• La fable des économistes

    Un jour, les économistes – dont on connait la clairvoyance - prirent pleinement conscience d’un fait bien connu : ce qui coûte cher, ce sont les hommes. Il faut les payer, dépenser pour assurer leur sécurité et même engloutir des sommes injustifiées lorsqu’ils ne font plus rien.

    Bien sûr, la première solution venant à l’esprit est de faire fabriquer les choses par des hommes ou mieux, des enfants, dont on n’assure que la survie. Cette solution a été appelée du charmant nom de « délocalisation » dans le pays qui fermait ses entreprises et du vilain nom d’ « exploitation » dans le pays qui les recevait (mais ce pays bien content de les recevoir s’empressait de bannir ce mot de son vocabulaire). Cependant, cette solution ne pouvait être que provisoire car ces hommes locaux finiraient un jour ou l’autre, dans leur inconscience, par réclamer leur dû.

    D’où l’idée simple des économistes : produire et distribuer sans intervention humaine. On utiliserait d’abord les hommes pour fabriquer les machines et les robots, puis on n’en conserverait que quelques-uns pour assurer leur maintenance. Ceux qui possèderaient ce parc robotique pourraient gérer l’économie de façon rationnelle.

    Mais me direz-vous : il ne sert à rien de fabriquer des choses si personne n’a la possibilité de les acheter ? C’est vrai qu’en matière d’économie, ce qui est embarrassant c’est l’Humanité.  Mais c’est là que les économistes pourront atteindre leur rêve. En séparant production/distribution d’un côté et les hommes de l’autre, l’économie deviendrait plus simple, prévisible, calculable, enfin mathématique. Ceux qui possèderaient les machines ou les politiques qu’ils mettront au pouvoir (les uns pouvant être également les autres) financeraient les hommes - enfin devenus intégralement des consommateurs - uniquement pour acheter des produits qui seront ensuite recyclés par des machines (car les économistes ont aussi la fibre écologiste, personne n’est parfait). Matières premières, produits et argent circuleraient en circuit fermé. L’économie marcherait toute seule.

    Mais me direz-vous : la part de chacun pour consommer risque de s’amenuiser avec le temps ? En effet, surtout si la part que se réservent les distributeurs grandit, ce qui peut conduire à des protestations. Les économistes ont bien conscience du problème et espèrent un jour remplacer les consommateurs par des machines qui, elles, ne protestent pas.

    Attention ! Ceci n’est qu’une fable.


    Illustration : "Portrait d'un banquier' par Jan Gossaert dit Mabuse

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  • Commentaires

    1
    Samedi 29 Août 2009 à 18:23
    Une fable.... parfois, les rêves rejoignent la réalité.. dans ce cas il s'agirait d'un cauchemar..
    Bon WE à vous
    2
    Samedi 29 Août 2009 à 18:40
    Cette fable n'a pas de moralité.
    Dr WO
    3
    Samedi 29 Août 2009 à 18:46
    MORALITÉ:
    Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière asséchée, le dernier poisson péché, l'homme s'apercevra que l'argent n'est pas comestible.
    Proverbe indien...


    Au secours DR WO, j'ai mis un texte sur mon blog, et apparemment d'après les premiers commentaires qui n'ont pas saisis le second degré, ils croient que je ne parle QUE botanique..
    4
    Samedi 29 Août 2009 à 19:02

    Je sais. J'avais été lire votre texte (toujours excellent) avant votre second commentaire. Je l'avais interprété comme une parabole sur les hommes transplantés loin de chez eux, mais les commentaires étant botaniques, je me suis retiré sans laissé de trace, ce qui m'arrive souvent lorsque je visite votre blog.
    Dr WO
    PS. Beau proverbe indien
     

    5
    Samedi 29 Août 2009 à 20:53
    Cauchemardesque la fable, effectivement ! On n'est pas très loin du "Meilleur des mondes" !
    6
    Samedi 29 Août 2009 à 21:01
    Cauchemardesque parce que proche de la réalité.
    Dr WO
    7
    Samedi 29 Août 2009 à 21:38
    l'essentiel de l'économie étant la manipulation de l'argent que l'on tire du travail des hommes, il devient évident que les êtres humains deviennent une nuisance lorsqu'ils ont fini de faire ce qu'on attendait d'eux. Mais ce n'est qu'une période transitoire. Bientôt, il n'y aura plus que des traders. L'étape suivante, quand les ordinateurs auront chassé les traders, il ne restera plus que des banquiers. Comme l'économie sera belle!
    8
    Samedi 29 Août 2009 à 21:45
    En fait, je crois que ça n'a pas commencé avec les machines, mais avec ... les chiens ! le jour où l'homme a domestiqué le premier chien pour monter la garde à sa place, il a pu désormais dormir tranquille et le brave canin était assuré de manger sans s'épuiser à chasser ! Tout le monde y gagnait !
    C'est la version optimiste, pardon ! :-)
    9
    Samedi 29 Août 2009 à 21:51
    Pourquoi faire compliqué puisqu'on faire simple.
    Dr WO
    10
    Samedi 29 Août 2009 à 21:56
    Dans un roman de SF de Simak, ce sont les chiens qui remplacent les hommes.
    Dr WO
    11
    Mercredi 2 Septembre 2009 à 09:26
    heureusement ce n'est qu'une fable !!!
    12
    Mercredi 2 Septembre 2009 à 09:54
    La réalité finit toujours par rejoindre la fiction.
    Dr WO
    13
    Lundi 21 Septembre 2009 à 22:43
    Parfois
    Dr WO
    14
    leonie
    Lundi 7 Janvier 2013 à 16:25
    Et la dépasser.
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