• « Aller sur le terrain » : les politiques se gargarisent de ce copeau de la langue de bois pour montrer combien ils sont proches de leurs concitoyens (et surtout de leurs électeurs). Ils font une apparition fugace, très organisée et encadrée, pour retourner bien vite dans leurs palais, conduit par leur chauffeur attitré qui ne respectera pas les limitations de vitesse, tellement le maître est pressé de rentrer. En fait, c’est une façon de s’exprimer méprisante ; le terrain, c’est quoi ? Des champs peuplés de péquenots ? Des quartiers incertains ? Des chantiers salissants ? De la boue ? Du purin ? des ordures ? Attention ! Les politiques choisissent leur terrain, mais il faut leur rendre hommage quand ils se vantent d’ « aller sur le terrain » comme on va à la guerre, car c’est faire preuve de courage que de se mêler à la populace,  même de loin et pas longtemps.

     

    « Je suis à l’écoute » : Ah ! Les politiques montrent ainsi qu’ils daignent vous écouter ! Ils font un effort, être à l’écoute serait une qualité alors qu’ils sont élus pour ça. Il ne faut pas se faire  d’illusion, ils sont surtout à l’écoute la veille d’une élection où ils semblent passionnés, sous le regard des caméras,  par ce que raconte la marchande de fruits et légumes. Ils écoutent en pensant à autre chose ou ne retiennent que ce qui les arrange, tout en vérifiant la bonne position des journalistes.

     

    « Je suis au service de mes concitoyens ». Un député est élu exactement pour ça, il n’y a donc pas lieu de s’en vanter. Alors pourquoi donner cette précision ? Justement parce que les concitoyens ont des doutes : et si le député ne pensait d’abord qu’à lui ? Et s’il ne rendait service que pour être réélu ? Il est bon de répéter qu’il ne pense qu’aux autres et qu’il se sacrifie pour eux. On ne sait jamais, à force ça peut marcher.

     

    « Il est dangereux de dénigrer les politiques ». Sous-entendu : dénigrer la classe politique c’est faire le jeu des extrémistes, donc : acceptez ce que nous sommes, car nous sommes moins pires que les autres. Bien sûr, il ne faut pas mettre tous les politiques dans le même cageot, il y en a d’honnêtes et même d’efficaces (quoi ? Je ne plaisante pas), mais c’est comme pour les fruits : si dans un cageot les uns sont pourris, les autres risquent de le devenir à leur contact. La politique en tant que profession est rentable et un élu cherche à le rester car une fois entré personne ne veut sortir du fromage, bien que dans ce métier le risque de chômage est faible : ceux restés en place trouvent toujours pour les copains des points de chute enviables. Le renvoi d’ascenseur est une mécanique bien rodée chez les politiques, ce qui montre leur altruisme.


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