• Pour une nouvelle salle des ventes

    Il y a des bourses pour les actions des entreprises. Il y a des salles de vente pour les objets d’art. Il y a le top 50 pour les chansons. Il y a la liste des meilleures ventes pour les livres et bien d’autres classements, mais rien pour la valeur marchande des émotions et des actions humaines.

    Il est urgent de combler cette lacune et je propose la création d’une salle des ventes où l’on pourrait vendre aux enchères de l’humain et en établir ainsi la valeur commerciale. Donnons quelques exemples pour montrer la pertinence de cette proposition :

    Personne ne sait ce que peut rapporter les images de parents ayant perdu leur enfant dont la cotation devrait être majorée par la présence de larmes sur les visages. Les images de guerre ou de catastrophes se vendent dans le monde entier, mais l’estimation de leur valeur devrait tenir compte du nombre de cadavres visibles et de leur état.

    Vous voyez qu’il est impératif d’établir une cotation sérieuse alors que ce domaine d’activité est manifestement déréglementé et livré au hasard. Les commissaires-priseurs seront là pour vérifier l’authenticité des images, s’en montrer garant et repérer les faussaires qui risquent de proposer à la vente de fausses images de malheurs, comme celles de faux charniers ou de fausses opérations militaires.

    Comme toujours c’est la rareté qui conduira à monter les prix.  La multiplication d’un type d’images provoquera sa dévalorisation, comme celles de chômeurs en détresse qui n’ont plus guère de valeur marchande, ou celles des miséreux dormant dans des cartons devenues d’une grande banalité et que l’on a de ce fait sorties du marché.

    « 38. La chasse aux cadavresDentelles noires, dentelles blanches »

  • Commentaires

    1
    Samedi 25 Octobre 2008 à 11:04
    Allez plus loin! Ces images peuvent avoir un effet thérapeutique sur certains sujets légèrement dépressifs auxquels elles permettraient de relativiser leurs petits malheurs. A n'utiliser que sur avis médical, bien entendu, car sur certains malades elles risquent d'accentuer un pessimisme dangereux et d'accentuer des tendances suicidaires. Il convient en outre d'éviter l'auto-médication relevant trop souvent du voyeurisme morbide et pour cela imposer la présence d'un médecin psychiatre dans toutes les rédactions des magazines à sensation. Un bon moyen de creuser encore le trou de la sécu!
    2
    Samedi 25 Octobre 2008 à 11:25

    Merci pour ce commentaire-complément. Ma proposition vise à organiser le marché (c'est très à la mode). Quant aux images elles sont déjà en libre-service dans tous les médias, mais malheureusement sans encadrement médical et sans l'inévitable cellule psychologique que l'on met pourtant à toutes les sauces.
    Dr WO

    3
    Samedi 25 Octobre 2008 à 13:50
    Pas grand chose à ajouter ! Le spectacle du malheur des uns fait le régal du voyeurisme des autres, bien contents de rentrer ensuite chez eux en fermant bien la porte au cas où ce serait contagieux !
    4
    Samedi 25 Octobre 2008 à 16:09

    Il ne sert à rien de fermer la porte puisque le malheur entre par les petites lucarnes. Il est vrai que l'image télévisuelle est virtuelle et moins choquante que la vision directe, car plus ou moins assimilée aux fictions sanglantes qui remplissent nos soirées.
    Dr WO

    5
    Samedi 25 Octobre 2008 à 18:49
    De toutes façons il est bien connu que le malheur est bien plus vendeur que le bonheur...Dommage !
    6
    Samedi 25 Octobre 2008 à 21:31
    Et la tragédie est plus facile à faire que la comédie.
    Dr WO
    7
    Mercredi 30 Mars 2011 à 11:47
    Sublime idée. C'est vrai, il y a trop de flou et les photographes de guerre n'ont pas de protocole précis pour établir leur prix. Nous vivons dans l'amateurisme. Les larmes, le sang, les mutilations, on devrait établir un quota clair. En ce moment, je crois que le nucléaire est à la hausse, mais pour combien de temps ? En fait, ce serait même bien de les faire entrer en bourse, non ? On remarquerait certainement que le malheur est plus payant. De là on pourrait même imaginer que certains magazines côtés pourraient aider financièrement les révoltes. Et puis, on pourrait économiser les sourires pour les sortir contre monnaie sonnante.
    Vous dites que les commissaires-priseurs pourraient être garants de l'authenticité des sentiments, mais là, je crois qu'il serait bon de leur adjoindre des experts dans chaque domaine spécifique tel que maladie, guerre, accident, catastrophe naturelle, drame conjugal...
    8
    Mercredi 30 Mars 2011 à 17:54

    Vous avez raison. Les experts manquent dans ma proposition. Il y en a partout, les experts du malheur ne devraient pas manquer.

    Dr WO

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