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Par Dr WO le 11 Avril 2008 à 17:22
Giovanni Bellini "Portrait d'un condottiere (Giovanni Emo)
POUVOIRAdmirez mes lèvres pincées, mon visage sévère,
Mes rides du front, mon regard arrogant,
Ma fière allure de condotierre !
Je suis important.
Les autres m'obéissent et j'aime commander,
Tous me craignent, je suis puissant,
Je suis cruel, je suis sans pitié !
Je suis important.
Mais comme vous, je cache des vices,
J'éructe et je lâche des vents,
Je défèque et je pisse.
Je ne suis qu'un sac de viscères.
Je terminerai en poussières.
Suis-je important ?
Paul Obraska
Le Caravage "Narcisse"
NARCISSENarcisse contemple son visage si beau
Dans la fontaine à l'eau si claire
Un reflet liquide sans défaut
Qui ne cesse de lui plaire
Il ne détache plus son regard
De cet autre si semblable
Image aimée insaisissable
Dans l'eau lisse du miroir
Repoussant celles qui l'aiment
Il dépérit de désespoir
Seul avec lui-même
Prisonnier du miroir
3 commentaires -
Par Dr WO le 30 Mars 2008 à 16:24
Robert Campin (1430)
PORTRAIT DE FEMME
J'aurais aimé être ce peintre inspiré
Pour caresser de mes pinceaux
Ton visage par la grâce épuré
Que montre ce tableau
M'appliquer sur tes lèvres pulpeuses
M'attarder sur tes yeux rêveurs
Frôler de couleurs ta peau soyeuse
Et vouloir retirer ce voile de sœur
Depuis le lointain Moyen Âge
Cette toile a traversé le temps
Pour nous offrir l'image
De tes premiers printemps
Ton corps depuis longtemps a disparu du linceul
Mais tu vis encore dans la toile du passé
L'artiste inspiré à lui seul
T'a donné de l'immortalité
Paul Obraska
Félix Vallotton "Portrait de la femme au chapeau noir"
LE CHAPEAUElle avait gardé son chapeau
Orné d'un ruban rose et blanc
Elle avait gardé les yeux clos
En retenant d'une main
Sa robe négligemment
Elle avait dévoilé distraitement
Un sein
Et recouvert par malice son voisin
La poitrine découverte couronnée
De l'ovale d'or d'un fin collier
C'était le chapeau gardé sur la tête
Qui avait rendu ce sein si nu
Et les paupières closes qui avaient rendu
Ce visage si serein, la pose si coquette
Et la femme offerte si prête
Paul Obraska
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Par Dr WO le 8 Mars 2008 à 11:38
René Magritte "La géante"
LA GEANTEL’homme dans sa vie d’erranceRencontra un jour une géanteLa femme inattendue, immenseA la nudité impressionnanteLe regard de l’homme stupéfaitSuivit les hautes colonnes galbéesQui montaient, montaient, montaientJusqu’au triangle aimé des perditionsJusqu’à l’ample nid de l’HumanitéL’homme qui ne cherchait que sa satisfactionPosa son regard sur les sphères du désirLa femme géante leva les brasEt lassée poussa un soupirEn révélant ses appâtsComme une invitationSe voulant dominateur même d’en basL’homme chercha son regard en vainLa femme détourna les yeux avec ostentationUn peu méprisanteLe regard lointainLa femme n’était pas géanteC’est l’homme qui était nain
Paul ObraskaAUX FEMMESFemmes exposées nues à chaque coin de rueFemmes rendues honteuses au corps masquéFemmes épousées de force par des inconnusFemmes abandonnées une fois engrosséesFillettes au sexe mutilé pour ne pas jouirFilles coupables d’avoir été violéesFemmes contaminées sans pouvoir rien direFemmes battues pour une soupe en retardFemmes tuées dans des relents d’alcoolFilles impubères vendues aux vieillardsFillettes assassinées après l’écoleFemmes prostituées que l’on met au pasFilles esclaves de gens sans paroleFemmes-bétail juste bonnes à mettre basFemmes cachées, forcées, répudiées, venduesFemmes, exploitées, prostituées, battues,Femmes violées, mutilées, tuéesAu nom des hommes demeurésAu nom des hommes sans nomJe vous demande pardon
Paul Obraska
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Par Dr WO le 29 Février 2008 à 10:42
Karl Brulloff "Svetlana devinant son futur"
MIROIRUne jeune femme inquiète regarde son image
Cette image qu’elle aime sans cesse regarder
Le miroir lui offre encore un beau visage
Qu’elle ne peut s’empêcher de voir laid et ridé
Dans le miroir un étranger me regarde étonné
Cette face inversée est pourtant la mienne
Ce n’est pas celle que j’aurais imaginée
Et jamais les mêmes traits ne reviennent
Le miroir comme une horloge implacable
Reflète peu à peu de cruelles apparences
Et même la tristesse de se voir semblable
Ceux qui se mirent avec complaisance
Devraient garder leur image en mémoire
LE DORMEUR DE L’ARENE
C’est une arène ocre bordée d’étables.
La clameur lentement s’est retirée,
Comme meurt une vague sur le sable.
La foule regarde en silence, fascinée.
Le toréador allongé sur son échine,
Tranquille, la tête tournée de côté,
Une main repose à plat sur sa poitrine,
Celle qui tenait son épée abandonnée.
Il paraît endormi, il a terminé son rôle,
La cape au sol comme un drapeau vaincu,
Une flaque de sang près de son épaule,
Du sang que l’ocre de l’arène a déjà bu.
Sable sanglant, jaune et vermeil
Comme le drapeau hispanique et le soleil.
Paul obraska Vasiliy Polenov "Portrait du conteur Nikita Bogdanov"
LE CONTEURDans le froid de l’hiver et le chaud de l’été
Le conteur s’en va par les chemins boueux
Des chiffons couverts de paille aux pieds
Revêtu de ses hardes déchirées de gueux
C’est un roi qui va de village en village
Reçu avec joie dans chaque chaumière
Les serfs offrent eau et pain en partage
Et les animaux la tiédeur des litières
C’est un roi sans terres et sans bagages
Son royaume sans limite est celui des rêves
A la veillée la flambée éclaire les visages
Tournés vers le conteur qui parle sans trêve
Il allume des étoiles dans les yeux de chacun
Elles illuminent pour un soir leur vie sacrifiée
Les contes terminés et quand l’âtre s’éteint
Les serfs sur leurs paillasses continuent à rêver
Demain le roi en guenilles reprendra le chemin
Dans le froid de l’hiver et le chaud de l’été
Il ira de village en village le bâton à la main
Partager son royaume de rêves éveillés
Paul Obraska
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Par Dr WO le 26 Février 2008 à 18:00
Le Caravage « La diseuse de bonne aventure »
DISEUSELe jeune homme joueur ou créduleTend les plis de sa paume à la diseuse,En espérant qu’elle fera sans scrupuleLe conte d’une destinée fabuleuse.La femme attentive ne regarde pas la mainMais le visage rêveur de celui qui la tend.Veut-il vraiment connaître son destinDont chacun sait l’aboutissement ?Diseuse, tu peux le faire rêver avant sa mortD’amours, de richesses et de gloire,Les rêves ne changeront rien à son sort.Diseuse, raconte-lui de belles histoires,Les hommes aiment brûler leur présentPour de chimériques enchantements.
Paul Obraska
Velazquez « Le bouffon de Calabazas »
LE BOUFFONLe regard triste, le bouffon ritIl est là pour amuser la galerieAlors il grimace ses pitreriesEt autour les spectateurs rientIl aime entendre leurs riresPour lui il n'y a rien de pireQue l'absence de sourireSur le visage sec des siresCar son admirable métier étaitDe faire paraître la vie plus gaieAux flatteurs fortunés du palaisTourmentés de désirs insatisfaitsLe bouffon est là pour les distraireIl joue le fou gai pour leur plaireQue ne ferait-il pas pour les satisfaire ?Il tiendra son rôle comme le fera MolièrePeut-être qu'une mort grotesqueLeur paraîtra assez burlesqueLe comédien y est presqueEncore un petit effortEt ils pourront rire de sa mort
Paul Obraska
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