• La pyromanie des révolutionnaires

    La pyromanie des révolutionnaires

    Maximilien Luce : "Une rue de Paris en mai 1871"

    A chaque manifestation hebdomadaire de ceux qui revêtent un gilet jaune qui vire souvent au noir en fin de journée, et qui manifestent pour manifester sans trop savoir pour quoi ils manifestent, sinon pour user du droit de manifester inhérent à toute démocratie libérale avec le risque que celle-ci disparaisse, des manifestants tentent de provoquer des incendies, ne serait-ce que celles des poubelles mais parfois avec des réussites plus glorieuses sans se soucier des conséquences mortelles possibles.

    Les émeutiers adorent le feu purificateur et la destruction des biens d'autrui. Obnubilés par leurs idées, ils paraissent insensibles à la beauté des choses, elle semble même parfois les irriter, peut-être parce qu’ils n’ont pas les moyens de la posséder.

    Le billet qui va suivre est largement inspiré d'un article d’Yvan Pandelé paru le 19-04-2019 dans Egora, avec Retronews, le site de presse de la BNF, relatant comment la cathédrale Notre-Dame a échappé de peu à sa destruction par le feu le 24 mai 1871 grâce à des internes de l'hôpital Hôtel-Dieu :

    En Mai 1871, Paris dominé par la Commune est assiégé. Les troupes du gouvernement Thiers lancent l'assaut face à une dizaine de milliers de combattants communards. Devant l’avancée des troupes gouvernementales, le Comité de salut public, organe de direction de la Commune, ordonne de mettre le feu à Paris. Une mesure s’inspirant des paroles de Louise Michel : "Paris sera à nous ou n'existera plus". « Ordre est porté dans les rues de la capitale de réduire en cendres certains édifices emblématiques. Parmi eux, Notre-Dame de Paris, symbole d'une Église réputée acquise au pouvoir ».

    "Dans la nuit de mardi à mercredi, je m'étais endormi sur un fauteuil de la salle de garde. Vers trois heures du matin, alors que je le jour commençait à poindre, je fus éveillé par des cris qui venaient de la rue", relate dans le Temps un certain Hanot, interne à l'Hôtel-Dieu. A la porte, un lieutenant de la garde nationale, entouré d'une vingtaine d'adolescents nageant sous leurs képis. Fusils au poing, ils sont venus réquisitionner du matériel au nom de la Commune ».

    "Un des infirmiers chargés de satisfaire à ces ordres apprit de ces hommes qu'ils avaient mission d'incendier Notre-Dame", poursuit le jeune homme. "Nous nous approchâmes de l'officier pour lui faire remarquer que mettre le feu à la cathédrale c'était aussi compromettre, sacrifier même sûrement la vie de 900 malades ou blessés contenus dans l'hôpital : l'homme ne répondit que par des monosyllabes, réitéra ses ordres, nous ordonna de nous éloigner, et tourna les talons."

    « À l'époque plus encore qu'aujourd'hui, ce sont les internes qui font tourner l'hôpital. En ces temps d'insurrection armée, l'Hôtel-Dieu ne compte même plus qu'un seul médecin agrégé : son directeur, le Pr Paul Brouardel, nommé par la Commune. Selon l'interne Hanot, il parvient à négocier un sursis auprès de l'officier, le temps d'évacuer les malades ».

    « Mais plus tard dans la matinée, coup de théâtre : on signale un départ de feu à Notre-Dame. Prévenu par un ouvrier venu donner l'alerte à l'Hôtel-Dieu, un interne en pharmacie recrute quelques camarades pour se rendre sur les lieux. Ils constatent une colonne de fumée sortant par la lucarne et, rejoints par quelques voisins, les internes se font remettre les clés de la cathédrale. À l'intérieur, l'atmosphère est déjà irrespirable. »

    Un immense brasier fut découvert au niveau du chœur, constitué de chaises et de meubles d'église. Ils parviennent à l'éteindre. Un autre est découvert près de l'autel. En explorant l'église à la recherche d'autres foyers, les sauveteurs du jour ne manquent pas de remarquer la "forêt de charpentes qui remontent à huit cents ans", se félicitant de "l'oubli ou l'ignorance" des incendiaires. Une forêt que nous avons vu flamber il y a quelques jours.

    La catastrophe fut évitée de justesse grâce à quelques internes en pharmacie de l’Hôtel-Dieu aidés d’un pompier et de badauds et par la peur d'un mourant "Tout était préparé pour faire sauter l'édifice", révèle La Gazette nationale du 29 mai 1871" Mais l'homme qui avait été chargé de cacher sous le maître-hôtel cinq barils de poudre (…) a été blessé mortellement un instant après avoir commis le crime. Il a eu peur, il a demandé un prêtre qui a reçu sa révélation et a pu prévenir à temps l'officier qui commandait là."

    Ce fut évidemment le Pr Brouardel, qui n’avait aucunement participé à l’extinction de l’incendie, ni apporté l'aide réclamée par ses subordonnés, qui reçut la Légion d’honneur pour avoir sauvé la cathédrale, recueillant, comme il se doit, les lauriers mérités par ses internes.

    « Les 15 min de célébrité à la portée des imbéciles et des malfaisantsGouverner serait-il une farce ? »

  • Commentaires

    1
    Samedi 20 Avril 2019 à 18:14

    Je pense (et ne suis pas la seule) que l'incendie de mardi, a été aussi allumé par une main criminelle, il était très aisé de grimper sur les échafaudages pour atteindre le toit!

    A qui profite ce crime ?

      • Samedi 20 Avril 2019 à 18:28

        Attendons les résultats de l'enquête.

    2
    Samedi 20 Avril 2019 à 19:08
    Pangloss

    Il y a au moins une négligence: celle du responsable du chantier qui devait surveiller attentivement les travaux et passer une inspection détaillée et minutieuse après le départ des ouvriers.

    Et peut-être une faute: celle de celui qui devait surveiller les alarmes et qui n'a pas vu ce qui lui    était signalé. A moins que le système de détection ait été défaillant.

      • Samedi 20 Avril 2019 à 19:38

        Pas très fiable cette entreprise. Sans compter la défaillance de la protection divine. J'ai entendu Finkielkraut se demander, pince-sans-rire, si la cathédrale ne s'était pas suicidée.

    3
    Samedi 20 Avril 2019 à 19:52

    Lecture de mauvaise foi (si j'ose dire):

    gilets jaunes=>incendiaires=>communards=>Louise Michel=>Notre-Dame en flammes=>"Paris sera à nous ou n'existera plus"=>"La France, elle est à nous" (=>musulman radicalisé : "affaire" Finkelkraut)=>ouch?...             

      • Samedi 20 Avril 2019 à 20:06

        Une lecture cohérente mais avec un virage à la fin par association d'idées.

    4
    Un cœur qui bat
    Samedi 20 Avril 2019 à 20:18

    Bonsoir Doc, à vous lire il est évident que l'histoire est véritablement (et malheureusement... ou pas...) un éternel recommencement. Notre "Dame" qui renaît une fois de plus de ses cendres tel un Phoenix...

    Excellent WE Pascal

      • Samedi 20 Avril 2019 à 20:53

        Karl Marx aurait dit : "l'histoire ne se répète pas ou alors comme une farce". Une autre version dit "La première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une farce". Le dernier incendie de ND tiendrait plutôt de la farce par négligence. Je crois qu'en histoire les mêmes causes peuvent donner les mêmes effets, mais jamais de la même façon. On peut tout prévoir sauf ce qui va arriver. Le mouvement dit des gilets jaunes en est un exemple.

        Bon WE, Pascal ou pas.

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    5
    Samedi 20 Avril 2019 à 20:57

    Dieu n'a pas de défaillance et ne surveille pas les c.......s que font tous les hommes ! Mais l'entreprise a déjà foiré sur d'autres chantiers, voilà ce que c'est que de privilégier les copains, ce sont eux ou les autres les responsables !

      • Samedi 20 Avril 2019 à 23:10

        En tant que simple mortel, je me garderai bien de dire ce qu'est ou ce que n'est pas Dieu.

        J'ignore également s'il y a eu copinage ou non pour le choix de l'entreprise. En général il y a un appel d'offre.

    6
    Samedi 20 Avril 2019 à 23:23

    En lisant cette histoire, on comprend mieux pourquoi les nihilistes et autres connards de tous poils aiment bien mettre le feu un peu partout : entre 5 et 10 HEURES pour tout détruire contre 5 et 10 ANS pour reconstruire.  Un retour sur investissement exceptionnel !

     

    PS : S'agissant de Notre-Dame, on se demande à quoi sert une commission d'enquête.  Il suffirait de demander aux blogueurs, twittos et autre face bookeurs ! Ils connaissent déjà le coupable !

      • Samedi 20 Avril 2019 à 23:35

        On pourrait en effet dire que les destructeurs sont en fait des créateurs d'activité et d'emplois.

        Je trouve que la devise de la foule en réseaux devrait être : "je doute, donc je suis".

    7
    Souris donc
    Dimanche 21 Avril 2019 à 08:14

    Les émeutiers adorent le feu purificateur et la destruction des biens d'autrui.

    Eternel recommencement, détruire, mais aussi piller au passage, de préférence les boutiques de luxe. Bonne aubaine : se donner bonne conscience tout en défoulant son agressivité. C'est ce que font les  bobos frivoles  donneurs de leçons du haut de leur vélib, tandis que les illettrés alcooliques qui roulent en diesel et fument des clopes passent à l'acte, contents de se voir à la télé, laquelle est contente de montrer en boucle des images spectaculaires.

    Eternel recommencement. Avec les moyens techniques actualisés. Dont les rézosocio.

      • Souris donc
        Dimanche 21 Avril 2019 à 09:01

        PS. Ce qui m'a choquée le plus, et qui déconsidère définitivement les Gilets Jaunes, c'est ça. Le "Suicidez-vous!" hurlé aux forces de l'ordre.

      • Dimanche 21 Avril 2019 à 09:15

        L'idiotie finit toujours par déconsidérer l'idiot, mais la cruauté le condamne.

    8
    Souris donc
    Dimanche 21 Avril 2019 à 17:22

    L'homme chargé de cacher sous le maître-autel cinq barils de poudre...

    Cinq barils de poudre, on comprend mieux que le feu ait pris.

    Les autres hypothèses, genre court-circuit et étincelle dans le poste de soudure, me laissent dubitative quand je pense aux efforts à faire pour allumer une simple cheminée (papier + cubes en hydrocarbures StarFeu + allume-feu en bois compressé + briquettes d'allumage + petit bois + pommes de pin + soufflet. Et le feu ne prend pas toujours)

      • Dimanche 21 Avril 2019 à 17:33

        Il est évident que ce qui vient de se passer au Sri Lanka avec des attentats touchant en particulier des églises peut éveiller des soupçons que rien jusqu'à présent ne vient officiellement étayer.

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