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LE CRI
Au seuil du XXe siècle, c’est un cri d’horreur,
Le petit homme de Munch entend la clameur
Qui s’élèvera vers le ciel les cent ans à venir.
Il sait que les hommes rivaliseront dans le pire.
Des champs incisés de tranchées cimetières
Avec plus de chair broyée que de terre.
Les hommes effacés par les dictatures,
Le cri obstiné des opposants sous la torture,
Le cri étonné des peuples exterminés,
Seulement coupables encore d’exister,
Le cri étouffé dans les chambres à gaz,
Le cri gémissant que les décombres écrasent.
Les hommes devenus atomes avant d’être poussières,
Sans avoir le temps de crier ou de faire une prière.
Les torches humaines par le napalm incendiées.
Les foules, déplacées, réfugiées, déportées.
Femmes éventrées, corps décapités, corps explosés,
Par des bourreaux rendus fous par un Dieu dévoyé.
C’est le cri des affamés que les mouches achèvent,
Le cri épuisé des noyés avant d’atteindre leur rêve,
Le cri horrifié des êtres humains hachés,
Le cri affolé des enfants qui en jouant,
Perdent leurs pieds dans les champs…
Alors, on se bouche les oreilles comme le petit homme,
On vit, on rit, on jouit, pourquoi pas ?
Mais le cri est toujours là,
Tant qu’il y aura des hommes.
Paul Obraska
Edvard Munch « Le cri » 1893
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Commentaires
Mais c'est effroyablement magnifique, Paul ! Avec des accents tout en étant différent qui m'ont jeté au sein de la "retraite de Russie" ! Je ne vous flatte pas, je ne sais pas le faire, mais Victor Hugo aurait pu écrire ces vers !
Merci
NettoueTout est dit! Ce cri est assourdissant. Pourquoi refuse-t-on de l'entendre.
Ce texte est admirable.Pour une fois, je ne peux répondre à chacun d'entre vous, car que dire ? J'ai tenté par ce texte de traduire la révolte qui gronde en nous devant la monstruosité et l'absurdite de la violence qui déchire l'humanité depuis des millénaires et qui a atteint son sommet (pour l'instant) au XXème siècle. Ce qui sépare le plus l'homme de la bête, ce n'est pas le rire, ce n'est pas la conscience, ni même la pensée,c'est la violence de masse et sans raison. Oui, on peux devenir misanthrope, et pourtant l'homme a réalisé de si belles choses que nous sommes comme des amants trompés.
Dr WOLa seule chose que je peux dire est que je vous remercie d'avoir été sensibles à ce texte qui en peu de mots a tenté de résumer les atrocités du passé récent, mais qui n'empêcheront pas celles à venir.
bonjour,
pour un jamais plus l'horreur quoi de plus representatif que ce cri!!!
et ces mots...
loin de la guerre et de ces horreurs nous oublions facilement...
bises babethTerrible, puissant mais beau poème. Bravo ! Oui, le cri reste en dessous et nous nous efforçons de ne plus l'entendre en le cachant sous les rires et la course folle contre le temps.Comment faire autrement ?Impossible de dire que votre poème est beau, ce serait admettre qu'il existe une esthétique de l'horreur. Disons qu'il voit juste même si les massacres ont existé bien avant le 20ème siècle. L'histoire humaine en est pleine, hélas ! C'est peut-être le symptôme d'une psychopathologie de l'espèce.Vous avez raison. L'espèce humaine est une des rares espèces qui pratique la violence pour la violence (je crois qu'il existe au moins un poisson qui a cette fâcheuse habitude).
13G.MevennaisLundi 7 Janvier 2013 à 15:53Votre texte est remarquable, "criant" (c'est la cas de le dire) de vérité. Dites-moi, Doc, comment peut-on ne pas devenir misanthrope !
Amitiés. Gilles.
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J'aime tout particulièrement la dernière strophe
" Alors, on se bouche les oreilles comme le petit homme,
On vit, on rit, on jouit, pourquoi pas ?
Mais le cri est toujours là,
Tant qu’il y aura des hommes."
Bonne journée Doc
ZAZA