• Mars 16

     

    Mars 16

    L’occupation actuelle de la Place de la République par une majorité de jeunes me rappelle évidemment Mai 68 que j’ai vécu sans y participer car cette révolte m’était apparue comme une manifestation ludique d’enfants gâtés qui avait cependant failli mal tourner. A l’époque, les orateurs discutaient pendant des heures dans les amphithéâtres sur la hiérarchie et la démocratie, mais peu sur l’économie. A cette occasion certains ont pu se faire un nom qu’ils ont fait fructifier.

    Aujourd’hui, les enfants sont nettement moins gâtés en raison du chômage, de l’islamisme et du SIDA, même s’ils le sont par rapport à la jeunesse de la plupart des pays, les immigrés illégaux qui se manifestent sur la place avec eux sont là pour le prouver.

    Car les participants aux « assemblées générales » (complétées par diverses commissions, où je reconnais Mais 68 : logistique, actions, international, accueil et sérénité, etc.) où l’on se saoule de paroles («Ici, on est vraiment libre» a déclaré une étudiante comme si elle ne l’était pas ailleurs, et une autre aurait voulu s’inspirer du zapatisme, révolte des paysans du sud du Mexique, ou de la Commune de Paris !), s’ils ont tous une « sensibilité de gauche » (à définir), sont d’une grande diversité : "Droit au logement", intermittents du spectacle (ils n’en ratent pas un), sympathisants du Front de gauche (Mélenchon aimerait bien être là, mais il n’a pas encore été sollicité), de l’extrême gauche, du parti communiste, de la CGT et bien sûr les promoteurs du film « Merci patron » dont le réalisateur François Ruffin, responsable  du journal alternatif Fakir et à l’origine du mouvement « Nuit debout », n’hésite pas à dire que « ce film, c’est une oasis de joie dans le désert de morosité de la gauche ».

    La générosité des propositions confirme le romantisme habituel des jeunes mais comme tout romantisme, non exempt d’aveuglement : les questions d’immigration et de discriminations, notamment contre les musulmans (victimes aisément autoproclamées), sont abordées, le vote sur la « régularisation de tous les sans-papiers et migrants sur le territoire français » est validé, l’accueil de tous les réfugiés ne fait pas un pli (sans doute un remède contre le chômage), l’idée sympathique d’inscrire la langue des signes comme langue officielle dans la Constitution aurait remporté un gros succès. On se lève évidemment contre l’état d’urgence, mais la question du terrorisme ne semble pas, à ma connaissance, avoir été soulevé.

    Eh ! les jeunes ! Nous ne sommes plus à l’époque de Mai 68. C’est un peu plus compliqué et vos solutions sentent la naphtaline...Encore que :

    Mars 16

    « Chapeau !La sainteté de la gauche »

  • Commentaires

    1
    Jeudi 7 Avril 2016 à 15:59
    2
    Jeudi 7 Avril 2016 à 16:15

    En Mais 68, cela avait commencé comme un banal monôme d'étudiant qui s'est amplifié pendant un mois pour aboutir à la grève générale. C'est rigolo quand ça commence mais on ne sait jamais comment ça finit.

    3
    Jeudi 7 Avril 2016 à 16:23

    Pour l'instant, ça manque de souffle. Une petite cure d'ovomaltine pour ces jeunes gens serait-elle la solution ?

    4
    Jeudi 7 Avril 2016 à 16:49

    Cette manifestation n'a qu'une semaine et semble diffuser en province.

    5
    Jeudi 7 Avril 2016 à 17:04

    Pour l'instant, non seulement ils n'ont pas encore trouvé leur Cohn Bendit mais, en plus, leurs revendications sont soit d'une platitude à pleurer, soit totalement déconnectées des soucis des "vrais gens" (pour parler comme eux).

    S'ils réussissent à créer un mouvement populaire de masse dans la France d'aujourd'hui avec le slogan "régularisation de tous les sans-papiers ",  je veux bien entrer au couvent

     

     

    6
    Jeudi 7 Avril 2016 à 17:14

    Cependant il faut noter que les revendications des étudiants de 68 étaient inexistantes ou inaudibles pour la population. La grève générale a changé la donne et les revendications réalistes sont apparues et ont abouties. Un accident police-étudiant n'est pas impossible.

      • Vendredi 8 Avril 2016 à 08:40

        Il y a côté club de vacances des années 70, où il fallait chanter en mimant les mêmes gestes que les Nuit Debout. Les mêmes.

        Sur les paroles super intellos :

        Agazou zou zou, pouss' l'ananas et mouds l'café,

        Agazou zou zou, pouss' l'ananas et mouds l'café,

        Tap' ta pomme, tap' ta poire, pouss' l'ananas et mouds l'café,

        Tap' ta pomme, tap' ta poire, pouss' l'ananas et mouds l'café !

         

    7
    Vendredi 8 Avril 2016 à 09:54

    Je vois que vous avez été au Club Med et que vous avez une bonne mémoire ou une bonne pratique de cette "chanson" mimée. Ce vrai que le langage des signes utilisé sur la place de la République y fait penser et que ses partisans proposent d'inclure dans la Constitution ! happyhappyhappy

    8
    Vendredi 8 Avril 2016 à 15:31

    L'époque n'est pas la même qu'en 68. A cette époque là, la mise en ballotage du général en 1965 et les législatives de 1967 laisse une faible majorité aux gaullistes. Cette usure du pouvoir laisse le champs libre au développement de la crise des valeurs anciennes et les baby-boomers accentuent ce besoin de renouveau. Souvenez vous, pour la 1ère fois, un chômage structurel apparaît (l'ANPE est créée en 1967, année de récession économique). Les étudiants sont les premiers concernés dans leurs perspectives d'avenir et le matraquage des forces de l'ordre n'a fait qu'enflammer ce mouvement. Tout était réunis pour réunir les masses populaires.

    Aujourd'hui, les gamins qui sont dans la rue manifestent pour le retrait de la loi El Khomri, une loi nécessaire dans la conjoncture économique actuelle, mais qui met aussi l'accent sur la précarité de l'emploi. C'est une mauvaise cause pour manifester ! Derrière ces manifestations, un malaise plus profond se profile. Un mouvement de ras le bol qui s'accentue pour cette jeunesse ! Pas de perspectives d'avenir, pas de repères ! Je vois dans les grandes villes de Rennes ou de Nantes, que cette jeunesse ne désarme pas, (et pourtant les bretons sont en vacances). Encadrée par des adultes qui n'ont plus rien à perdre non plus, sortis de l'école ou des universités, pas de travail pour manque d'expérience professionnelle, et à 50 balais, plus d'emploi car trop de qualification professionnelle !  Là aussi, il y  des violences policières et un besoin de renouveau.

    Il ne faut pas sous-estimer ces rebellions. Cette contestation pourrait effectivement gagner les masses populaires en raison de la faiblesse de nos gouvernants. Et là, ce sera pire qu'un mai 68 !

    Bon après-midi Doc.

    9
    Vendredi 8 Avril 2016 à 15:41

    Je pense que vous avez raison. La situation actuelle est bien pire que celle de 68, le rejet de la politique et son impuissance, la nette sensation que le sort des jeunes sera pire que celle leurs aînés. Un avenir bouché et dangereux.

    10
    Samedi 9 Avril 2016 à 04:11

    Et Valls qui trouve plus important de se préoccuper de l'identité plutôt que du chômage et autres problèmes cruciaux.. de quoi occuper la rue...

    Bonne nuit Dr WO

    11
    Samedi 9 Avril 2016 à 08:42

    L'un n'exclue pas l'autre. Ceux qui manifestent contre la loi sur le travail veulent le statu quo dont les jeunes vivent le résultat désastreux. Cette loi qui est loin d'être parfaite s'inspire de mesures qui dans d'autres pays ont divisé le chômage par deux et les manifestations contre elle sont un peu incohérentes surtout de la part des jeunes car la situation actuelle protège surtout ceux qui ont déjà un travail.

    Les manifestations "Nuit debout" protestent surtout contre le monde politique en général manifestement usé.

    12
    Samedi 9 Avril 2016 à 10:37

    Ils ne savent pas trop contre quoi ils protestent.

    "On veut faire des choses". "Avec ce vaste espoir de réappropriation de l'espace, de la parole et du pouvoir". Vaste programme, en effet. Et des plus vagues.

    Voir le reportage dans Le Monde (pourtant bienveillant et à l'affût de tout ce qui est "progressiste").

     
    Selon moi, le seul risque d'embrasement pourrait venir des zadistes et autres blackblocks dont l'objectif est d'abord d'en découdre. Des punks à chien violents, peu probables qu'ils soient les bienvenus parmi ces descendants de flower power peace and love sit-in agazou zou zou.

     

    13
    Samedi 9 Avril 2016 à 10:51

    J'ai lu l'article et j'ai cru me retrouver en Mai 68 sauf que la situation économique et politique est bien pire. Haut niveau intellectuel, des gauchistes, et probablement de futurs casseurs. Beaucoup de générosité sans doute, malheureusement en décalage complet avec le monde d'aujourd'hui.

      • Samedi 9 Avril 2016 à 11:59

        On note le fort mimétisme dans l'apparence. Hipsters et bobos. Ceux-là mêmes qui déposent peluches, bougies et petits papiers Même pas Peur.  Ne pas oublier que les jeunes des milieux populaires votent FN et sont à l'opposé de cette classe moyenne intellectuelle, étudiante, intermittente du spectacle ou vivant d'une façon ou d'une autre de l'impôt. 

        Ipsos avait publié une étude "Sociologie de l'électorat" après les Régionales. Les jeunes de moins de 25 ans votent à 35% FN. Exactement autant que pour toute la gauche réunie.

         

    14
    Samedi 9 Avril 2016 à 12:44

    Oui, ces manifestants n'ont rien de "populaires", mais ils partagent peut-être le chômage avec les classes pauvres et peu diplômées.

    15
    Samedi 9 Avril 2016 à 18:52

    NuitDebout reprend l'idée des Veilleurs, issue en 2013 de la Manif pour Tous. Zéro couverture médiatique à l'époque. La bienpensance de gauche est plus digne d'intérêt que la bienpensance de droite.

    Ils sont tous à lorgner dessus (Besancenot, Fillipetti, Mélenchon) dans l'idée de récupérer le mouvement, qui, pour l'instant, revendique son "horizontalité" (le jour, quand ils dorment ?) et préférerait "s'étendre"... vers le collectif BanlieueDebout, balbutiant mais citoyen.

    16
    Samedi 9 Avril 2016 à 19:27

    Toute bien-pensance qu'elle soit de droite ou de gauche se réfère à une idéologie et, comme disait je ne sait plus qui, capable de donner les réponses avant de poser les questions. Il se trouve que la bien-pensance qu'elle soit de droite ou de gauche est conservatrice car elle s'appuie sur les idées du passé sans idées nouvelles. Sur le plan chronologique le passé disons traditionnelle est plus ancien que le passé disons "progressiste". Les médias ne veulent pas être considérés comme ringards. Pourtant rien n'est plus ringard qu'un politicien comme Mélenchon ou qu'un schéma comme la lutte des classes du marxisme qui a fait ses preuves dans l'horreur. La sympathie de Mélenchon pour la révolution et pour Robespierre donne le ton et la preuve de son appartenance au passé.

      • Samedi 9 Avril 2016 à 21:23

        Clap, clap clap !

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