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Le déni papal
« Quand le Pape utilise ce mot de guerre, il n’entend pas parler « de guerre de religion ». « Toutes les religions, nous voulons la paix. La guerre, ce sont les autres qui la veulent » précise-t-il. Il s’agit selon lui, d’une « guerre d’intérêts, une guerre pour l’argent, c’est une guerre pour les ressources de la nature, c’est une guerre pour la domination des peuples ». (Radio Vatican).
Curieux déni. « Toutes les religions, nous voulons la paix » (sic), donc si c’est une guerre, ce ne peut être une guerre de religion, avec son corollaire : la guerre de religion n’existe pas par définition puisque toutes les religions veulent la paix.
Le pape, en bon catholique, nous offre comme cause première de cette guerre : l’argent.
Même si l’appât du gain n’est jamais à négliger, est-ce par hasard ou pour dérober un calice que deux assassins sont entrés dans une église pour y égorger un vieux prêtre pendant son office ?
Si ce n’est pas une guerre de religion, qu’est-ce donc ?
Comment qualifier ces musulmans cherchant à établir un califat en recrutant ses adeptes par le biais de la religion, et en s’opposant à d’autres musulmans, notamment aux chiites ? Pourquoi persécutent-ils les chrétiens d’Orient (les juifs ne sont plus disponibles, sauf en Europe), en attendant la lutte finale entre les « croisés » et l’islam, en prélude à la fin du monde ?
Est-ce pour l’argent que l’EI veut abolir le temps, se replacer au temps du prophète et des violences de l’époque, en abolissant au passage le temps préislamique ? Est-ce pour l’argent que L’EI veut abolir l’évolution du monde qui s’est faite pour sa plus grande part en marge de l’islam, et n’accepte du temps présent que ses moyens de communication et ses armes ? En conservant cependant un goût ancestral pour le couteau et l’égorgement.
Bien sûr, on comprend très bien le but politique de cette déclaration papale car la grande majorité des musulmans ne tient pas à participer à cette guerre de religion stupide et anachronique, mais au contraire à participer à la marche du monde malgré leur religion restée dans le formol depuis sa naissance. Mais exonérer de façon aussi catégorique la religion de toute implication dans le terrorisme qui touche le monde entier tient plus du déni que de l’analyse.
Il existe une complicité de fait entre les religions, ce qui les rapproche est plus important que ce qui les sépare, aussi chacune monte au créneau pour défendre l’autre. En cas de débordement fâcheux de l’une d’entre elles, les autres d’empressent de démontrer que ce débordement est lié à une hérésie ou n’a rien à voir avec la religion.
Les religions se lavent les mains des crimes qui sont commis en leur nom.
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » disait Albert Camus.
ADDENDA : Le Monde, BFM-TV, Europe 1 et France Médias Monde (RFI, France 24 et Monte Carlo Doualiya) ont annoncé qu’ils ne publieraient plus de portraits des auteurs d’attentats.
Vous pouvez lire à ce propos (si vous en avez le courage) mon billet de Janvier 2015 Comment fabriquer des "héros"
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Commentaires
Depuis le jour ou j'ai commencé à discuter "politique" (au lycée, il y a donc très longtemps), j'ai vite compris que c'était l'argument des gens qui n'ont rien à dire. Quand on a aucune opinion sur un sujet précis , on prend son air le plus inspiré et on annone que "la situation internationales actuelle résulte de la volonté des grandes puissances de contrôler les matières premières".
Dans l'absolu, ce n'est pas faux, mais en l’occurrence, dans la situation actuelle, ce lieu commun a une étrange consonance. Cet argument est toujours donné pour condamner la rapacité des "puissances occidentales" et jamais pour condamner les pays du Tiers-Monde, "pauvres" détenteurs des matières premières, même quand ils ont pris les choses en main (OPEP).
Il semble donc que pour ce pape, c'est l'Occident qui est in fine responsable du terrorisme.
Face à la montée en puissance et à l'agressivité de l'Islam dans le monde, il ne manquait plus qu'un pape suicidaire !
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Jeudi 28 Juillet 2016 à 18:37
L'argumentation du pape est à la limite surréaliste : les guerres de religion n'existent pas et c'est le capitalisme et pas la religion qui est à l'origine de l'extermination des chrétiens d'Orient et du meurtre du prêtre...Sans mettre de l'huile sur le feu, il pourrait avoir une pense plus cohérente.
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Comme l'Eglise catholique a changé! J'ai connu le temps où tous ceux qui n'étaient pas dans le giron de Rome étaient promis à l'enfer. Hérétiques, schismatiques, païens, idolâtres, juifs, infidèles et mécréants étaient promis aux flammes de l'enfer. Sauf s'ils se convertissaient.
Maintenant, c'est plutôt l'union sacrée de ceux qui croient (qu'importe en quoi) contre ceux qui ne croient pas. Des hommes de foi contre les hommes de raison. De ceux qui espèrent en l'au-delà contre ceux qui regardent vers l'avenir.
On peut comparer cette attitude à celles des commerçants. Il vaut mieux pour l'intérêt de tous qu'il y ait beaucoup de petits commerces dans un centre ville qu'une seule boutique.
On a l'impression d'une vaste entreprise de gestion de l'Au-delà avec plusieurs filiales pour satisfaire les clients selon leur mental.