• Paris plage

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    CORPS

     

    Les corps étalent leur blancheur de ver

    Soumises aux caresses cosmétiques

    Les peaux rissolent dans l’huile solaire

    Enveloppes fragiles du monde organique

     

    Les mécaniques molles prennent l’air

    Articulations à lacets, muscles à ficelles

    Nappes de graisse et globes de chair

    Habits provisoires des os éternels

     

    Viscères suspendus dans le noir

    Intestin sonore s’enroulant en crotale

    Cavités aux pleurs sécrétoires

    Ballons pulmonaires, récipient vésical

     

    Batterie du cœur au rythme du temps

    Plomberie vibrante des vaisseaux

    Artères en tuyaux, veines en serpents

    Le sang prisonnier joue au cerceau

     

    Le cerveau dans sa boite de conserve fine

    Les nerfs, cordes de guitares électriques

    Et les dealers de drogues endocrines

    Mènent la danse sur leur rythmique

     

    A l’affût de l’air et de la becquée

    La vie goulue dépend des orifices

    Nous naissons d’orifices convoités

    Et par eux passent nos délices

     

    D’un corps aux mille bricolages

    Surgit l’improbable pensée

    De la laideur d’obscurs marécages

    Surgit l’improbable beauté

     

    Des synapses en folie naît la cruauté

    L’intérieur sanglant attire la barbarie

    Jouissance du métal dans les corps déchirés

    Myriades de miracles anéantis

     

    Corps vaniteux, édifice mollasse

    Ta fragilité nue est inouïe

    Ni griffes, ni cornes, ni carapace

    Mais rien ne résiste à tes appétits

     

    Paul Obraska

    « Les ArmstrongDes rives »

  • Commentaires

    1
    Mardi 28 Août 2012 à 16:31
    Compliments Doc, c'est du fin travail.
    Amitiés.
    2
    Mardi 28 Août 2012 à 18:31

    Sur le mode chirurgical.

    3
    Mardi 28 Août 2012 à 18:34
    Oui, que dire d'autre ? Que j'en reste hébétée, pantoise, apeurée de tant de réalisme, mais admirative de l'ensemble et que l'on peut dire que le sentiment dominant, après lecture donne la chair de poule !
    Ah! Si feu Barbara Cartland avait lu votre poème en prenant le thé avec son amie Elisabeth 11 d'Angleterre !
    Nettoue
    4
    Mardi 28 Août 2012 à 19:08

    Navré pour la chair de poule, mais la chair est faible comme tend à l'exprimer ce texte.

    5
    Mardi 28 Août 2012 à 22:21
    Un cauchemar, Doc ?
    Mais c'est vrai que sous la très douce et très fine peau de la plus belle fille du monde, il y a le spectacle horrible de l'écorchée anatomique des encyclopédies médicales !
    6
    Mercredi 29 Août 2012 à 09:17
    Le plus étonnant, c'est que tout cela fonctionne!
    Et surtout que la surface nous semble belle.
    Beau texte. Et cruel!
    7
    Mercredi 29 Août 2012 à 19:20

    Il m'arrive d'y penser.

    8
    Mercredi 29 Août 2012 à 19:26

    Lorsqu'on démonte une belle montre pour en admirer les rouages, on en détruit la beauté.

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    9
    Mercredi 28 Novembre 2012 à 14:21
    On sent la plume du médécin derrière l'oeil du philosophe.
    10
    Mercredi 28 Novembre 2012 à 16:34

    Damned ! Je suis démasqué !

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