emplois manufacturiers de 20% et à creuser la dette de 600 milliards en seulement 5 ans. Certes, il est difficile de faire mieux, mais rien n’est impossible lorsqu’on acquiert de l’expérience.


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  • chagall87.jpg

     

    C’est un joli cimetière

    Où les tombes bien en rangs

    Comme s’alignent les enfants

    Dans la cour de l’école primaire

    Guettant le signal pour s’éparpiller

    A tous vents en criant leur liberté

     

    Et les morts attendent sagement

    Qu’on vienne un jour les délivrer

    Immobiles sans trop s’impatienter

    L’endroit est joli et ils ont le temps

     

    Ses portes comme des bras écartés

    Ouverts sur le monde des vivants

    Invitent les nouveaux morts à entrer

    A se coucher sans faire de manière

    Les anciens  pousseront leur pierre

    Pour faire une place au nouvel arrivé

     

    Les vivants entrent toujours gênés

    Ils marchent lentement en silence

    Avec respect pour ne pas les réveiller

    Mais ne montrent aucune impatience

    Dans ce joli cimetière pour y rester

     

    Paul Obraska

     

    Marc Chagall « Les portes du cimetière » 1917


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  • Le roman « Cinquante Nuances de Grey » d’E.L. James dont le premier tome est sorti en France le 17/10/12 a été vendu à 175000 exemplaires dès la première semaine, après avoir déjà connu un succès délirant avec 50 millions d’exemplaires  vendus dans une trentaine de pays (25 millions au Royaume-Uni !). Ce succès coïncide avec une augmentation des ventes de vibromasseurs et celles d’accessoires SM dans les sex-shops aux USA. Les lectrices seraient plus nombreuses que les lecteurs.

    Je n’ai pas lu ce livre qui raconte les péripéties sado-maso d’un couple et je ne compte pas le lire car il n’a pas, d’après les dires, les qualités littéraires des ouvrages du marquis, figure de proue de la chose, qui connut bien des prisons pour ses œuvres et ses agissements, alors que la ménagère britannique est au firmament de l’édition avec son ouvrage pornographique dont le thème obligatoirement répétitif n’a guère d’originalité.

    C’est tout de même un mystère. Les gens sont-ils si friands de relations sado-maso ? Peut-être, car comment expliquer que de jeunes Françaises, libres et coquettes pendant des années et n’ayant rien à voir dans leurs antécédents avec le monde musulman, choisissent de s’enfermer en public dans un niqab noir ne laissant apparaître que leurs yeux pour se soumettre au désir exclusif de leurs hommes ? A ma connaissance, la foi dans la religion de Mahomet n’impose pas cette horrible tenue mortuaire pour la satisfaire.


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  • caravaggio22.jpg

    Il y a beaucoup d’amateurs des films d’horreur. Beaucoup de personnes, paraissant parfaitement équilibrées, aiment regarder des monstres, des gens terrorisés, des meurtres, des tortures, des giclées de sang, et ressentir les frissons qu’ils procurent. Les meilleurs suggèrent plus qu’ils ne montrent, l’objectif étant de provoquer chez le spectateur la peur et l’angoisse, alors qu’il est assis confortablement dans un fauteuil sans être directement menacé, il peut donc jouir de cette horreur par procuration, sortir ainsi de lui-même et de la banalité de sa vie quotidienne, mais rétablir aisément, si nécessaire, son équilibre en sachant que toutes ces monstruosités sont fictives.

    J’avoue que j’ai horreur des films d’horreur. Les horreurs authentiques ne manquent pas dans le monde, et leur récit comme les images que l’on m’en donne suffisent à susciter l’inquiétude et la révolte.

    Mais je viens d’apprendre que la vision de films de terreur aurait un intérêt : celui de faire maigrir. C’est du moins ce qu’avance l’équipe britannique de Richard Mackenzie de l’université de Westminster après avoir mesuré la dépense énergétique de dix spectateurs au cours de la projection des films d’horreur. Les expérimentateurs ont ainsi pu constater que « Shining » permet de brûler 184 calories en moyenne, « Les dents de la mer », 161 calories et « l’Exorciste », 158 calories. La décharge d’adrénaline et l’accélération de la fréquence cardiaque provoquées par la peur imaginaire, mais réellement vécue par l’organisme, expliquent aisément cette dépense énergétique. Un bon « thriller » ferait dépenser l’équivalent d’une barre chocolatée, ce qui est finalement peu, et il faudrait qu’un obèse passe son temps à visionner des horreurs pour avoir une chance de maigrir, en évitant de grignoter une barre chocolatée pour calmer son angoisse, et étant sédentaire il ne lui resterait plus que la peur et quelques kilos en plus. Cette petite étude ne m’engage aucunement à changer mes goûts (je parle de ce genre de films, pas du chocolat), d’autant plus que je suis plutôt mince.

     

    Le Caravage : "Judith décapitant Holopherne"


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  • Une bonne nouvelle pour tous.

    Quelle nouvelle ! Je vous l’annonce : dans 20 ans, tous les cancers, le sida, les myopathies, et même la maladie d’Alzheimer pourront être guéris avec une probabilité de  7  sur 10 environ.

    Curieux comme vous êtes, vous allez me demander quelles sont les sommités du corps médical qui ont avancé cette estimation ? Pfft…Le corps médical ! Il n’en sait rien, on ne voit pas grand-chose quand on est le nez sur le guidon. Bien mieux, c’est le résultat de l’opinion éclairée d'un échantillon de 928 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus et à qui IPSOS/Logical Business Consulting (pour la Fondation Arc) a demandé leur avis compétent et objectif par téléphone les 12 et 13 octobre derniers, c’est dire si l’information est crédible.

     

    Une bonne nouvelle pour les homosexuels masculins.

     

    Ce n’est pas « le mariage pour tous » car est-ce une bonne nouvelle ? Un mariage sur deux se terminant par un divorce. Non, c’est la levée possible de l’interdiction de donner généreusement leur sang (et pour laquelle un homosexuel a même fait la grève de la faim). « A l’occasion de la journée mondiale du don du sang, le 14 juin dernier, la ministre de la Santé, Marisol Touraine s’est prononcée en faveur d’une levée de l’interdiction qui empêche aujourd’hui les homosexuels masculins de donner leur sang. Néanmoins, le ministre avait considéré qu’une telle décision nécessitait une réflexion approfondie… ». A noter que les politiques parlent d’abord et réfléchissent ensuite. D’après le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) qui consacrait son numéro du 23 octobre à la sécurité des produits sanguins, si tous les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) s’abstiennent de donner leur sang le risque de transmettre le virus du sida serait de 1 sur 5700000 dons. Entre 2008 et 2010, 28 séroconversions sont survenues chez les donneurs réguliers, 23 étaient de hommes et 12 d’entre eux ont admis a posteriori leurs rapports sexuels réguliers avec des hommes, de ce fait, le risque actuel est estimé a 1 sur 2900000. En excluant du don de sang que les homosexuels multipartenaires au  cours des 12 derniers mois (ce qui est envisagé), le risque pourrait s’élever au pire à 1 sur 700000, soit 4 fois plus élevé qu’aujourd’hui. Mais que ne ferait-on pas pour que les homosexuels ne se sentent pas discriminés.  

     

    Une bonne nouvelle pour les drogués.

     

    La ministre de la santé espère lancer en France des salles de consommation de drogue. Une salle de "shoot" coûterait entre 300000 et 1 million d’euros et elle permettrait aux drogués de continuer à se droguer, mais proprement et sous la houlette d’un personnel de santé. Elle indiquerait aux dealers le lieu où trouver facilement leur clientèle et il est d’ailleurs dommage que l’on n’envisage pas de permettre aux vendeurs de drogues dures d’installer des stands à l’intérieur, ce qui éviterait de perturber le voisinage par des allées et venues vacillantes (le nombre de passages prévus par jour a été estimé entre 200 et 250), ainsi que les palabres du négoce en public.


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  • Des tombereaux d’avanies sont déversés sur Lance Armstrong, champion cycliste jusqu’à cette année adulé (et jalousé) en faisant de lui un symbole sacrificiel comme l’était le bidasse fusillé pour l’exemple des tranchées de 14-18. Je ne m’intéresse pas au sport cycliste et je ne n’ai pas de sympathie ou d’admiration particulière pour le champion américain, bien que son histoire personnelle ne soit pas banale et qu’il faut rendre hommage à son intelligence autant qu’à ses muscles car pouvoir passer 500 contrôles anti-dopage en 15 ans de carrière sans que l’un d’eux se soit révélé positif, il faut le faire.

    Les tests anti-dopage coûtent cher, de 500 à 1000 € pour un test, avec une efficacité douteuse (38 cas positifs à l’EPO sur 258000 tests en 2010 selon l’agence mondiale anti-dopage). Avec un peu d’habileté il ne semble pas trop difficile de passer au travers comme l’a prouvé ce cher Lance, et c’est cette habileté des sportifs et de ceux qui les entourent plutôt que leur probité qui explique la rareté des tests positifs. Selon le responsable médical de la Fifa : « Pour attraper un tricheur, le monde du football doit dépenser 3 millions d’euros » (Le Point du 18/10/12). Dans un précédent billet j’avais proposé « Le dopage pour tous », ce qui serait plus économique et moins contraignant.

    Aujourd’hui, avant d’admirer un champion lorsqu’il domine une épreuve, on se demande s’il ne s’est pas dopé, ce doute gâche le plaisir des amateurs. Ce qui n’était pas le cas auparavant où l’on admirait les prouesses sans réserve, et on pouvait le faire puisque tout le monde se dopait plus ou moins à égalité, mais en prenant des risques avec la santé.

    Les sept victoires au tour de France vont être retirées à Armstrong et échangées contre la couronne de roi des tricheurs. L’ennui est que la plupart de ceux qu’il a dominés dans les tours de France ont été également convaincus de dopage et ont également triché. Le roi était donc le meilleur de la course, qu’on le veuille ou non, et on ne sait pas qui mettre à sa place.

    Lance Armstrong risque de faire de la prison pour son mensonge face à une commission où il a affirmé ne s’être jamais dopé. C’est que l’on ne badine pas avec le mensonge aux USA. Mais que doit-on penser du secrétaire d’Etat de Bush junior qui avait manifestement menti devant l’assemblée de l’ONU (beaucoup de témoins) en exhibant un flacon censé prouver la présence d’armes de destruction massive en Irak, justifiant ainsi une guerre et des milliers de morts ? C’est évidemment moins sérieux que le mensonge d’un sportif qui n’a tué personne, sinon lui-même.

    Enfin, n’étant pas spécialiste en la matière, je pose la question : est-ce que le dopage peut faire d’un champion moyen un grand champion ? Armstrong  se dopait essentiellement à l’EPO (érythropoïétine). C’est une hormone secrétée par le rein en réponse à l’hyoxie, c'est-à-dire à la baisse du taux d’oxygène transporté par le sang, essentiellement sur les globules rouges, et l’EPO en stimulant leur fabrication va élever ce taux d’O2 en augmentant le nombre de ses transporteurs. Normalement le sang contient environ 5 millions de globules rouges par mm3. Est-ce qu’un supplément de 500000 hématies par mm3, par ex. peut permettre à un cycliste d’arriver au sommet d’un col avant tout le monde sans qu’il y soit pour quelque chose ? Pour être honnête, j’ignore le taux supplémentaire de globules rouges provoqué par l’administration d’EPO, mais je sais qu’un taux trop élevé risque de favoriser la formation de caillots dans la circulation, ce qui n’est sûrement pas recherché par les sportifs qui s’entourent de conseillers « médicaux ». Par ailleurs, j’ignore si l’expérience a été faite de comparer les performances d’un même sportif sur la même épreuve avec ou sans EPO. La différence serait-elle déterminante ? Même si l’on sait qu’un meilleur apport en oxygène aux muscles a un effet favorable sur leur fonction.

     le chat velo Geluck 2

    Re-dessin de Philippe Geluck


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  • Une employée sud-africaine, Johanna Mmoledi, pour justifier son absence pendant un mois à son travail dans une auberge de Pretoria (un congé sans solde lui avait été refusé), motif de son licenciement, avait fourni à son employeur un certificat rédigé par une guérisseuse traditionnelle (une sangoma) affirmant qu’elle était « gravement tourmentée par ses ancêtres », et qu’elle avait suivi un séminaire destiné à les apaiser. La Cour d’appel du travail a jugé ce licenciement injuste et ce certificat valable en estimant que  l'Afrique du Sud est une société multiculturelle où la culture occidentale ne pouvait prendre le pas sur les cultures africaines. "Les entreprises ne peuvent pas uniquement accepter les certificats de médecins, alors que nous vivons dans une société diversifiée", a approuvé Ndaba Ntsele, président du Conseil des entreprises noires.

     J’ai relevé cette information avec intérêt car si les ancêtres ont à coup sûr existé pour chacun d’entre nous, même si l’on peut contester leur intervention dans le présent, leur souvenir peut venir nous habiter, alors que l’existence du démon est très incertaine. Et pourtant dans nos sociétés occidentales rationnelles, les possédés du Diable ne manquent pas, ils s’adressent, non pas à une sangoma, mais aux exorcistes officiels (120 en Pologne, j’ignore leur nombre en France, mais les petites annonces foisonnent sur le  net) et s’ils sont possédés et pistonnés, ils ont intérêt à s’adresser à l’exorciste officiel du Vatican. Le père Amorth (je ne sais pas s’il vit toujours) aurait réalisé à lui seul 70000 exorcismes dans la cité du pape et avait déclaré : « Je suis plus fort que le Diable. Quand il me voit, il se fait pipi dessus » alors que le Diable ne se laissait pas faire et le bon prêtre affirmait que, par l’intermédiaire du sujet possédé, le Diable lui avait craché des clous au visage qui, se formant juste au moment du jet, restaient invisibles aux rayons X.

    Nos possédés occidentaux justifient sans doute leur absence à leur travail en présentant un certificat médical car pour un médecin, l’hystérie ou les hallucinations entre dans le cadre de la pathologie. Pour les partisans du multiculturalisme qui fera du tissu social français un patchwork multicolore, il n’y aura guère de raisons pour qu’un certificat fourni par un guérisseur traditionnel ait moins de valeur que celui fourni par un médecin.


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