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Paris plage
CORPS
Les corps étalent leur blancheur de ver
Soumises aux caresses cosmétiques
Les peaux rissolent dans l’huile solaire
Enveloppes fragiles du monde organique
Les mécaniques molles prennent l’air
Articulations à lacets, muscles à ficelles
Nappes de graisse et globes de chair
Habits provisoires des os éternels
Viscères suspendus dans le noir
Intestin sonore s’enroulant en crotale
Cavités aux pleurs sécrétoires
Ballons pulmonaires, récipient vésical
Batterie du cœur au rythme du temps
Plomberie vibrante des vaisseaux
Artères en tuyaux, veines en serpents
Le sang prisonnier joue au cerceau
Le cerveau dans sa boite de conserve fine
Les nerfs, cordes de guitares électriques
Et les dealers de drogues endocrines
Mènent la danse sur leur rythmique
A l’affût de l’air et de la becquée
La vie goulue dépend des orifices
Nous naissons d’orifices convoités
Et par eux passent nos délices
D’un corps aux mille bricolages
Surgit l’improbable pensée
De la laideur d’obscurs marécages
Surgit l’improbable beauté
Des synapses en folie naît la cruauté
L’intérieur sanglant attire la barbarie
Jouissance du métal dans les corps déchirés
Myriades de miracles anéantis
Corps vaniteux, édifice mollasse
Ta fragilité nue est inouïe
Ni griffes, ni cornes, ni carapace
Mais rien ne résiste à tes appétits
Paul Obraska
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Commentaires
Oui, que dire d'autre ? Que j'en reste hébétée, pantoise, apeurée de tant de réalisme, mais admirative de l'ensemble et que l'on peut dire que le sentiment dominant, après lecture donne la chair de poule !
Ah! Si feu Barbara Cartland avait lu votre poème en prenant le thé avec son amie Elisabeth 11 d'Angleterre !
NettoueUn cauchemar, Doc ?
Mais c'est vrai que sous la très douce et très fine peau de la plus belle fille du monde, il y a le spectacle horrible de l'écorchée anatomique des encyclopédies médicales !Le plus étonnant, c'est que tout cela fonctionne!
Et surtout que la surface nous semble belle.
Beau texte. Et cruel!On sent la plume du médécin derrière l'oeil du philosophe.
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Amitiés.