• MECREANCES IV


    Robert Campin "L'Annonciation"

    SECRET D'ALCÔVE

     

     

    Alors que l'Ange Gabriel s'est déplacé

    Pour porter des cieux le message à Marie,

    Celui de la naissance miraculeuse annoncée,

    La femme fidèle ne regarde pas l'intrus et lit.

     

    Elle est sans doute absorbée par la Bible,

    Sans savoir qu'une suite sera ajoutée,

    Sans savoir qu'elle est devenue la cible

    D'une insémination contre sa volonté.

     

    Cette histoire ne semble pas la concerner.

    Par contre, un abbé, par la porte entrebâillée,

    Alors que l'Enfant n'est pas encore né,

    Est déjà là par miracle et semble intéressé.

     

    Les prêtres écoutent volontiers aux portes

    Les murmures universels des confessions,

    Gardiens des secrets qu'on leur rapporte.

     

    Le secret intime de Marie de sa gestation

    Sera mis malgré elle sur la place publique,

    Et fera de la Vierge une star évangélique.


    Paul Obraska 


     


    Alessandro Botticelli "L'adoration des mages"

    SQUATTERS

     

    Si ce n'est pas malheureux de voir ça !

    Ce n'est pas chrétien d'en arriver là !

    Ce sont des braves gens bien éduqués

    Pas des immigrés

    L'homme a du travail

    La femme n'a jamais fauté

    Ils sont pourtant sur la paille

    C'est dans une étable qu'elle a du accoucher

    Entre un âne et un bœuf

    D'un enfant beau comme un dieu

    Blotti dans une crèche, c'est scandaleux !

     

    Les associations se sont mobilisées

    Les autorités ont été alertées

    C'est une étoile jaune qui les a guidés

    Des messieurs ont fini par venir à leur secours

    Avec un psychologue dans une cellule

    Dans l'étable ils sont restés incrédules

    Alors il y a eu de beaux discours

    Ils se sont pris pour des rois mages

    Ils ont fait semblant d'adorer le nouveau-né

    Pour donner d'eux une belle image

    Heureusement qu'il y avait les bergers

    Pour donner à la famille de quoi manger

     

    Pour finir, pérorant dans l'étable, les autorités

    Devant l'homme, la femme et le nouveau-né

    Devant le bœuf, l'âne, les bergers et leurs agneaux

    Sont montés sur leurs grands chevaux

    Et ont dit avant de partir : « plus jamais ça ! »

    Espérons que Dieu les entendra


    Paul Obraska

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