• « L’identité malheureuse »

     

    Je viens de terminer le livre d’Alain Finkielkraut « L’identité malheureuse » où il aborde ses thèmes favoris en développant en particulier sa critique de l’enseignement dispensée, notamment dans les quartiers dits sensibles où les classes comportent un nombre élevé d’enfants d’immigrés. A ses yeux (et aux miens) la meilleure façon d’intégrer ces populations est de leur transmettre le riche patrimoine de la culture française que des générations antérieures d’immigrés (dont lui) ont accueillie avec joie et reconnaissance.

    Il se désole que cela ne soit plus le cas et que la dérive s’accentue. La baisse de l’autorité des professeurs (le plus souvent abandonnés par leur hiérarchie) sur des élèves (pardon des apprenants) qui se veulent de plus en plus indépendants. L’abaissement du niveau du langage et de la culture pour se mettre au niveau de la classe au lieu de la faire accéder à un niveau plus élevé et de la sortir de l’inculture. Le cancre comme modèle et le bon élève comme bouffon. Le refus de cette culture lorsqu’elle ne correspond pas à leurs critères sociaux ou religieux. L’absence d’adhésion au passé culturel du pays est évidemment un obstacle à l’intégration de ces jeunes. Certains restent incultes, et ils se posent alors comme victimes d’une discrimination à laquelle ils ont largement contribuée.

    J’ai eu l’occasion de voir une vidéo où Alain Finkielkraut était confronté à une ministre s’occupant de l’enseignement que je ne connaissais pas et dont je ne me souviens pas du nom (ils sont si nombreux !) où j’ai assisté à un dialogue de sourds. Finkielkraut exposait la situation qu’il avait décrite dans son livre et demandait à la ministre ce qu’elle en pensait. La ministre n’a répondu à aucune des questions mais a déroulé un discours tout fait, très moralisant où le mot « discrimination » est revenu une bonne dizaine de fois. Ce mot finit par perdre tout son sens : en quoi les élèves des quartiers sensibles sont-ils discriminés ? Un enseignement gratuit leur est offert, à eux d’en profiter. On objecte que leur milieu familial est défavorable et expliquerait leur éventuel échec dont ils ne seraient aucunement responsables. Ben voyons ! Les immigrés d’Europe ou d’Asie n’avaient et n’ont sûrement pas des conditions économiques plus favorables et parlaient bien plus mal le Français que les immigrés d’Afrique et donc peu aptes à aider leurs enfants dans leurs études, et pourtant ces derniers réussissent dans une plus grande proportion.

    Décidemment malheureux, Alain Finkielkraut se voit accusé par deux membres du Conseil National du Parti Socialiste, M. Mehdi Ouraoui, ancien directeur de cabinet d'Harlem Désir et Mme Naima Charai, présidente de l'Agence Nationale pour la Cohésion Sociale et l'Egalité des Chances (encore une agence particulièrement ronflante) d’avoir prononcé lors d’un débat l’expression «Français de souche », et ont saisi derechef le CSA au motif qu’elle est utilisée par l’extrême droite et marque là encore une discrimination. On peut se demander si ce n’est pas une discrimination à l’envers : « Qui veut effacer la chose commence par en gommer le mot ». A cette accusation Finkielkraut a répondu :

    « Je suis totalement abasourdi. Hier soir, lors de l’émission Des paroles et des actes, j’ai dit que face à une ultra droite nationaliste qui voulait réserver la civilisation française aux Français de sang et de vieille souche, la gauche a traditionnellement défendu l’intégration et l’offrande à l’étranger de cette civilisation. La gauche en se détourant de l’intégration abandonne de fait cette offrande. […]L’idée qu’on ne puisse plus nommer ceux qui sont Français depuis très longtemps me paraît complètement délirante. L’antiracisme devenu fou nous précipite dans une situation où la seule origine qui n’aurait pas de droit de cité en France, c’est l’origine française. […] Aujourd’hui, on peut dire absolument n’importe quoi! Je suis stupéfait et, je dois le dire, désemparé d’être taxé de racisme au moment où j’entonne un hymne à l’intégration, et où je m’inquiète de voir la gauche choisir une autre voie, celle du refus de toute préséance de la culture française sur les cultures étrangères ou minoritaires. L’hospitalité se définit selon moi par le don de l’héritage et non par sa liquidation". 

    « IdolâtriePudibonderie mortelle »

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 16 Février 2014 à 19:03

    La réponse de la part d'Alain Finkielkraut me parait tout à fait cohérente. Le gouvernement actuel et le PS se fourvoient dans une voie sans issue. Bonne soirée Doc. ZAZA 

    2
    Dimanche 16 Février 2014 à 19:08

    Ce n'est pas seulement une voie sans issue, c'est aussi une voie dangereuse.

    3
    Dimanche 16 Février 2014 à 20:37

    Je suis entièrement d'accord avec vous. Quel intérêt pour les Français "de souche" comme pour les immigrés présente cette conception de l'éducation et de la culture? Au lieu de partager une richesse on veut partager une pauvreté.

    4
    Dimanche 16 Février 2014 à 22:40

    Mais certains ne veulent pas de ce partage où ils ont tout à gagner

    5
    Lundi 17 Février 2014 à 00:47

    Je partage largement l'avis de Finkielkraut et la vôtre. Moi aussi je suis petit-fils d'immigré francophile désireux de s'intégrer et remerciant sans cesse la France de tout ce qu'elle lui avait offert !

    Céder systématiquement à cette pression permanente, à ce chantage au racisme dès lors qu'on évoque les difficultés des politiques d'intégration menés en France, c'est rendre un mauvais service à la France et aux intéressés eux-mêmes en jetant les uns dans les bras du Front National et les autres dans ceux des islamistes !  

     

    6
    Lundi 17 Février 2014 à 17:21

    Le renoncement est la suite de l'impuissance. Car comment offrir un cadeau à quelqu'un qui n'en veut pas ?

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