• La « désanctuarisation » de l’école

    « Et si la diversité était une chance pour l'école ? La classe de CE2 de Julie Noël à Paris s'est lancée dans l'aventure : durant une année, les élèves ont enquêté sur leurs origines, leur histoire familiale, ont débattu sur le racisme, l'immigration et la notion d'être français. Beaucoup d'entre eux ont des parents qui ne sont pas nés en France. Le webdoc Photo de classe, réalisé par Estelle Fenech et Catherine Portaluppi, raconte cette expérience qui regarde l'école autrement ».

    Il fut un temps, déjà bien lointain, où l’école de la République s’efforçait d’être neutre. Un lieu consacré à la transmission du savoir. La classe (mais pas forcément la cour de récréation) constituait un univers clos où les élèves étaient en principe à égalité, où il n’était pas tenu compte de leurs origines, où il leur était seulement demandé de travailler et d’apprendre, et où ils étaient jugés sur leurs résultats. Ceux qui étaient désavantagés par leur milieu familial étaient amenés à travailler davantage pour être au niveau des autres s’ils voulaient réussir, sans que l’on s’apitoie sur leur sort. C’était un sanctuaire qui laissait à sa porte la politique, les opinions, les religions, les origines, bref la société et ses remous.

    Je dis l’école de jadis s’efforçait d’être neutre, car le savoir lui-même n’est jamais neutre, l’Etat peut le manipuler par la façon dont les programmes sont faits et imposés aux enseignants. Mais dans l’ensemble il existait tout de même une neutralité, notamment de la part des enseignants.

    L’information qui figure en tête de cet article montre bien que cette époque est révolue. Les problèmes de la société envahissent la classe et ce dès le plus jeune âge. Ce n’est plus le sanctuaire de la transmission du savoir mais un lieu de débat. Jadis les professeurs transmettaient une culture qui permettait aux élèves de se faire plus tard une opinion. Aujourd’hui, on livre du savoir mais aussi des opinions, quand les opinions ne prennent pas la place du savoir. L’école semble devenu un lieu de façonnage du citoyen selon un modèle politiquement correct, et le savoir lui-même peut être tronqué, car il arrive que des enseignants évitent de parler de certains évènements historiques ou de connaissances en raison de la composition ethnique ou religieuse de leur classe.

    Il faut aussi admettre que les classes n’ont plus la même homogénéité qu’autrefois, mais je me demande s’il est souhaitable d’accentuer cette hétérogénéité en insistant sur les origines de chacun. Ne serait-il pas plus judicieux de considérer que tous sont sur la même ligne de départ et que c’est à chacun de montrer ses capacités. Je ne vois pas en quoi la diversité proclamée – qui introduit déjà une inégalité – est une chance pour l’école (la géographie est faite pour enseigner les pays du globe sans passer par les enfants d’immigrés présents en classe). C’est une façon peut-être nocive de distinguer les uns des autres en-dehors de leur travail scolaire.

    « DéshonneurL’obsession du genre »

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  • Commentaires

    1
    Mardi 7 Janvier 2014 à 19:27

    Il semble que notre société soit atteinte d'un curieux syndrome: au lieu de lutter contre la mise en avant des différences souvent génératrices d'inégalités, elle constate que la tâche est devenue impossible et, acceptant sa défaite, adore ce qu'elle n'a pu brûler.

    2
    Mardi 7 Janvier 2014 à 19:43

    Oui, c'est une remarque judicieuse : puisque l'intégration n'est pas possible, favorisons la désintégration. Faisons en sorte d'être à l'origine d'un phénomène qui nous a échappé.

    3
    Mardi 7 Janvier 2014 à 20:21

    Morosité en ce début 2014 et malheureux constat : tout se dégrade..... En lisant le télégramme, la mairie de Brest a interdit la galette dans les écoles pour respecter la laïcité.... foutaise ! Bonne soirée mon ami

    4
    Mardi 7 Janvier 2014 à 20:43

    Le contexte religieux a plus ou moins disparu : c'est une tradition gourmande.

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    5
    Mardi 7 Janvier 2014 à 21:51

    C'est curieux, j'ai l'impression en écoutant tous ces gens s'exprimer à la télé et sur internet qu'il n'y a plus dans les écoles QUE des enfants "issus de l'immigration"  ! 

    Ou alors que les autres enfants n'ont aucun problème ! Mais ça m'étonnerait quand même !

    6
    Mardi 7 Janvier 2014 à 22:23

    C'est vrai et c'est une erreur qui va à l'encontre de l'intégration dont l'école était le meilleur instrument.

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