• LE DIVIN PEINTRE

     

     

    Le divin peintre

     
      

    Nous sommes à l’image du Très-Haut

    Et vice versa.

    Alors comme nous, le Très-Haut se sent parfois morose,

    Lui, en regardant en bas,

    Nous, en regardant en haut.

     

    Un jour, le Très-haut en pensant à autre chose,

    (Il a tellement de choses à penser)

    Mit Son Auguste Doigt dans le ciel d’un bleu profond,

    L’agita distraitement comme on remue son café

    Et fut surpris de créer un céleste tourbillon

    De grosses volutes d’azur attristé.

     

    En voyant ce qu’Il avait créé contre Sa Volonté,

    Il voulut compléter le tableau

    Et demanda à un peintre un peu fou

    De mettre une église dessous.

    Le peintre qui ne vendait aucun tableau,

    Accepta par désespoir cette proposition,

    Mais ne se faisait aucune illusion,

    Le Très-Haut ne s’abaisserait pas à payer son tableau.

    En plus, Il voulait quelque chose de grand et de beau :

    Une basilique ou une cathédrale,

    Et le peintre qui n’en faisait qu’à sa folle tête,

    Fit une église de guingois, toute bancale,

    Avec une modeste paysanne à cornette.

     

    Bien sûr, le Très-Haut n’était pas contre la modestie.

    Un instant décontenancé par le peintre un peu fou,

    Dans Sa Grande Bonté impitoyable, Il ne l’a pas puni.

    Il lui avait déjà tiré l’oreille dans un accès de courroux

    Et le Tout-Puissant ne connaissant pas Sa Puissance,

    Le pavillon de l’oreille était resté dans Sa Divine Main,

    Avant d’échouer dans celle profane d’une prostituée.

    Il y a vraiment des gens qui n’ont pas de chance,

    Même quand on est un peintre divin.

     

    Alors le Très-Haut, dans Sa Grande Bonté

    Permit au peintre un peu fou de se suicider

    Devant une toile inachevée

    Dans un beau champ de blé.

     

    Paul Obraska

     

    Vincent Van Gogh « L’église à Auvers »
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  • Commentaires

    1
    Samedi 24 Septembre 2011 à 14:48
    Le coté "de travers", de ce tableau me plairait assez,
    Mais je pense enfantin, et les couleurs inappropriées.

    Puis, je lis ce poème, sous forme de fable me faisant bien aimer ce samedi,
    Car sous votre plume, les vers s'amoncellent, sous-entendus, bien choisis,
    Pour montrer combien, même seulement suggéré, parfois Très haut ou divin,
    Se conduit, étourdiment, sot, et ma foi, je l'assume comme un crétin !

    Merci Paul
    Nettoue
    2
    Samedi 24 Septembre 2011 à 16:53

    Ces couleurs inappropriées sont une des marques du peintre. Le ciel est nocturne alors qu'il fait jour. Magritte a peint l'inverse dans "L'empire des lumières".

    3
    Samedi 24 Septembre 2011 à 17:39
    Dieu que la folie est belle! C'est fou ce que la beauté est divine. Dieu est fou. C'est du beau!
    4
    Samedi 24 Septembre 2011 à 19:08
    Je sais bien, Van Gogh, était un génie, dont les meilleurs oeuvres furent peintes en pleine ivresse, et je ne suis pas maître en la matière, le croquis expressif me va mieux, j'y ai jadis tenu ma place, rien de comparable, mais j'aime qu'un tableau soit harmonieux à l'oeil, et émouvant au coeur,les couleurs de Van Gogh, ne se fondent pas, dans l'un et n'entrent pas dans l'autre : Son ciel m'a fais frissonner. mais ce n'est pas moi qui ai raison bien sur...
    Merci, pour vos partages Paul
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    5
    Samedi 24 Septembre 2011 à 19:24

    Qu'un ciel puisse faire frissonner montre déjà que ce tableau est expressif. Les goûts ne se discutent pas, mais la peinture ne recherche pas toujours l'harmonie et ceci depuis au moins un siècle.

    6
    Samedi 24 Septembre 2011 à 19:27

    Le sujet de ce tableau est d'une simplicité déroutante et il fallait le génie de Van Gogh pour en faire une oeuvre aussi particulière.

    7
    Samedi 24 Septembre 2011 à 19:29
    Une superbe interprétation de ce tableau du grand Van Gogh.. le ciel et ses tourments, cette église à vision déformée, un personnage qui s'invite.. le tout à la barbe du Tout-Puissant.. voilà qui me sied..
    8
    Samedi 24 Septembre 2011 à 19:47

    J'en suis ravi !

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