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L’indemnisation universelle
« Les proches de la victime d'un accident peuvent désormais obtenir une indemnisation réparant le préjudice ressenti par le défunt en voyant venir sa mort. La Cour de cassation vient d'admettre ce préjudice d'anxiété qui, jusqu'à présent, n'était reconnu que pour certaines personnes, notamment les travailleurs qui ont été exposés à l'amiante et craignent de voir se déclarer un jour une maladie éventuellement mortelle.
La justice a étendu cette notion à un accidenté de la route, gravement blessé, qui avait eu le temps de comprendre que son décès était imminent… »
Indemniser la peur de la mort, c’est tout de même révolutionnaire. Il est spécifié que cette indemnisation ne peut être réclamée que par les proches. On ne voit pas ce que le défunt pourrait en faire dans son tombeau, mais on ne voit pas non plus pourquoi les proches devraient toucher de l’argent pour une peur ressentie par le disparu. Le magistrat a précisé que le mourant doit mourir en pleine conscience et avoir la certitude qu’il va mourir, il faut donc des témoins pour recueillir l’expression de cette certitude. Mais attention, s’il ne meurt pas ça ne compte pas, car l’anxiété serait difficile à démontrer selon le magistrat. Autrement dit, pour celui-ci, si la mort ne survient pas, la crainte de la mort serait erronée, ce serait une fausse peur. Il y a donc des vraies peurs et des fausses peurs. Si quelqu’un menace de vous tuer, la peur de mourir n’est pas authentique s’il ne vous tue pas. Les subtilités judiciaires m’échapperont toujours.
Il faudrait étendre cette jurisprudence à beaucoup de maladies et notamment à l’infarctus du myocarde qui se caractérise souvent par une sensation de mort imminente, mais à condition que cette sensation se concrétise, seule preuve de sa réalité.
La peur de la mort me semble une anxiété très répandue et la certitude de mourir bien établie pour chacun d’entre nous, et ressentie en pleine conscience. Il serait donc logique que vos proches touchent une indemnité s’ils vous survivent. Le magistrat s’y opposerait en arguant que dans ce cas, la mort n’est pas ressentie comme imminente si vous n’avez aucune raison de mourir dans l’immédiat, je pourrais lui répondre qu’il n’en sait rien et que la mort , dont la crainte est présente toute la vie, peut survenir brutalement. Comme l’écrivait Saint-Exupéry dans « Terre des hommes », voyant sa fin venir dans le désert : « Trente ans, trois jours, c’est une question de perspective ».
On pourrait donc, si l'on se réfère à la décision de la Cour de cassation, proposer d’étendre le droit à cette indemnisation de la peur de la mort à tous ceux qui ont eu « l'inconvénient d'être né »(Cioran) pour finalement mourir, qui le savent fort bien et le redoute.
Curieux monde occidental pétri de peur, mais ce sentiment est considéré comme inacceptable. Il se calfeutre, se précautionne, se « préventionne », s'infantilise, demande assistance, et s’assure pour tout et parfois pour n'importe quoi. Où il faut que les aspérités de la vie, les souffrances, les chocs, les drames aient un aspect marchand sous forme d'indemnisations pour que justice soit faite, car la souffrance est injuste et doit être réparée. Où il serait impossible de faire son « travail de deuil » sans qu’un coupable soit désigné et sans avoir été indemnisé, c'est-à-dire, en quelque sorte, rémunéré pour ce « travail ». Où même la peur de mourir n’est plus assumée, n’est plus dans la nature des choses et peut être monnayée au bénéfice des proches.
Andrea Mantegna : « Christ mort »
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Commentaires
1Olivier de VauxMercredi 7 Novembre 2012 à 18:38Ahurissant ! Je n'arrive pas à y croire !RépondreJ'ai tout compris et pourtant je reste perplexe, car il ne se passe pas d'année où l'on ne trouve pas justifié de demander des indemnités pour une nouveauté quelconque ! La France est devenue procédurière imitant en cela les américains.
Je me demande aussi sur quelle échelle de valeur la justice va se baser pour évaluer le degré des douleurs ressenties, chacun ne souffrant pas avec la même intensité .
Tout cela me fait penser aux "pleureuses" que ceux qui en avaient les moyens embauchaient jadis, pour pleurer à leur place !!
Le tableau est effrayant Paul !
NettoueC'est pour cette raison que le texte dans l'encadré est entre guillemets pour bien montrer l'authenticité de l'information.
Oui, la France comme les USA (qui regorgent d'avocats) est devenue procédurière. Mais quel manque de dignité de la famille de demander de l'argent pour une telle raison.
Mais qu'est ce que c'est que ce bin's... C'est du n'importe quoi doc, pincez moi, je rêve...!!!! Bonne soirée. ZAZAC'est le défunt qu'on devrait indemniser. Oui mais comment?Donc, pour éviter de déclencher la demande d'indemnité (qui pourrait d'ailleurs le concerner au premier chef) de la part de la famille, le médecin devra donc cacher au patient que sa maladie est incurable pour éviter l'anxiété et le sentiment (justifié) de mort imminente (ou pas d'ailleurs !) provoquée par une telle révélation !
Et éviter aussi de lui donner les bons médicaments, puisqu'à présent sur Internet, on peut savoir ce que soigne n'importe quelle molécule !
Ah oui, ca va devenir compliqué ! Et les primes d'assurance vont encore augmenter !Pour ma part, j'étais pour le mensonge par omission pour éviter le plus longtemps possible la souffrance psychologique à mes patients. Le mensonge est devenu illégal et d'ailleurs difficile en raison de la multiplicité des sources d'information. La transparence peut être nocive. Pourtant, tout le monde ment et là où le mensonge serait utile, il est en principe interdit.
Cela m'a semblé tellement biscornu que je suis allé vérifier
l'information. Pas de doute, c'est bien ça.
Nous partons en quenouille!
Amitiés.J'ai eu du ma à y croire ! Cela peut-il être rétroactif ? Un peu comme le baptême chez les Mormons ? Le monde est fou.http://halleyjc.blog.lemonde.fr/
Je me permets ce lien avec un blog souvent exceptionnel de la Guadeloupe, traitant aujourd'hui, d'une lettre adressée par une de ses amies au ministre de la santé, dans le but de fustiger sa dernière trouvaille, laquelle rabaisse la tâche parfois surhumaine de certains médecins à des marchands de poireaux !
Je suis persuadée qu'elle vous plaira
NettouePS, Le titre de l'article du blog précité est : (Et toc) !
Il est du 7 novembre, et il y s'agit d'une lettre envoyée à la ministre de la santé, par la docteur Arielle Salon, chirurgienne (de la main) à Paris, laquelle connait fort bien la ministre puisqu'elle se dise (tu.
NettoueMerci de m'avoir signalé cette lettre qui rejoint ce que j'ai pu dire dans mes billets. En effet, cette lettre me plait. L'attitude de Touraine est démagogique et manipulatrice et amplifiée par ces imbéciles de journalistes.
19jeffanneLundi 7 Janvier 2013 à 15:53Quelle hérésie !!! Quelle aberration !!!
Recevoir de l'argent parce qu'un proche à souffert de la peur en voyant la mort approcher... Eh bien ceux qui recevront cet argent ne le pleureront que d'un oeil, de l'autre ils compteront les billets .... grrrrr
Qui va financer cela : les assurances ? et pourquoi pas la Sécu tant qu'on y est... tout semble tellement bizarre en ce moment...
J'aime bien votre réponse à Carlus...et votre attitude dans les cas difficiles, voire extrêmes.
Informé ou pas, pourquoi ajouter de l'angoisse à celui qui a déjà peur ?
Non que je veuille rappeler cela mais c'est terrible d'assister quelqu'un qui se voit mourir... combien de nuits
me suis-je levée les nuits pour rassurer mon mari et même s'il ne me reconnaissait pas dans ces moments-là, il sentait ma présence...
alors un médecin comme vous aurait été bienvenu pour rassurer....20jeffanneLundi 7 Janvier 2013 à 15:53je voulais dire : "combien de fois", cela vous l'avez compris je le pense
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