• Profession : courtisane

    Profession : courtisane

    Place Saint-Georges dans le 9ème arr. de Paris, je ne manque jamais de m’arrêter devant ce bel hôtel particulier, dans un style gothique et renaissance, l’hôtel de la Païva, qui fut habité en 1851 par la marquise Païva y Arunjo, épouse pour un temps bref du marquis portugais du même nom. On peut d’ailleurs se demander si elle ne l’avait pas épousé pour ce « Païva » qui lui plaisait et qu’elle allait conserver par la suite.

    Esther (puis Thérèse) Lechmann naquit pauvre dans le ghetto juif de Moscou. On la maria à 16 ans à un tailleur français, elle le quitta pour suivre un amant et après quelques pérégrinations elle se retrouva à Paris. Courtisane de haut vol, élégante et endurante, elle allait par ses talents (notamment sexuels) posséder de superbes demeures, collectionner les diamants, et les amants, dont une enfilade de Lords anglais lors de son séjour à Londres.

    Elle épingla surtout à son palmarès le comte prussien Henckel von Donnersmarck, cousin de Bismarck, d’abord amant puis époux princier qui lui offrit l’hôtel Païva du 25 Av des Champs- Elysées dont la construction dura 10 ans et coûta la bagatelle de 10 millions de francs de l’époque.

    Profession : courtisaneLes célébrités se pressaient à ses réceptions, car si l’aristocratie la boudait ce ne fut pas le cas des hommes politiques (Gambetta, Emile Girardin), des artistes (elle connut de grands musiciens comme Liszt et Wagner par l’intermédiaire d’un amant pianiste…Et au départ riche, Henri Herz) et des écrivains (les Goncourt, Théophile Gautier, Renan, Taine – du beau monde pour une demi-mondaine). Soupçonnée d’espionnage elle termina – dans le luxe d’un château – sa vie en Pologne, berceau de sa famille. Une vie bien remplie où elle s’était largement donnée mais en comptant.

    Curieusement, cette belle rousse n’aimait pas son visage ce qui explique peut-être ce curieux portrait où elle est représentée de dos !

    Les courtisanes d’antan avaient une vie aventureuse et amoureuse tout de même étonnante, avec le statut quasi officiel de prostituée de luxe, mais que les hommes haut placés n’hésitaient pas à épouser (la pancarte historique de l’hôtel signale d’ailleurs que « la Païva était une courtisane adulée sous le second Empire »).

    « Le spectacle de la médecineLE CHAPEAU »

  • Commentaires

    1
    Vendredi 14 Novembre 2014 à 17:30

    Toute une époque! La Païva et ses consœurs avaient tout de même plus d'allure que Zaïa et Nabilla...excusez moi, c'est mon côté réactionnaire...

    Amitiés. 

    2
    Vendredi 14 Novembre 2014 à 17:35

    Ces courtisanes l'étaient officiellement. Aujourd'hui, elles sont mannequins, stylistes ou comédiennes.

    3
    Vendredi 14 Novembre 2014 à 17:36

    Nouratin. Pour une fois, je serais aussi réactionnaire que vous.

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    4
    Vendredi 14 Novembre 2014 à 17:38

    Pangloss. Elles ont donc un petit boulot à côté pour garder leur indépendance.

    5
    Vendredi 14 Novembre 2014 à 18:05

    Les courtisanes de l'époque, étaient plus franches tout simplement! Aujourd'hui, nous vivons dans un monde d'hypocrisie total, et ceci a augmenté sous l'égide du gros François, qui n'a pas hésité à faire installer sa maîtresse  dans le palais de l'Elysée...

    6
    Vendredi 14 Novembre 2014 à 18:22

    En un sens nous sommes plus prudes qu'autrefois. Imagine-t-on aujourd'hui un haut personnage épousant une prostituée notoire ?

    7
    Vendredi 14 Novembre 2014 à 23:40

    Impressionnant, le CV de cette dame !

    Notons que,  si nos excellentes lois actuelles avaient été en vigueur à l'époque, tout ce beau monde aurait été condamné à beaucoup de contraventions de 1.500 euros en plus de l'obligation de suivre des "stages de sensibilisation à la lutte contre l'achat d'actes sexuels". 

    8
    Samedi 15 Novembre 2014 à 08:31

    Mais ceux qui, à l'époque, achetaient des actes sexuels étaient également ceux qui faisaient les lois.

    9
    Kristen Chaman
    Dimanche 16 Novembre 2014 à 01:26

    Pendant la construction, les petits journaux annonçaient l’état des travaux, et s'interrogeaient sur leur bonne marche, tel le journaliste chroniqueur Aurélien Scholl, revenant des Champs-Elysées : On lui demanda s’il était passé devant l’hôtel en construction de Mme de Païva. "Où en sont les travaux ? - Ça va, répondit Scholl. Le principal est fait. On a posé le trottoir !".

    10
    Dimanche 16 Novembre 2014 à 08:57

    Oui, je connaissais cette répartie méprisante.

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