• Les mérites de la cohabitation

    La cohabitation entre un président de la République d’un bord et le chef du gouvernement de l’autre a été vécue à trois reprises par la France. C’était un peu bizarre de voir un exécutif à deux têtes dans les instances internationales mais sans problème véritable, une entente à l’étranger s’établissant le plus souvent malgré la bicéphalie. La cohabitation était la source de cancans qui amusaient le bon peuple dont les deux moitiés étaient ainsi représentées au sommet de l’Etat. Elle pouvait être un obstacle à la réalisation de réformes voulues par le gouvernement et auxquelles le président pouvait éventuellement s’opposer. Mais un contre-pouvoir dans le pouvoir ne manquait pas d’intérêt et n’empêchait pas pour autant le gouvernement de gouverner, les quelques frictions qui ne manquaient pas d’apparaître faisant les délices des journalistes.

    Depuis 2000, puis 2002, le retour d’une cohabitation est peu probable avec l’instauration du quinquennat et des législatives pour une même durée faites dans la foulée de la présidentielle. Ce calendrier a jusqu’à présent donné une majorité parlementaire du même bord que le président, en lui octroyant théoriquement les pleins pouvoirs pour cinq ans.  

    Les candidats à la présidence établissent un catalogue de promesses qu’ils exposent pendant leur campagne. Un catalogue numéroté a surtout été le fait des candidats socialistes : Mitterrand et Hollande. Ce dernier, à plusieurs reprises, a avancé que puisque les gens avaient voté en majorité pour lui, il était sous-entendu qu’ils avaient accepté la réalisation de toutes les promesses figurant au catalogue. On pourrait cependant faire remarquer :

    - Que certaines d’entre elles ne pourront sans doute pas être réalisées (et il évitera de s’en vanter), ce sont en général les plus importantes car elles touchent à l’économie, au chômage ou au pouvoir d’achat. Les promesses touchant aux mœurs sont plus aisément réalisables et ne manquent pas d’être faites d’emblée.

    - Qu’il n’a été élu que par la moitié des votants et si l’on tient compte des abstentions et des bulletins blancs, sa présidence a été voulu par nettement moins que la moitié du peuple (c’est vrai pour tous les présidents, sauf Chirac opposé à Le Pen, et parler d’illégitimité comme certains le font à droite n’a aucun sens).

    - Que ceux qui ont voté pour lui n’ont pas été forcément d’accord avec toutes les promesses du catalogue.

    Le président n’est plus au-dessus des partis, bien qu’il prétende l’être, et il ne représente pas la majorité des Français, ce que tous les présidents omettent de dire. Il représente un parti et ne s’en cache plus (son prédécesseur se comportait de la même façon, bien qu’il ait tenté une ouverture sans lendemain).

    L’harmonie entre la présidence et le parlement est cohérente  et source d’efficacité éventuelle, mais en négligeant plus de la moitié du peuple qui ne peut manifester son mécontentement que dans la rue, drainant avec lui les extrémistes violents en leur donnant l’occasion de conspuer la démocratie qui leur permet cependant de manifester.

    J’avoue que je suis le premier surpris à regretter la possibilité de la cohabitation, aussi illogique qu’équilibrée, bien qu’il s’agisse d’une tragi-comédie jouée par deux comédiens concurrents, cabotinant sur la scène politique pour attirer l’attention du public sur leur personne.

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