• Le radeau de la Méduse

    Le radeau de la Méduse

    Le tableau de Théodore Géricault fut exposé à Paris au salon de 1819 sous le titre politiquement correct de Scène de naufrage pour ne pas heurter les autorités maritimes françaises en rappelant de façon claire le drame qui s’était déroulé trois ans auparavant à 150 km de la Mauritanie. Cette œuvre fut d’ailleurs plus ou moins appréciée par le public français mais obtint plus de succès à Londres sous son titre original : Le radeau de la Méduse. Il est vrai que les Anglais, fiers de leur marine, se sont probablement gaussés des erreurs de navigation dont a fait preuve l’équipage français de la Méduse se rendant au Sénégal en compagnie de deux autres navires.

    Bien que le tableau soit monumental (491 cm x 716 cm), le radeau paraît petit, alors qu’il avait en réalité 20 mètres de long sur 7 mètres de large sur lequel s’étaient entassés près de 150 personnes. Comme on le voit, il s’agit de mourants ou de cadavres dont certains serviront de repas aux autres. Parmi ceux qui semblent conserver un peu d’énergie sans devenir fou se trouve un homme noir ou métis perché sur un tonneau et qui agite un vêtement (le peintre était contre l'esclavage).

    Quand le radeau fut retrouvé par l’Argus, il ne restait plus que 15 survivants dont 5 mourront les jours suivants. Le naufrage de la Méduse fit au total 142 morts (17 marins étaient restés sur la frégate, dont trois survivront, hébétés)

    Que l’on se rassure, le capitaine de la Méduse, le vicomte Hugues Duroy de Chaumareys, principal responsable de ce drame, s’en est sorti indemne et est mort dans son lit en 1841, après avoir purgé 3 années de prison, tout en réclamant qu’on lui restitue son grade et ses breloques.

    Chaumareys fut menteur sur son âge pour obtenir le commandement, pistonné par son oncle, et en tant que noble expatrié revenu lors de la restauration. Incompétent, ayant tout oublié après 25 ans sans avoir navigué. Entêté, n’écoutant aucun conseil de ses subordonnés, même quand il n’avait pas bu, réussissant par un temps radieux, une mer d’huile et à marée haute à échouer son navire sur un banc de sable dont on connaissait l’existence, après s’être imprudemment séparé des deux autres navires qui allaient moins vite, alors que les trois bâtiments devaient restés en formation. Lâche, rejoignant une chaloupe lors de l’évacuation sous les huées des marins restés à bord.

    Le radeau fut d'abord tiré par deux canots et selon des survivants, ce serait Chaumareys lui-même qui aurait ordonné de rompre les amarres pour ne pas entraver la marche de son canot.

    J’ignore, en fait si les Anglais se sont gaussés des Français, mais s’ils l’ont fait, ils n’avaient pas tort.

    « L’Iranien d'aujourd'hui est-il zoophile ?Il faut qu’une université soit ouverte ou fermée »

  • Commentaires

    1
    Dimanche 8 Avril 2018 à 20:57

    C'est en effet un tableau que je n'aime pas, ce n'est pas à la gloire de la France.

    Mais en plus de celui grimpé sur le tonneau, il y  a deux autres noirs, un tout au fond, mais dans l'ombre on le distingue mal et un troisième devant avec un cadavre sur les genoux, sans doute son déjeuner...

      • Dimanche 8 Avril 2018 à 22:55

        La qualité artistique d'un tableau ne se juge pas en fonction de la politique. On peut ne pas aimer ce qu'il représente, en l'occurence celui-ci représente timidement ce que fut la réalité de cette tragédie provoquée par un imbécile prétentieux.

    2
    Lundi 9 Avril 2018 à 09:36

    Créer la beauté à partir de la bêtise criminelle me met mal à l'aise.

    Dans un autre ordre d'idée, on admirait les uniformes nazis (créés par Hugo Boss!).

      • Lundi 9 Avril 2018 à 11:06

        Un uniforme n'a pas d'opinion. Beaucoup de tableaux représentent des scènes cruelles. Le film "Orange mécanique" fait le récit de la cruauté la plus bête qui soit et c'est un grand film. On aimerait que ne soient représentées que de belles et de bonnes choses, à condition d'aller dans un monde parallèle (mais qui serait peut-être très ennuyeux).

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    3
    Lundi 9 Avril 2018 à 12:56

    Sur les radeaux contemporains, on distingue nettement un plus grand nombre de personnes racisées:

    Et notre nouveau pacha (ou "pacha, ou "Pacha"), n'ayant pas menti sur son âge, est sur sous le pont:

     

     

     

     

      • Lundi 9 Avril 2018 à 13:18

        Il faut cependant noter que les esquifs contemporains prennent la direction inverse de leur prédécesseur

    4
    Souris donc
    Lundi 9 Avril 2018 à 17:12

    Le Radeau de la Méduse, sans doute le tableau qui a inspiré le plus d'artistes, jusque Speedy Graphito.

    J'ai beaucoup aimé la description qu'en fait Julian Barnes dans son Histoire du Monde en 10 chapitres 1/2.

    Erudition + humour noir british.

      • Lundi 9 Avril 2018 à 18:12

        Je ne l'ai pas lu, mais je sens que je vais réparer cette lacune. oops

      • semaphore
        Mardi 10 Avril 2018 à 01:20
        semaphore

        La Joconde a eu aussi son pesant d'imitateurs...

      • Mardi 10 Avril 2018 à 09:01

        En particulier pour la ridiculiser.

    5
    semaphore
    Mardi 10 Avril 2018 à 01:13
    semaphore

    "le radeau paraît petit, alors qu’il avait en réalité 20 mètres de long sur 7 mètres de large sur lequel s’étaient entassés près de 150 personnes."

    Géricault n'avait peut-être pas beaucoup de détails à disposition lorsqu'il a peint ce tableau.

    Lequel est une vue d'artiste et non pas un document factuel retraçant exactement les faits.

    La photographie n'était pas encore née (à peu près 10 ans après) et il fallait des expositions de plusieurs jours en plein soleil pour obtenir une image...

    Au début du naufrage, 140 m² pour cent cinquante personnes, cela ne faisait pas beaucoup de place pour les petons de chacun... 

      • Mardi 10 Avril 2018 à 08:56

        Bien entendu, il était impossible de représenter le radeau dans ses proportions réelles car dans ce cas les personnages auraient été moins visibles. Pour ce qui concerne les sources de Géricault, il avait rencontré avant de peindre le tableau deux survivants : Henri Savigny (chirurgien) et Alexandre Corréard qui avaient écrit un rapport sur les faits et qui avait été rendu public.

    6
    semaphore
    Mardi 10 Avril 2018 à 01:19
    semaphore

    Doc, ne surestimez pas les ressortissants de la perfide Albion qui triomphèrent peut être devant ce tableau mais qui connurent plus tard leur lot de misère...

    Visiblement, les Anglais était tout à fait en mesure de fournir les mêmes imbéciles comme commandants de navires

    31 août 1833 : naufrage du navire-prison L'Amphitrite. Commandé par le capitaine Hunter, le bateau appareille le 26 à Woolwich (Angleterre) pour Port-Jackson (Australie). Son équipage est composé de 16 hommes et transporte à son bord 108 femmes déportées et 12 enfants. Dès le 29, il fut assailli par une violente tempête et le 31 il s'échoua sur la côte française, en vue du port de Boulogne. À cause de l'entêtement du capitaine qui refusa l'aide des Français et de mettre des prisonnières dans des chaloupes, tous périrent noyés hormis 3 hommes d'équipage.

    Extrait de Wikipédia, rubrique liste de naufrages

      • Mardi 10 Avril 2018 à 08:59

        Mais là il s'agit d'un entêtement chauvin mais pas d'une erreur de navigation.

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