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Les vices de la vertu vélocipédique
Cette belle photo de la place de la Concorde a été prise par Ludovic Marin (AFP photo) en septembre 2015.
Elle illustre la souveraineté du vélo qui s’impose de plus en plus en ville, et notamment à Paris. Mais moins qu’aux Pays-Bas, remarquable par sa platitude qui permet d’épargner les mollets néerlandais.
Le vélo est l’image de la vertu écologique. Ce moyen de locomotion ne nécessite que de l’énergie propre, renouvelable, plus ou moins durable, à base alimentaire, de préférence bio. Il ne provoque aucun bruit, aucune pollution, au contraire, les halètements du cycliste contribuent à nettoyer l’atmosphère des particules fines dégagées par ces putains de voitures restantes, bruyantes et puantes, et se fixent, dans un esprit de sacrifice qu’il faut saluer, dans les poumons du pédaleur (le masque dont il s’affuble parfois, ne servant pas à grand chose).
Se faufilant habilement dans la circulation, le vélo ne provoque aucun embouteillage et arrive à bon port avant les monstres à quatre roues. Ajoutons enfin que la pédale est bonne pour la santé en cette période où la sédentarité est accusée de tous les maux.
Tout est bon dans le vélo.
Quelques vices tout de même.
Le vélo est discriminatoire : il peut difficilement être pratiqué en ville par les jeunes enfants, par ceux qui ont pris de l'âge ou que l'âge a pris, pas très sûrs de leurs gestes, de leur équilibre et de leur force, les invalides, les handicapés, et ceux qui n’ont jamais appris à faire de la bicyclette. Toutes ces personnes ne peuvent pas enfourcher la petite reine par sélection, certes, naturelle, mais néanmoins impitoyable.
Surtout, le vélo est un obstacle au « vivre ensemble », cette utopie tenace des sociétés fragmentées.
Rien n’arrête le téméraire vélocipédiste : il passe au feu rouge, il prend les sens interdits, il monte sur les trottoirs, même en l’absence de piste cyclable. Il est partout chez lui comme un souverain autocrate. Les autres doivent s’incliner et laisser le passage.
Le misérable piéton qui fait partie de la valetaille doit davantage se méfier depuis la prise de pouvoir du vélocipède, le passage protégé ne le protège plus, dans les rues à sens unique il doit bien regarder des deux côtés avant de traverser la chaussée (j’ai un souvenir douloureux de ne pas l’avoir fait une fois).
Quant à l’automobiliste, ce pestiféré, il voit, avec terreur, déboucher les vélos de partout. Sa hantise est évidemment de renverser un cycliste qu’il n’aurait pas vu s’il ne surveille pas de près ses zigzags entre les voitures ou s’il débouche face à lui dans une rue à sens unique ou après avoir franchi allègrement un feu rouge comme le ferait une voiture officielle amenant une grosse légume à un dîner en ville.
"Nos vertus ne sont, le plus souvent, que des vices déguisés" (La Rochefoucauld).
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Commentaires
Je suis tout à fait d'accord avec ce portrait. Le cycliste parisien est, dans sa tête du moins, le roi du monde. Il est tellement persuadé d'être moderne, écolo, dans le sens de l'histoire et sauveur de la planète, qu'il en est même souvent souriant, poli, tolérant ( avec une pointe de condescendance) envers les malheureux piétons qui n'ont rien compris.
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Samedi 1er Octobre 2016 à 14:09
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Et tout le monde ne peux en faire.
Je déteste les vélos ! comme vous le faites remarquer ils sont partout même au milieu du mail ou de jeunes enfants courent, ils sont dangereux et ils se foutent pas mal des autres, puisqu'ils sont promus par la bien-pensance a une place de choix, c'est une vrai plaie!!!
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Samedi 1er Octobre 2016 à 14:46
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Chez moi où les routes plates sont rares (quand ça ne monte pas raide, ça descend sec), la plupart des cyclistes enfourchent leur vélo pour le plaisir. Ajoutez le masochisme aux vices (ou aux vertus) des cyclistes
C'est vrai, il faut parfois aimer souffrir car le cyclisme est un des sports les plus durs. En ville, il faut aussi ne pas craindre de prendre des risques, et être téméraire pour être vertueux.