• PORTRAITS XXXIII

      freud large-interior

     

    LE TAUDIS EN FETE

     

    Sous les toits, dans un taudis

    Quatre adolescents assis et un enfant couché

    Ont revêtu leurs plus beaux habits

     

    De l’ocre macule les murs par endroits

    Des tuyaux rectilignes de métal rouillé

    Serpentent dénudés le long des parois

    Un miroir glauque au reflet estompé

    Deux robinets, un lavabo angulaire

    Ils ont avec soin balayé le plancher

    Sur la table pousse un buisson vert

    Dans la misère nue des quatre murs

    L’un contre l’autre, leurs corps serrés

    Les quatre jeunes gens à la morne figure

    Sur un lit de métal servant de canapé

    Se sont déguisés en riches créatures

    Robes à fleurs, robe à bandes dorées

    L’aîné, les pieds nus, les mains ballantes

    Un éventail brasse la froideur du taudis

    Une mandoline aux cordes manquantes

    C’est la fête amère des enfants démunis

     

    Quatre adolescents assis et un enfant couché

    Ont revêtu leurs plus beaux habits

    Ils posent dans un rêve désespéré

     

    Paul Obraska

     

    Lucian Freud « Intérieur W11 » (après Watteau) 1981-83

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 24 Novembre 2011 à 16:44

    Merci. A voir leurs visages, ils jouent, mais ne croient pas à leur jeu.

    2
    Jeudi 24 Novembre 2011 à 17:43
    Bravo Doc, ce superbe poème illustre à merveille le tableau que tu viens de nous présenter. En effet, les enfants jouent, mais dans un tel dénuement que cela me ferait presque pleurer. Bonne soirée mon ami.
    3
    Jeudi 24 Novembre 2011 à 17:56
    Je les vois, ils sont là, je les ressens et j'ai mal avec eux, parce-que vous en parlez bien Paul et parce que je trouve certaines choses si injustes...Merci
    Nettoue
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    4
    Jeudi 24 Novembre 2011 à 18:07

    C'est un tableau d'une grande tristesse.

    5
    Jeudi 24 Novembre 2011 à 18:12

    Contraste entre la chambre et cette tentative des enfants. Des robes trop grandes pour deux d'entre elles.

    6
    Jeudi 24 Novembre 2011 à 18:38
    J'aime bien votre poème et pas du tout le tableau.
    7
    Jeudi 24 Novembre 2011 à 18:48

    Lucian Freud est d'un expressionnisme dur, petit-fils de Freud, il peignait un peu comme le faisait son grand-père avec la psychanalyse. Il n'exprime pas le beau, mais le laid.

    8
    Jeudi 24 Novembre 2011 à 18:49
    Une idée du désespoir que l'on tente de conjurer... vous en faites une très belle description Dr WO. Un peintre du désespoir.
    9
    Jeudi 24 Novembre 2011 à 18:56

    La laideur est effectivement désespérante.

    10
    Jeudi 24 Novembre 2011 à 20:30
    Heureusement que j'ai le moral aujourd'hui ! D'accord avec Pangloss...
    11
    Jeudi 24 Novembre 2011 à 20:41

    La peinture de Lucian Freud n'est pas "ma tasse de thé". Mais ce tableau est terriblement expressif.

    12
    Vendredi 25 Novembre 2011 à 18:24
    Une poésie qui fait froid dans le dos pour un tableau vif et cruel, laissant libre cours à l'imagination funeste. Je peine à croire que votre humeur soit des plus joyeuses en ce moment...
    Béa
    13
    Vendredi 25 Novembre 2011 à 18:37

    Comme tout un chacun, mon humeur varie.

    14
    Gaïa l
    Lundi 7 Janvier 2013 à 16:01
    Magnifique poème pour nous rappeler une triste réalité .Merci à toi .Dans le dénuement complet essayer de jouer au Bonheur .Jouer n'est ce pas ce à quoi tous les enfants devraient avoir droit ?
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