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MEUTES IV
LES CONFESSIONS DE SATAN
Dans le XXe siècle, J'ai beaucoup investi
Et Me voilà diablement content.
On recherche des Justes pour le Paradis,
Et ici, Je ne sais que faire des Méchants.
L'Europe M'a offert dès le début
Ses peuples sombrant dans la guerre,
Dans un grand massacre inattendu
Pour de misérables talus de terre.
Les soldats creusaient leurs tombes,
En sortaient tels des spectres pour mourir,
Les membres amputés par les bombes.
On fête en Novembre leur souvenir.
J'ai eu le Géorgien destiné à la prêtrise,
Quittant heureusement le séminaire,
Pour torturer ses amis accusés de traîtrise
Et emplir par millions les cimetières.
Mon préféré était le fol Autrichien,
Quatrième enfant de parents issus
De cousins germains. Par Mes soins,
Ce fut le premier qui survécut.
Ah ! L'Autrichien n'a pas été ingrat.
Il s'est de suite attaqué au peuple élu,
Celui-là même qui au monde révéla
Mon Concurrent et le Paradis perdu.
Massacre grandiose parce qu'inutile.
Dans le monde, il souffla la tempête
Dans l'ignoble, l'Autrichien était habile
Pour transformer les hommes en bêtes.
Il déclencha une guerre mondiale,
Terminée en apothéose au Japon.
A côté du feu d'artifice final,
l'Enfer lui-même paraissait pâlichon.
Deux Asiatiques m'ont fait bien rire !
Le Chinois qui débordait d'imagination
Pour baptiser avec délicatesse le pire,
En jouant avec les morts par millions.
Les Cent Fleurs bien arrosées de sang,
Le Grand Bond en Avant : une culbute
Qui laissa son pays affamé et pantelant,
Et la Révolution Culturelle des incultes.
Le Cambodgien était un triste comique :
Il voulait bâtir les villes à la campagne,
Et sans diplôme, il trouva plus pratique
De tuer ou mettre les diplômés au bagne.
Si le Cambodgien était plus primaire,
Sa folie efficace a mis sans remords
Un bon tiers de son peuple au cimetière,
Pour finir en paix en escamotant sa mort.
Il a été aussi élève d'une école catholique.
Je remercie en passant les bons pères,
Les Evangiles révélées aux diaboliques
Ont envoyé nombre de clients en Enfer.
Le quatuor du XXe siècle reste inégalé,
Leur requiem flotte encore sur le monde,
Ses membres ont leurs amateurs fascinés
Qui viennent encore fleurir leurs tombes.
D'autres à l'écoute sont leurs apprentis.
Je ne compte plus les sombres dictateurs,
Gras vampires saignant à blanc leur pays,
Sous tous les cieux, des pôles à l'équateur
La cruauté a des ressources prolifiques :
Attentats, guerres, famine, machettes,
Et frappes chirurgicales hémorragiques.
Le Mal et l'Enfer sont toujours à la fête !
On tue au Nom de Mon Concurrent,
Je me régale du massacre des innocents,
Le XXe siècle était une bonne cuvée,
Mais le siècle présent a bien commencé !
Paul Obraska
Hieronymus Bosh "L'Enfer"
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Commentaires
Mais il faudrait qu'il mette la pédale douce, autrement, avec les moyens techniques pour détruire dont dispose le XXI° siècle, il pourrait perdre tous ses clients d'un seul coup..
Vous me faites penser à un texte dont le sujet serait une parodie de "La poule aux oeufs d'or", et qui traiterait des actionnaires qui détruisent l'humain à trop vouloir de dividendes, jusqu'au jour où...
Mais je ne saurai pas faire... peut-être que vous??