• Quand le bâtiment va, tout s’en va

    Quand le bâtiment va, tout s’en va

    J’ai une certaine tendresse pour l’Hôtel-Dieu, hôpital vénérable à la belle architecture et situé en plein centre de Paris. Cette tendresse vient aussi du fait que c’est là que j’ai débuté mes études de médecine après l’année propédeutique de l’époque (physique, chimie, biologie, qui se déroulait à la Faculté des sciences). J’ai passé un an dans cet hôpital qui abritait dans ses locaux désuets mais pleins de charme (sans doute moins pour les patients alignés dans des salles communes) d’excellents services de médecine sur lesquels se penchaient des ancêtres aux noms prestigieux.

    Il est certain que cet établissement avec de belles cours intérieures et donnant sur le parvis de Notre-Dame a toujours attiré les convoitises et suscité des projets de transformation plus moins sensés, mais il semble que le plus farfelu mais le plus rentable ait eu gain de cause (avec l’aval de Martin Hirsch, directeur de l’AP, et de Mme Hidalgo, devenue un peu plus réticente dans la perspective des prochaines élections municipales), en suscitant cependant, novembre dernier, une protestation énergique de la « Commission du vieux Paris » qualifiant ce projet de « scandaleux » et l’opération de « vandalisme architectural »

    En effet, il est prévu de céder partiellement le plus vieil hôpital de Paris à un promoteur immobilier (Novaxia) pour 144 millions d'euros via un bail de 80 ans.

    Le tiers de sa surface, le mieux situé avec son jardin intérieur et devant le parvis, sera mis à la disposition du promoteur d’ici "trois, quatre ans". Dans ce laps de temps, les équipes hospitalières seront réinstallées dans de nouveaux locaux sur les deux tiers restants de l'hôpital, où sont prévus des travaux avec la construction d’immeubles de quatre étages avec, paraît-il, l’utilisation du charmant square Jean XXIII pour accueillir des baraquements.

    Sur le tiers cédé il est envisagé de bien belles choses, outre des logements pour étudiants, « un incubateur de start-up », sans oublier, bien entendu, car c’est le but de la manœuvre, une « offre variée de restauration (dont un restaurent gastronomique) et des commerces » sans doute orientés vers les touristes (Notre-Dame et Tour Eiffel miniatures ?) qui se pressent habituellement en face, sur le parvis.

    Si cette opération immobilière destructrice et irrespectueuse de l’environnement parait rentable, le moment choisi n’est peut-être pas adéquat en raison de la crise hospitalière que nous vivons.

    « La dictature de papierEst-il immature ? »

  • Commentaires

    1
    Lundi 27 Janvier 2020 à 18:57
    Pangloss

    Bonjour les touristes! (en bonne santé)

      • Lundi 27 Janvier 2020 à 19:10

        On aurait pu en faire un hôtel, les lits étant déjà là.

    2
    Lundi 27 Janvier 2020 à 20:55

    ... et, simple constatation, bien sur et sans aucun sous-entendu, on peut ajouter à ce vieil hôpital les disponibilités immobilières de l'ancien Palais de Justice désert, du 36 quai des Orfèvres quasi vide, et de quelques autres divers bâtiments publics ou administratifs peu attrayants touristiquement parlant... plus quelques jolis espaces davantage folkloriques que "rentables" comme les marchés aux fleurs et aux oiseaux... et sans oublier Notre-Dame qui a opportunément bien besoin de quelques menus petits travaux vite faits pour être encore plus belle qu'avant l'incendie...

    ...c'est quand-même tout un monde qui fout le camp.

     

      • Lundi 27 Janvier 2020 à 21:05

        Le patrimoine n'est pas rentable sauf si l'on en fait un lieu touristique. Et la beauté des choses inutiles et gratuites, bordel ?!

    3
    Lundi 27 Janvier 2020 à 22:19

    Les promoteurs immobiliers ont si mauvaise presse dans les films américains et dans les propos des politiciens que je n'aime pas, que j'ai tendance, juste par esprit de contradiction, à accueillir leurs projets avec un a priori positif. 

    Et, peut-être à cause de cet a priori, il m'a semblé que malgré la nostalgie, votre sentiment était très nuancé et pas vraiment hostile au projet. 

      • Lundi 27 Janvier 2020 à 23:17

        Si je comprends que toute chose est amenée à évoluer, dans ce cas précis la destruction d'une harmonie architecturale dans un but essentiellement mercantile ne me semble pas admissible. Ce n'est pas une bonne façon de trouver 144 millions à investir ailleurs.

        NB Bravo pour votre dernière revue historique.

    4
    Mardi 28 Janvier 2020 à 10:08

    Ces gens sont persuadés que tout leur appartient et détruisent notre héritage sans vergogne!

      • Mardi 28 Janvier 2020 à 10:33

        Il faut respecter ce que le passé nous a livré de beau.

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