• Que penser du Penseur ?

     

    Que penser du Penseur ?

     

    L’attitude du « Penseur » de Rodin m’a toujours paru bizarre pour ne pas dire invraisemblable, en tout cas aucunement naturelle.

    Si voulez soutenir votre menton avec votre main en appuyant un coude sur une cuisse, et si vous êtes droitier, vous mettez logiquement votre coude droit sur votre cuisse droite. Le Penseur, lui, cherche la complication : il appuie son coude droit sur la cuisse gauche. Essayez, vous verrez que ce n’est pas commode, surtout si les jambes sont un peu écartées comme c’est le cas pour notre ami de bronze. De toute façon, vous ne pourrez guère rester dans cette position pour une longue réflexion car vous n’êtes pas de métal.

    Regardez maintenant sa main droite. Quand on veut soutenir une tête lourde de pensées profondes, le menton est dans la paume, l’index et le pouce encadrant la mâchoire inférieure. Notre Penseur, lui, appuie sa bouche – et non le menton – sur le dos de sa main et cette main est en flexion extrême. Essayez, et vous constaterez que votre poignet vous rappellera rapidement à l’ordre, à moins d’avoir une hyperlaxité ligamentaire (ce qui existe dans certaines maladies).

    On se demande pourquoi Rodin, qui connaissait parfaitement le corps humain, a voulu cette représentation, à moins d’illustrer par ces positions douloureuses que la pensée torture l’être humain, même lorsqu’il est bâti comme un athlète avec des arcades sourcilières proéminentes de primate.

    Enfin, le Penseur est nu comme si la pensée qui le préoccupe ne peut souffrir d'aucune distraction, y compris se vêtir. Mais les mauvais esprits se demandent si le dilemme qu’il doit résoudre au plus vite n’est pas justement dans le choix des vêtements à enfiler.

    Des esprits encore plus mauvais, devant la position avachie sur son socle et le dos courbé de notre héros, osent avancer que le Penseur ne pense pas mais qu’il défèque. Ce qui expliquerait, certes, sa nudité mais je rétorquerais à ces esprits farceurs que déféquer n’empêche pas de penser.

     

    Que penser du Penseur ?

     

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  • Commentaires

    1
    gaela
    Lundi 27 Juillet 2015 à 18:39

    Excellente votre analyse ! j'adhère à 100%, amitiés bretonnes Gaëla

    2
    Lundi 27 Juillet 2015 à 19:07

    Merci. Content de votre passage. Amitiés parisiennes

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    3
    Lundi 27 Juillet 2015 à 19:50

    Effectivement Doc, vos remarques suscitent des questions, belle analyse ! Bonne soirée. ZAZA

    4
    Lundi 27 Juillet 2015 à 19:54

    De quoi s'asseoir...et penser. smile

    5
    Mardi 28 Juillet 2015 à 09:51
    Pangloss

    Il pensieroso de Michel-Ange a une attitude plus naturelle. ("Pensieroso" se traduit par "pensif" ou "soucieux". Les Italiens appellent l'oeuvre de Rodin "Il pensatore").

    6
    Mardi 28 Juillet 2015 à 10:48

    S'agit-il de cette statue ? Si c'est le cas, la position du membre supérieur gauche est parfaite. Par contre pour le droit, on a l'impression qu'il s'est luxé quelque chose smile

    7
    Mardi 28 Juillet 2015 à 16:04

    En effet, les deux ne sont aucunement incompatibles...je crois que Rodin a préféré appeler son oeuvre "Le Penseur" parce que "Le Ch..." eût vraiment fait mauvais effet.

    Amitiés.

    8
    Mardi 28 Juillet 2015 à 16:47

    Il y a d'ailleurs des pensées qu'il est difficile d'exonérer.

    9
    Vendredi 7 Août 2015 à 17:17

    Peut-être que le déroulement de la taille de la statue est responsable, je m'explique. Il se peut que pendant la taille, des imperfections voire des aléas aient survenus, obligeant ainsi le sculpteur à modifier son idée première, surtout si ses premières tailles sont de qualité.

    10
    Samedi 8 Août 2015 à 08:09

    Possible. Les imperfections sont certaines.

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