-
La vertu, ma non troppo
« Selon un sondage Harris Interactive pour RMC et Atlantico (publié ce jour), une large majorité de Français estime que les ministres Richard Ferrand (pour 70%) et Marielle de Sarnez (pour 65%) devraient démissionner en raison des soupçons pesant sur eux » (Le Point).
Le premier pour des opérations immobilières effectuées dans le passé et ses liens avec le monde mutualiste, et la seconde pour des emplois supposés fictifs au Parlement européen sur dénonciation d’une eurodéputée du Front national, alors que ce dernier est formellement accusé du même délit et sur une grande échelle. « L’hôpital se moquant de la charité ».
Ainsi les Français dans leur grande majorité estiment qu’un soupçon sur des faits non encore établis et/ou dont l’illégalité n’est pas encore démontrée suffit à déconsidérer une personne et justifie qu’elle abandonne ses fonctions.
Voici venir le temps de la délation et de la calomnie car les moyens actuels de diffusion permettent d’instiller largement le soupçon, même sans fondement, pour chacun d’entre nous, et en particulier à l’encontre de ceux qui ont la moindre responsabilité car leurs ennemis ne manquent jamais, la jalousie et la haine étant des sentiments largement répandus.
Je ne porte aucun jugement sur les agissements des deux personnalités susnommées et qui sont peut-être coupables de quelque chose, mais je suis heurté par la rapidité avec laquelle les 2/3 des Français les condamnent sur un simple soupçon.
Je me méfie des gens trop vertueux ou qui prétendent l’être ("Que celui d'entre vous qui n'a jamais péché lui jette la première pierre."). L’histoire a souvent montré « les malheurs de la vertu », comme ceux provoqués par Savonarole au quattrocento florentin ou par Robespierre « l’incorruptible ».
On parle de « moralisation de la vie politique ». Il vaudrait mieux parler de probité et même de probité dans l’exercice de fonctions officielles, car avant que celles-ci ne soient exercées, on trouvera toujours, s’il s’agit par ex. d’un homme d’affaires, de quoi redire en fouillant dans le passé de l’impétrant.
Probité, car pour un dirigeant il est préférable dans l’intérêt général qu’il ne s’embarrasse pas trop des préceptes moraux. La morale ne devrait-elle pas interdire à un dirigeant de serrer la main d’un dictateur dont on connaît les méfaits ? On vante – à juste titre – la probité de De Gaulle, mais le mensonge (c’est immoral, non ?) a fait partie de sa gouvernance.
Si la probité devrait être la règle dans l’exercice d’une fonction publique, la morale proprement dite fait rarement bon ménage avec l’efficacité en politique.
-
Commentaires
Je suis d'accord, la posture "morale outragée" ("c'est peut-être légal, môssieur, mais ce n'est pas moral") m'insupporte au plus haut point.
Mais de grâce, Doc, ne boudons pas notre plaisir et laissons les arroseurs d'hier se faire copieusement arroser aujourd’hui. Ca les rendra peut-être plus modeste et il en sortira peut-être une bonne loi de moralisation.
Sinon, ils seront tentés d'inscrire dans la loi que la transparence et l'exemplarité doivent être respectées par leurs opposants mais pas par eux .
Comme en Russie , où seuls les dirigeants de l'opposition semble se livrer à la fraude fiscale et jamais les proches du pouvoir.
-
Mercredi 31 Mai 2017 à 19:34
-
Souris doncJeudi 1er Juin 2017 à 18:13
L'arroseur à rosser.
Que les dégoulinantes leçons de morale des chaisières médiatiques pourfendant le nauséabond leur reviennent en boomerang n'est pas pour me déplaire.
Proverbe de la France périphérique : Demain le soleil se lèvera tôt, râteau !
-
Jeudi 1er Juin 2017 à 19:19
-
Pourquoi donc êtes-vous heurté pour ces deux-là, alors que pour Fillon vous avez eté au diapason tout de suite ?
Seriez-vous adepte du deux poids deux mesures ?
-
Mercredi 31 Mai 2017 à 23:03
Les faits ne sont pas les mêmes. Pour Sarnez, ils ne sont pas avérés pour l'instant, elle a porté plainte pour calomnie. Pour Ferrand, les faits sont avérés mais ne seraient pas illégaux et pour l'instant aucune procédure judiciaire ne semble justifiée. Pour Fillon, les faits étaient apparemment illégaux et la recherche d'un enrichissement personnel important certain, la procédure judiciaire est toujours en cours. Les situations n'ont aucune commune mesure, même si l'on peut critiquer les agissements de Ferrand sur le plan moral.
Je suis heurté par la condamnation sans appel des Français qui me semble prématurée et cela n'a rien à voir avec le camp. Mais nous verrons.
NB. Ce matin j'apprends que pour Ferrand une enquête préliminaire a été demandée (ce qui n'implique pas - pour l'instant - sa culpabilité)
-
Le jour où Augustin d'Hippone a pondu sa théorie du "péché originel", il aurait mieux fait d'aller à la pêche ! Il nous aurait (peut-être) évité toutes les c.....s qui ont été dites et écrites par la suite !
-
Jeudi 1er Juin 2017 à 17:33
-
Ajouter un commentaire
Un discours très sage Doc, des français sont des girouettes ! Nous vivons une drôle d'époque tout de même.
Bonne fin d'après midi
Effet de balancier. On assiste à une hypersensibilité qui risque de faire plus de mal que de bien.