• Petit dessin, grands remous

     

    Petit dessin, grands remousCe dessin (photo AFP de Joël Saget) qui fait la une de Charlie Hebdo est interprété (car le nom du personnage dessiné n’est pas précisé) comme Mahomet versant quelques larmes pour regretter les assassinats commis en son nom et en se rangeant du côté de la libre expression. Cette caricature n’est aucunement insultante, elle est même plutôt bienveillante à l’égard du prophète de l’islam car elle lui donne une démarche christique en évoquant le pardon et l’on sait que Mahomet admirait Jésus de Nazareth.

    Pourtant ce dessin, aucunement outrancier, a soulevé une vague de protestations et de manifestations (plus ou moins suscitées et orchestrées) dans le monde musulman. Des réactions d’une brutalité coutumière allant jusqu’au meurtre et à l’incendie d’églises.

    Un musulman tchétchène interrogé s’est déclaré bouleversé et souffrir horriblement de la parution de ce dessin, qu’il n’avait peut-être même pas vu. Là on entre quasiment dans la pathologie devant une telle disproportion entre la cause et l’effet. Ces musulmans auraient-ils une constitution paranoïaque associant vanité, méfiance, et fausseté de jugement ? Et c’est verser dans sa forme psychotique lorsqu’elle va jusqu’à la conduite meurtrière.

    Certains pourraient arguer que la représentation humaine et notamment celle du prophète est interdite en islam. En fait, il existe de nombreuses représentations du prophète notamment chez les Chiites comme le montre cette miniature persane[1].

    Petit dessin, grands remous

    Quand on voit les réactions mondiales violentes suscitées par la une de Charlie Hebdo qui n’est pourtant guère méchante, fallait-il la publier ?

    Mille fois oui ! Sinon il n’y a plus qu’à se soumettre.

    Toutes les religions, bien qu’elles se soient entretuées et qu’elles continuent à le faire (avec, actuellement, un avantage certain pour les intégristes musulmans), sont d’accord pour que l’on ne touche pas à leur job en affirmant qu’il est sacré, mais refusent d’admettre qu’ il n’est sacré que pour les croyants et aucunement pour les autres. Si le christianisme a largement évolué, l’islam a une armée de fanatiques qui exercent un chantage par la violence.

    Ne va-t-on pas se soumettre par l’autocensure, ce que les Anglo-saxons ont déjà tendance à faire ?

    Mais cette autocensure jusqu’où ira-t-elle ? Qui délimitera la frontière entre l’humour ou la moquerie et l’insulte ? Surtout pour ceux qui n’ont guère le sens de l’humour et qui n’accepteront pas la moindre plaisanterie sur leurs croyances en la considérant à chaque fois comme une insulte.

    Il est devenu de moins en moins possible de critiquer l’islam ou d’en plaisanter. Ceux qui le font de l’intérieur sont traités d’apostats et souvent châtiés, ceux qui le font de l’extérieur sont traités d’islamophobes[2] ou de racistes en confondant l’être et la religion. Les multiples associations sont là pour veiller au grain.

    Si bien que l’islam est figé dans le temps, quasiment momifié depuis sa naissance.

    L’astuce a été trouvée par la dichotomie introduite par les « amalgamophobes » : d’un côté les gentils sont dans le vrai islam dont on ne sait pas trop ce qu’il recouvre mais qualifié, sans discussion, de paisible et de tolérant, et dont on voit des exemples dans les théocraties musulmanes, et de l’autre côté, les méchants dans le faux islam dont on voit bien ce qu’il est. Mais il faut bien constater que les textes fondateurs auxquels les uns et les autres se réfèrent sont les mêmes.

    Pas d’amalgame ? Ce n‘est pas la même religion ? Bien sûr que oui, même si ce ne sont pas les mêmes croyants.

    Quand les chrétiens, dans le passé, torturaient, brûlaient et massacraient, disait-on qu’ils n’appartenaient pas au christianisme ? Le christianisme a fait son autocritique, il serait bon que l’islam fasse de même. Mais cela n’en prend pas du tout le chemin, et les gentils risquent fort d’être mangés par les méchants.

     

    [1] A noter que cette œuvre tardive, datant du XVIIIe siècle, est plutôt maladroite sur le plan pictural, sans la moindre notion de la perspective appliquée depuis longtemps en Europe.

    [2] Néologisme forgé par l’ayatollah Khomeyni et qui veux dire en fait : « ceux qui ont peur de l’islam », ce qui fait du monde.

     

    « Les hommes qui rientLa laïcité sans voile »

  • Commentaires

    1
    Mardi 20 Janvier 2015 à 18:37

     C'est qu'il y a une sacrée différence entre le Coran et les Evangiles. Il faut le lire le Coran, violence et meurtre à tous les étages. L'Islam, on peu nous raconter ce que l'on veut, c'est une religion de guerre et même de guerre de conquête. Alors, n'essayons pas de raisonner avec les Musulmans comme s'il s'agissait de chrétiens, c'est une énorme erreur qui est en train de nous coûter très cher. Et, à mon humble avis, nous serions bien inspirés de leur foutre la paix avec leur Prophète, nous n'en avons rien à faire de Mahomet, laissons le donc tranquille!

    Amitiés.

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    2
    Mardi 20 Janvier 2015 à 19:01

    Oui, il y a une différence fondamentale entre le Coran et les Evangiles. On pourrait même dire que les chrétiens avec l'Inquisition ont complètement trahi leurs textes fondateurs. Les musulmans sont malheureusement plus fidèles au Coran qui reflète l'époque de sa rédaction. Ne pas plaisanter sur l'islam, alors, il faudrait cesser de plaisanter sur toutes les religions.  

    3
    Mardi 20 Janvier 2015 à 19:42

    Quelque soit la religion, les messagers de leur dieu ont de tous temps dérogé aux textes originels !

    Je souhaiterais souligner que le mot « Islam » ne signifie pas « paix » comme certains le prétendent.

    Il est vrai que le terme arabe qui désigne la « paix » (salaam) partage la même racine que le mot Islam. Il est aussi tout à fait vrai que la paix véritable – tant intérieure qu’extérieure – ne peut résulter que de la pratique correcte de l’Islam. Parallèlement, il doit être cependant clair dans l’esprit de tout Musulman que le fait d’avoir l’Islam comme religion constitue pour lui un engagement et une dévotion à adorer et à se soumettre à Allah seul. Ce qui doit d’ailleurs devenir l’essence de la vie de chaque Musulman. Mais Allah a-t-il prôné la violence pour autant. ?

    Les hommes au nom de leur religion commettent des actes irréparables, et les protestants en France l'ont payé cher en 1572.

    Journée éprouvante chez le cardiologue aujourd'hui, j'y retourne demain . Grrrrrr !

    Bonne soirée Doc. ZAZA

    4
    Mardi 20 Janvier 2015 à 19:48

    Eprouvée, mais toujours performante dans les commentaires. Le Coran contient de tout, chacun peut y trouver ce qui l'arrange. Ce qui n'est pas le cas des Evangiles.

    5
    Mardi 20 Janvier 2015 à 20:26

    Je vois dans la couverture de Charlie un message prônant l'apaisement. Que les musulmans s'en offusquent (et plus si affinités) est regrettable mais ne doit pas restreindre la liberté d'expression et notamment celle de critiquer les religions et, en l'espèce, une religion qui dans ses manifestations de ses derniers jours semble verser dans la paranoïa exacerbée. Attention! Pas d'amalgame! Ils ne sont pas tous comme ça. La plupart sont paisibles etc etc. Ouf! J'espère que ce commentaire obtiendra le visa "politiquement correct".

    6
    Mardi 20 Janvier 2015 à 20:46

    Manifestement ils n'ont pas compris le message. Il est vrai que les nuances échappent aux cerveaux unidirectionnels ou à ceux qui ne veulent pas les saisir.

    7
    Mardi 20 Janvier 2015 à 22:30

    Entièrement d'accord avec vous pour ne rien céder. Car les prétextes avancés pour justifier leur barbarie depuis des décennies sont très nombreux : la libération de la Palestine, la présence d'Américains sur les lieux saints de l'Islam, l'interdiction du voile en France, la lutte contre grand et le petit Satan, la libération de martyrs emprisonnés... que sais-je encore ?

    Et même si, nus et à genoux,  nous nous convertissions tous à l'Islam, cela ne nous mettrait pas à l'abri du massacre. Boko Haram et l'Etat islamique demandent aux vaincus de se convertir à l'Islam avant de vendre les femmes comme esclaves sexuelles et d'exécuter les hommes. La seule différence étant que dans ce cas, l'exécution à lieu selon les règles prévus par la Charia pour les musulmans.    

     

    8
    Mardi 20 Janvier 2015 à 22:56

    Les démocraties ont le goût du compromis. Entre elles, c'est parfait car elles suivent plus ou moins les mêmes règles. Le compromis n'a plus de sens si les règles suivies sont différentes.

    9
    Vendredi 23 Janvier 2015 à 19:02
    Béa

    C'est bien, je trouve, de faire le parallèle entre les religions chrétienne et musulmane, qui ont, comme vous le soulignez, toutes deux commis des excès (et parfois continuent !). 


    Pour en revenir à la figure dite du prophète, je ne lui trouve pas l'air sympathique du tout sur cette couverture et tant qu'à le représenter, pourquoi lui donner cette mine peu avenante ? Doit-on, pour prouver que l'on existe et que l'on ne craint rien, montrer un personnage sacré sous un abord désavantageux ? Le titre "Tout est pardonné" est assez mystérieux pour moi, je ne comprends pas qui pardonne à qui, même si le principe du pardon -peut-être ici pour contrebalancer une représentation discutable- est en soi un principe qui va vers les autres.


     

    10
    Vendredi 23 Janvier 2015 à 19:26

    Cette caricature (qui, par principe, n'est pas avenante), n'est pas injurieuse. En effet "Tout est pardonné" est assez mystérieux. L'équipe de Charlie Hebdo a été massacrée car elle avait reproduite des caricatures danoises de Mahomet. En réponse les survivants ne devaient pas s'autocensurer.

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