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L'homme-robot
Depuis 10 ans, Gordon Bell (Microsoft Research), âgé de 75 ans et craignant peut-être d’’être atteint de la maladie d’Alzheimer, double sa mémoire par une mémoire numérique, bien moins faillible. Il porte un petit appareil photographique sur le torse qui prend automatiquement, avec des intervalles de quelques minutes, des photos des lieux où il se trouve, il enregistre ses conversations, scanne des documents et tout est archivé. Il n’est pas le seul, d’autres adeptes de l’archivage de leur vie s’y engagent (« Lifelogging »). Un des objectifs affichés de cette méthode d’auto-espionnage serait de mieux « gérer » sa santé et « d’optimiser » ses performances. C’est ainsi que l’on peut enregistrer les ondes cérébrales pendant le sommeil pour en mesurer la qualité, qu’il existe un comptage de calories et de l’énergie dépensée et bien d’autres gadgets. Par contre, j’ignore si l’activité coquine fait l’objet d’un l’archivage, mais il serait dommage de ne pas mettre en mémoire la partie la plus agréable de sa vie et de ne pas pouvoir la revivre, surtout passé un certain âge.
Il s’agit donc d’une robotisation de l’homme. La mémoire humaine a cela d’intéressant qu’elle est capable d’oublier, de sélectionner les souvenirs et même de les embellir. L’archivage numérique de ses faits et gestes vient contredire ce travail subtil. Un autre risque est de passer son présent à regarder son passé, c'est-à-dire à cesser de vivre (comme dit le bon sens populaire : « on ne peut pas être et avoir été »). Et ne parlons pas des implications juridiques possibles si l’on fait appel à ces fichiers dans un procès.
Il faut être assez tordu pour concevoir un truc pareil dont l’utilité m’échappe si les inconvénients et la folie ne m’échappent pas, même si cet archivage n’enregistre que les faits extérieurs, finalement sans grand intérêt, et qu’il ne met pas en boîte la pensée sur les choses et le ressenti émotionnel. La pensée et les émotions échappent à l’homme-robot…Pour l’instant.
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Commentaires
1sartanSamedi 19 Septembre 2009 à 11:11Je préfère mes souvenirs déformés et magnifiés à la réalité crue. C'est vrai qu'il faut avoir l'esprit tordu pour inventer un truc pareil.RépondreLe problème avec la technique est : comment s'empêcher de faire quelque chose que l'on peut faire.
Dr WOTordu en effet, pour être tordu, c’est tordu...!
Mais rien ne m’étonnes plus....
« This poor man Gordon BELL is a visionary of the digital technology.
Poor America..... !!! »
Comme,le chantait si bien mon père :
« moi j'm'en fou j'ai des poils aux pattes, ça me tient chaud l'hiver et l'été j’me les fait couper pour mieux respirer »
Alors, laissons leur cette technologie, et gardons nos souvenirs, embellis ou non, mais ce qui est sur:
ce cerveau humain, cette magnifique machine de vie, aucune machine numérique ou autre ne pourra le supplanter.
Merci cher docteur d'avoir soulevé ce point.
Bon samedi
Bizzzzzzzzzzz
ZAZAJe réfléchis... et je me dis que pour vouloir immortaliser ses propres faits et gestes à ce point, il faut avoir une haute idée de soi... ëtre vraiment narcissique pour être capable de se mettre en permanence en archivage..
Je ne pense même pas aux risques en cas de procès, mais juste au fait de se dupliquer ainsi, en attendant que la possibilité de se cloner soi même arrive sur le marché et je trouve dommage que certains humains n'aient que cette ativité pour meubler leur vie..C'est le genre de choses qui me fait froid dans le dos ! Je n'ose même pas penser à toutes les applications et implications possibles. Et dire qu'il y a peu on se gaussait de la "Zombification" !Tout cela est vrai. Mais il ne faut pas oublier le commerce : la création d'un besoin qui peut intéresser certains. La présentation est "médicale" et les tordus, surtout inquiets, peuvent devenir légion.
Dr WOL'absurdité de la chose m'a fait éclater de rire. A quoi serviront ses souvenirs enregistrés à quelqu'un qui a perdu toute mémoire, y compris celle de sa propre identité?En fait Mr Bell ne craint pas de perdre la mémoire (c'est une mauvaise plaisanterie de ma part). L'objectif avancé me parait encore plus ridicule : c'est l'espionnage de ce que l'on fait soi-même (alimentation, activité physique, sommeil etc) pour pouvoir apporter des corrections pour améliorer sa santé physique (je ne parle pas de la santé mentale qui me parait déjà compromise).
Dr WOIncongru...
faut-il toujours s'apesantir sur soi à ce point.
Je suppose que quelques personnes "bien haut placées" pourraient se servir de ce retour en arrière pour en tirer des leçons si celles-ci ne pouvaient être que profitables...
Et un nouveau joujou... quelle rétrospective...Je ne suis pas sur d'être d'accord.
On prends des photos, on raconte nos souvenirs.
Pourquoi pas les archiver sous forme de vidéo ?
J'ai pas mal d'amis que je ne reverrai plus, avec qui j'ai vécu des moments intenses, je serrait heureux de revoir cela.
Il n''y a, à mon avis, aucune honte à avoir peur de son passé.C'est la réponse moderne à un vieille question existentielle : les moments de notre vie que nous avons oublié n'ont pour ainsi dire jamais existé puisqu'ils n'ont laissé aucune trace, ni dans notre mémoire, ni dans celles des autres.
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Avec cette nouvelle technique, on passerait une moitié de sa vie à vivre et l'autre moitié à la visionner ! :-)On ne vit que dans le présent. La rétrospective serait sûrement déprimante comme des photos anciennes montrant ce que nous avons été.
Dr WODans ce cas il s'agit de nombrilisme. Cela n'a rien à voir avec des souvenirs que l'on choisit.
Dr WOC'est vrai, c'est ce qui s'appelle marcher à reculons. Ces moments que nous avons oublié ou que nous nous sommes efforcé d'oublier existent toujours : c'est l'inconscient des psychanalystes.
Dr WO22leonieLundi 7 Janvier 2013 à 16:25je ne comprends pas pourquoi on chercher à robotiser l'être humain grâce à l'informatique alors qu'on sait déjà comment le robotiser depuis des siècles.
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