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La foule en réseau
A l’exception des orchestres et des chœurs, le degré d’intelligence est inversement proportionnel au nombre de cerveaux réunis. Or les réseaux sociaux ont permis de constituer des foules considérables où les individus sont liés virtuellement, avec le risque d’une atrophie cérébrale. Leur clameur anonyme est assourdissante, bien qu’inaudible, et leur force de lynchage, meurtrière, bien qu’impalpable. Le dessin ci-contre est de Jiho, c’est un dessinateur que j’apprécie. Il est le plus souvent politiquement incorrect et ses dessins, parfois cruels, résument en peu de traits et en peu de mots des situations complexes. Celui-ci illustre un petit article sur Spinoza paru dans Marianne du 17 novembre dernier. Ce philosophe avait en son temps privilégié la raison sur les croyances, et il fut de ce fait rejeté par la communauté juive à laquelle il appartenait. Les réseaux sociaux privilégient, comme à l’époque de Spinoza, les croyances sur la raison, les complots sur la vérité ou si la vérité n’est pas parfaitement déterminée, les fantasmes et les interprétations imaginaires sur le réel. Les réseaux sociaux ont donné une force inépuisable aux rumeurs, aux calomnies, aux mensonges et à la haine, tout en permettant de regarder par le trou de la serrure la vie intime de la médiocrité égocentrique exposée à la foule avide et influençable. On pourrait me rétorquer que je tiens un blog, c’est vrai, mais sans la foule.
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Commentaires
2Souris doncVendredi 25 Novembre 2022 à 09:27Une caisse de résonnance qui amplifie le bruit, la rumeur, l'information sans intérêt, les affirmations à la Sandrine Rousseau, qui en deviennent de plus en plus péremptoires.
Là, ce sont les corridas. Bientôt la dinde et l'arbre mort.
Insignifiance prouvant que nous vivons non pas au pays des merveilles, mais au moins ne recevons-nous pas de missiles sur la tête.
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Vendredi 25 Novembre 2022 à 10:09
C'est en effet une preuve de la liberté d'expression qui implique que l'on a le droit d'exprimer n'importe quoi jusqu'à un certain point. La bêtise c'est mieux que la censure à condition qu'elle ne devienne pas dangereuse.
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Ce qui a changé, c'est qu'avant le rumeur était honteuse et se propageait, physiquement, de bouche à oreille entre voisins et personnes qu'on connaissait de longue date. Aujourd'hui, elle s'affiche fièrement, avec arrogance et culot.
J'ai un peu l'impression ( mais c'est juste une impression) que le passage de Trump à la présidence des Etats-Unis a décomplexé beaucoup de gens et libéré la parole complotiste et la fake-news en Occident.
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Vendredi 25 Novembre 2022 à 11:58
Oui, le mensonge a maintenant pignon sur rue. Le tournant nous l'avons eu avec la porte-parole de Trump (je ne sais plus son nom) lorsqu'elle a parlé sans vergogne de "vérité alternative".
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Internet a amplifié le mal dont l'homme souffre depuis la nuit des temps, mais là, on l'a tout de suite !
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Vendredi 25 Novembre 2022 à 12:30
Amplification et accélération. Reste qu'internet est une source de connaissances immédiatement accessible.
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Vendredi 25 Novembre 2022 à 14:20
Malheureusement bien souvent erroné !
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Vendredi 25 Novembre 2022 à 16:17
Oui, il faut savoir ou pouvoir trier et recouper. La connaissance demande toujours un effort.
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Les réseaux sociaux n'ont pas inventé ce que vous semblez appeler la bêtise des masses; tout au plus amplifiée et donné une forme différente . Vous vous souvenez peut-être de ce que l'on a appelé à l'époque la "Rumeur d'Orléans" qui prétendait que des jeunes femmes avaient droguées et enlevées à partir de cabines d'essayage dans des magasins de vêtements de la ville, des magasins tous tenus par des "vous-savez-de-qui-je-veux-parler" pour être livrées à la prostitution. Il a même été question de souterrains reliant les magasins à la Loire d'où des sous-marins les emmenaient directement au Proche-Orient !
La rumeur a duré pendant plusieurs mois et essaimé dans toute la France, essentiellement par un bouche à oreille très actif et relayé par une ou deux feuilles de ***** spécialisées dans le complotisme avant l'heure.
Il doit en exister dizaines d'autres, du même genre ou pas, vecteurs de calomnies, de mensonges et de haine, et que je vous laisse le plaisir de découvrir et de dénoncer avec la même vigueur (voire la même rigueur)...
Bien entendu la rumeur, la calomnie, la haine sont aussi vieilles que l'humanité, mais internet leur a donné une ampleur mondiale et une efficacité inédites. En y ajoutant un narcissisme exhibitionniste qui peut se répercuter sur toute la planète.
C'est un peu le cas de toutes les innovations techniques qui ont permis d'amplifier la circulation des idées et des informations (bonnes ou mauvaises les idées... officielles ou parallèles et vérifiées ou à ignorer les informations !)...!
En gros et en vrac et toutes proportions gardées : l'imprimerie puis la presse écrite, le chemin de fer, la poste, le téléphone, la radio et la télévision... l'internet en est la dernière en date et il faut faire avec, avec ses défauts et ses qualités. C'est à la discrétion de chacun : on dénigre le thermomètre ou on recherche la cause de l'infection et on fait ses choix en conséquence.
Pour ma part, j'y suis relativement actif même en dehors de mon petit blog qui n'intéresse plus grand monde même parmi mes anciens lecteurs et trices : et je recherche, je vérifie, je trie, je sélectionne, je rencontre, je questionne, je réponds (je n'y passe mes nuits...) et au final je suis assez satisfait de cet outil qui est une ouverture virtuelle au monde réel, à moins que ce ne soit une ouverture réelle au monde virtuel.
Mais c'est vrai que sur les réseaux les twittos sont méchants alors que dans la vraie vie mes parents et amis sont gentils.
Dans l'ensemble vous avez raison. Chaque innovation a eu son revers. Internet est un outil formidable pour la circulation des idées, mais l'homme est ainsi fait qu'il produit et diffuse autant le mal que le bien et que le mal fait plus de mal que le bien fait du bien. Internet est un forum où la foule se déchaîne plus souvent qu'elle n'acclame. Mais pour paraphraser l'inoubliable Marchais (qui parlait de l'URSS), il est globalement positif.