• La pharmacie mondiale (bis)

     

    Le Parisien révèle dans son édition du 10/08/15 que « Depuis mai, 300 médicaments s'affichent en rupture de stock sur les listings des fournisseurs… Selon l'Agence nationale de sécurité du médicament (ASNM), cette situation dure depuis 2008 et ne cesse de prendre de l'ampleur. Selon les chiffres de l'agence, les ruptures d'approvisionnement ont été multipliées par dix en sept ans »

    Serait à l'origine de cette pénurie, « la pratique du "contingentement", qui consiste à limiter volontairement le nombre de boîtes mises à disposition des grossistes pour les empêcher de vendre leurs médicaments à l'étranger. L'Académie nationale de pharmacie estime, quant à elle, que "14 % des ruptures de stocks de médicaments auraient pour origine une difficulté d'approvisionnement en matières premières ».

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    Il y a trois ans j’avais écrit l’article que je reproduis ci-dessous :

    Lorsque vous prenez un médicament vous pensez peut-être que celui-ci a été intégralement fabriqué et conditionné par le laboratoire qui le délivre et le vend. C’était en effet le cas autrefois où la fabrication était locale et totale (principes actifs, excipients, produits de conditionnement) et réalisée par un petit nombre d’acteurs connus et bien surveillés par les autorités sanitaires. Ce n’est plus le cas. Le médicament est devenu un produit de consommation comme un autre, soumis aux mêmes règles commerciales, où domine la rentabilité financière. Cette vision ultralibérale a abouti à une mondialisation où chaînes de production et de distribution se sont dissociées. Les principes actifs sont fabriqués là où la fabrication est la moins chère. C’est ainsi que pas un gramme de paracétamol (antalgique courant) n’est produit en Europe ! La Chine produit 40 à 50% des principes actifs des génériques destinés au marché européen. Heureusement, il existe pour l’Europe des inspections des sites mondiaux de production qui peuvent aboutir au retrait ou à la suspension des certificats de conformité à la pharmacopée européenne. Il est à noter que 75% de ces retraits ou suspensions ont concernés des sites chinois ou indiens. Toujours par un souci de rentabilité des médicaments anciens mais efficaces ne sont plus fabriqués car leur prix de vente est peu élevé et les bénéfices jugés insuffisants, surtout s’ils sont destinés à des maladies peu fréquentes.

    Cette mondialisation de la fabrication des médicaments et la concentration des lieux de fabrication ont une autre conséquence : la fréquence de plus en plus grande des « ruptures de stock ». En France, sur les 5 dernières années, ces pénuries de médicaments ont été multipliées par 10 et au premier semestre 2011, 31 bulletins d’alerte ont été lancé par l’Afssaps contre 4 en 2010 et 2 en 2009. Aux USA leur nombre est passé de 60 en 2006 à 220 en 2011. Ces ruptures ou arrêts d’approvisionnement concernent souvent des médicaments anciens et d’un coût faible et peu importe s’ils sont nécessaires ou au moins d’efficacité égale aux médicaments plus récents mais plus chers.

    A cela, il faut ajouter le commerce croissant des faux médicaments qui en 2010 a représenté 10% du marché pharmaceutique mondial, et 75 milliards de bénéfice pour les fraudeurs. Selon l’OMS, " 60% des cas de contrefaçon sont détectés dans des pays pauvres [où elle tue des milliers de personnes chaque année] et 40% dans des pays industrialisés" (50% des médicaments vendus sur internet seraient contrefaits : placebo ou produit toxique). En Europe, près de 3 millions de faux médicaments ont été saisis par les douanes en 2010 », 65000 boîtes ont été saisies en France en 2011 alors qu’auparavant la fraude était marginale. La fabrication de ces contrefaçons se fait de plus en plus à l’échelle industrielle, et un peu partout (Suisse, Inde, Chine…), alors qu’elle ne concernait que les produits dits « de confort », elle porte de plus en plus sur des médicaments destinés à des pathologies lourdes comme les cancers ou les maladies cardiovasculaires qui, elles, sont bien réelles. Un danger sanitaire en perspective surtout si les faux réussissent à s’infiltrer dans les réseaux officiels de distribution.


    Sources : « les Cahiers du médicament, la Revue du praticien de mai 2012 », Egora et AFP

    « La prime aux crapules184. Le partage du « vivre ensemble » »

  • Commentaires

    1
    Mardi 11 Août 2015 à 11:56

    Ce n'est pas rassurant tout cela Doc. C'est vrai pour ces ruptures fréquentes. Je l'ai remarqué dans certains des médicaments de ma mère : sérétide, gaviscon pour ne citer qu'eux. Et puis cette manie de changer les couleurs des médicaments selon la provenance des Labos. Exemple, le paracetamol peut être en gélule bleu et blanche, ou blanche et jaune, ou jaune clair... Les médicaments comme le Préviscan sont devenus roses, qui dans le cas de maman peu se confondre avec le seresta....Pas simple pour les p'tits vieux, il y a de quoi se mélanger les pinceaux !

    La pluie est arrivée et il était temps, la terre avait soif. Je pense que nous en avons jusqu'à la fin de la semaine. Bonne journée mon ami. ZAZA

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    2
    Mardi 11 Août 2015 à 12:14

    Il arrive que ce qui doit nous secourir peut nous perdre, mais selon l'aphorisme de Nietzsche devenu un cliché : "Tout ce qui nous tue pas nous rend plus fort". A cela près que ce qui nous tue pas risque fort de nous affaiblir définitivement en laissant des séquelles.

    3
    Mardi 11 Août 2015 à 15:58

    Voilà qui fait froid dans le dos! Moi qui prends du paracétamol au moins une fois tous les deux ans, maintenant j'ai la frousse de manquer...je vais constituer un petit stock!

    Amitiés.

    4
    Mardi 11 Août 2015 à 18:01

    Vous pourrez toujours le revendre.

    5
    Mardi 11 Août 2015 à 19:34

    Les spammeurs devraient affiner leurs fichiers de prospects, je suis toujours réjouiE de recevoir les propositions de vente en ligne de Viagra.

    6
    Mardi 11 Août 2015 à 19:46

    Mais non. Ils appliquent la théorie du genre où le sexe n'est qu'un artéfact

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