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Quand on ne veut pas se voir en peinture
La caricature grossit à l’extrême les défauts d’un sujet et peut même réussir à transformer des qualités en défauts. Le talent du dessinateur fait en sorte que les transformations qu’il opère ne dénaturent pas fondamentalement le sujet. Il est toujours reconnaissable, il n’est pas exact, mais il est vrai. La caricature montre même des vérités qui n’apparaissent pas de prime abord, c’est un miroir déformant, mais aussi un miroir révélateur.
Toutes les religions monothéistes ont ou ont eu leurs caricatures. Le juif orthodoxe dans ses habits de noble polonais du passé est une caricature du judaïsme, mais, lui, s’estime, bien sûr, le seul authentique. Le christianisme se caricature dans les sectes aux USA, et ses caricatures ont pu être terribles dans le passé en allant jusqu’au meurtre pour sauver les âmes ou par un désir extrême d’austérité et de pureté voulues jusqu’au sacrifice ou imposées, par exemple sous la férule de Savonarole à la société florentine au XVe siècle.
Les islamistes de Daech réalisent aujourd’hui la caricature la plus aboutie de l’islam. Tout est déformé à l’extrême, mais rien n’est vraiment faux puisqu’ils se placent au temps de leur prophète en abolissant le passé du monde et son avenir.
On efface tout et on recommence.
Car comme le dit l’écrivain algérien Kamel Daoud : « Nous (les musulmans) souffrons d’être vaincus, niés, impuissants, inutiles au monde, incapables de nous relever, de rencontrer ou de surmonter par l’effort et la compréhension, d’être courageux face à notre face d’ombre et de rire de notre sort pour mieux concevoir l’avenir »[1]. Je trouve que l’expression « inutiles au monde » est de sa part un constat terrible et désespéré.
La caricature est mal supportée dans le monde musulman, car il n’accepte pas la vérité qu’elle peut parfois lui révéler. Rire de soi est un signe de civilisation. Il préfère rester dans le déni, et supprimer le dessinateur ou l’écrivain. Supprimer celui qui pose la question plutôt que de tenter d’y répondre.
C’est ainsi que l’écrivain jordanien Nahed Hattar fut tué sur les marches du palais de justice, accusé de blasphème pour avoir posté une caricature sur sa page Facebook.
Daoud parle du « refus du portrait de soi dans le monde dit « musulman ». Et il ajoute : « Alors, pourquoi se sent-on offensé par un dessin et non par la monstruosité de ceux qui utilisent cette religion pour massacrer l’humain ? Pourquoi y a-t-il des marches contre des caricatures et pas contre Daech ?
Parce que Daech n’est pas si éloigné de l’islam que l’on veut bien le dire, c’est sa caricature, ce n’est qu’un avatar des théocraties islamiques avec lesquelles le reste du monde a de bonnes relations. Les uns comme les autres refusent de se regarder dans le miroir ou préfère le briser plutôt que de constater que la civilisation musulmane, si brillante à ses débuts, est devenue stérile, sans avoir inventé quoi que ce soit de décisif depuis des siècles.
[1] « Tuer le miroir » chronique parue dans Le Point du 6/10/16
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Commentaires
3Souris doncMardi 11 Octobre 2016 à 18:48Dans sa chronique, Kamel Daoud dénonce la cécité commode des musulmans qui se cachent derrière Dieu ou son prophète. On dit que la représentation est interdite en islam. En vérité, nous nous interdisons de représenter nos réalités. Réalités qui ne sont pas glorieuses.
La caricature est honnie parce qu'elle renvoie à ces réalités en les mettant en évidence. Bien vu aussi, sa comparaison avec la vacuité du selfie où le réel n'est qu'arrière-plan.
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Mardi 11 Octobre 2016 à 18:58
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Souris doncMardi 11 Octobre 2016 à 19:06
Et il est poursuivi par une fatwa.
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Mardi 11 Octobre 2016 à 19:12
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Souris doncMardi 11 Octobre 2016 à 19:46
Comme quelques autres qui clament dans le désert et ne sont pas prophètes en leur pays : Abdenour Bidar, Chalgoumi, Malika Sorel dont le blog est en dormance, sans doute suite à des menaces. Sans parler de Salman Rushdie (dont les Versets Sataniques sont d'un ennui profond).
Nos bisounours de gauche postulent (et posturent) le joli vivre-ensemble, le sexy burkini, un dresscode comme un autre, pendant que les journaux algériens s'en offusquent. On marche sur la tête par électoralisme. Quantité d'immigrés mettent leurs drôles dans des écoles cathos et votent Marine Le Pen depuis le mariage parodique et gay-pride que ne leur plaisent que moyennement.
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Mardi 11 Octobre 2016 à 19:55
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Je partage l'idée que l'Islam de Daech est une composante (caricaturale, certes) de l'Islam. La preuve en est qu'aucun imam ou ayatollah n'a ( à ma connaissance) lancé de fatwa contre les dirigeants de Daech. Ce serait assurément le cas s'ils estimaient que l'Islam était "dévoyé" par ces derniers.L'argument du faux islam (contre le vrai) est un argument créé en Occident à l'usage des occidentaux.
Mais notons également que ce côté caricatural est aussi l'apanage de l'extrême droite en Europe. Ces "défenseurs" de la culture, de l'histoire et des populations européennes ne retiennent que des idées et des analyses qui avaient cours il y a quelques siècles : qu'il y a des races parmi les hommes, que la race blanche est et a toujours été supérieure aux autres, que la colonisation a été très positive pour les colonisés, que l'Algérie avait vocation à rester française, que l'homosexualité est une abomination, que la place naturelle des femmes est plutôt au foyer...
Tout cela aussi c'est de la pensée occidentale figée dans le passé et caricaturée à l'extrême.
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Mercredi 12 Octobre 2016 à 11:02
J'ignore si les dirigeants de EI ont été "juridiquement" condamnés ou si les condamnations sont purement théoriques et sans aucune valeur et uniquement pour se dédouaner auprès des occidentaux.
Je me suis contenté d'évoquer la caricature dans les religions mais tout extrémisme devient une caricature
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Souris doncMercredi 12 Octobre 2016 à 15:27
L'extrême droite en Europe ? Où ça ? Pour ce qui est de la France, à part crier "On est chez nous !", mettre une banderole en haut d'une mosquée et une tête de cochon devant ? Ce que vous énumérez, Carlus, date des années 60. Depuis, les médias ont rééduqué les masses à la pensée unique et au politiquement correct. On assiste plutôt à une sidération devant le déferlement et la spoliation.
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Mercredi 12 Octobre 2016 à 17:57
Quand on regarde les résultats électoraux en Europe, les partis d'extrême droite ont nettement progressé jusqu'à être en tête dans certaines régions. Justement si l'on compare la situation actuelle à celle des années 60, les partis d'Ex.D. étaient à l'époque minuscules. Je crois que Le Pen recueillait aux élections environ de 1% ou 2% des voix.
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Souris, quand un membre du bureau politique du FN dit le 11/06/2016 (il y a quatre mois) : "PMF( Pierre Mendès France) a trahi la France à plusieurs reprises, en 1940 et lors de la guerre d'Indochine", il dévoile qu'il est pétainiste, nostalgique de la collaboration, nostalgique du bon vieux temps des colonies. Donc ce n'est même pas dans les années 60 qu'il est resté figé, mais bien dans les années 40 au temps de l'occupation et de la Gestapo.
Et ce type-là a des chances demain de devenir ministre d'un gouvernement que les Français auront porté au pouvoir pour faire face à l’obscurantisme. Vous voyez l'ironie ?
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Souris doncMercredi 12 Octobre 2016 à 20:19
On devrait dire partis populistes, plutôt que d'extrême droite. Leurs dirigeants s'inscrivent peut-être dans une continuité historique, mais leurs sympathisants sont plutôt les déclassés de la France périphérique affolés par l'immigration de masse. Guilluy explique ça. Les métropoles gentrifiées par les bobos et les peu qualifiés du BTP, des services et de la restauration (immigrés), un maigre parc social intermédiaire pour les "keyworkers", personnels de santé, instits, policiers... Tous les autres, abandonnés idéologiquement (beaufs et ploucs), et relégués en grande banlieue ou en province, et venant grossir les rangs des partis populistes.
C'est très visible en Allemagne où Pegida et l'AfD cartonnent depuis l'initiative malheureuse de Merkel, alors que l'extrême droite, justement pour des raisons historiques, y était confidentielle. Ces partis faisant leurs meilleurs scores dans les Länder de l'ex-RDA, moins bien lotis, moins embourgeoisés.
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Mercredi 12 Octobre 2016 à 20:39
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Souris doncJeudi 13 Octobre 2016 à 09:04
Je trouve plus grave le quinquennat raté de François Hollande ponctué par ces incroyables confidences aux journalistes, la cécité des médias devant l'évidence de son incompétence, qui minimisent, dédramatisent, cherchent à faire diversion. C'est pire que tomber d'un train en pyjama, mais non, la même cécité que sur la nature totalitaire de l'utopie égalitariste.
Jamais je ne voterai FN, dont le programme économique est à la virgule près celui de Mélenchon. Les positions sur l'immigration me le rendraient sympathique, c'est le seul parti qui ose appeler les choses par leur nom, et c'est sur ces positions que la presse Pigasse se déchaîne. "Haine de l'Autre", [comprendre l'immigré] l'Autre paré de toutes les vertus car on "feint d'en être l'organisateur" quand on est dépassé. S'indigner bruyamment du vote FN. Là, personne ne feint d'en être l'organisateur, alors que le vote FN résulte directement de l'abandon des classes populaires. Et pas d'une appétence pour des idées nazies.
Même cécité que celle dénoncée par Kamel Douad.
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Jeudi 13 Octobre 2016 à 09:54
Le quinquennat raté de Hollande ne me semble pas plus grave que les idées véhiculées par des nazillons. Les électeurs du FN ont effectivement d'autres préoccupations que l'extrémisme. Le FN soulève de vraies questions, mais ce n'est pas parce que deux personnes regardent dans la même direction qu'elles sont amies.
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Daech arrive après Al qaïda, et après ???
Quand nous aurons, (si nous y arrivons) stoppé Daech, il y en aura d'autre, et puis un autre, ils sont comme les mauvaises herbes...ils poussent...poussent...
Il faut faire revenir les dictateurs.