• L’euthanasie acquittée

    « Nicolas Bonnemaison, urgentiste bayonnais de 53 ans, était jugé depuis le 11 juin pour avoir abrégé la vie de sept patients âgés et très malades, en leur administrant hors protocole des médicaments ayant entraîné leur mort. Après 10 jours de débats, il a été acquitté de la totalité des faits »

    « Empoisonnement » était le motif de l’accusation, accusation d’une sévérité qui ne correspondait pas aux circonstances dans lesquelles les actes de ce médecin avaient été commis puisque c’est la compassion qui l’avait poussé à les commettre.

    En l’acquittant, le jury a donc entériné son comportement et justifié ses actes. Pour ma part, je ne pense pas que ce médecin méritait une « punition » pour avoir fait preuve de compassion aussi bien pour les malades que pour la majorité des familles, mais je lui reproche néanmoins d’avoir pris seul ses décisions sans solliciter l’avis de l’équipe médicale et des familles concernées.

    Cet acquittement pur et simple aura évidemment des conséquences :

    Le conseil de l’Ordre des médecins qui s’était empressé de le radier de la profession se trouve ainsi en porte-à-faux avec la décision judiciaire, que va-t-il décider pour l’avenir du Dr Bonnemaison ?

    Des médecins dans les mêmes circonstances –et elles existent tous les jours et partout – ne vont-ils pas se croire autorisés à se comporter en démiurge, et décider dans leur coin de qui doit mourir et de qui doit continuer à vivre?

    La loi Leonetti qui s’efforçait d’encadrer la fin de vie est dépassée, en partie parce que les possibilités qu’elle offre ne sont pas toujours appliquées.

    Acquitter un médecin ayant abrégé, par sa seule décision, la vie de 7 patients, c’est aussi entériner cette forme d’euthanasie, et ouvrir le débat sur sa légalisation, alors que le gouvernement ne semble pas prêt à ouvrir pour l’heure un nouveau débat de société qui diviserait encore la population, ce qui est une spécialité française.

    « 159. Dans quel pays est-on le mieux soigné ?160. La prévention est-elle source d’économies ? »

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 25 Juin 2014 à 17:55

    S'il a donné volontairement du poison à ses patients, c'est bien un empoisonnement quels que soient les motifs aussi louables soient-ils.

    Demander l'avis de plusieurs personnes mais qui? "L'équipe médicale", est un mot vague. D'autres médecins dont l'intéressé n'est pas le patient? Des infirmières? Des aides-soignantes qui dans la plupart des cas sont les personnes qui voient le plus le patient? La famille? Jusqu'à quel degré de parenté? Et s'il y a désaccord entre les membres? On exige l'unanimité ou la majorité qualifiée? Et dans ce cas, celui qui a voté contre, s'il est en minorité ne risque-t-il pas d'alerter les autorités?

    L'idéal serait d'obtenir l'avis du principal intéressé mais l'a-t-il donné il y a longtemps quand la question était toute théorique et qu'il était en bonne santé? Le donne-t-il maintenant et dans ce cas est-il en mesure d'avoir toutes ses capacités de jugement? Est-il inconscient?

    Légiférer sur un sujet qui est du domaine de la morale revient à rendre légal (même sous certaines conditions et dans certaines limites) ce qui aux yeux de certaines personnes est et demeurera immoral. Et, pour les partisans d'une conception large de l'euthanasie, ces conditions et ces limites pourront être considérées comme une obligation à l'acharnement thérapeutique.

     

    2
    Mercredi 25 Juin 2014 à 18:44

    Interrompre une vie n'est pas une question simple et pourtant elle l'est devenue dans les pays voisins. Comme je l'avais développé dans des articles précédents, il y a schématiquement 3 cas : le suicide de la volonté du patient, l'agonie sans avis possible du patient (où intervient la famille) ou avis préalable, l'handicap majeur et le désir ou non du patient d'en finir. Quoi qu'on en dise la loi Leonetti répond à nombre des questions qui peuvent se poser mais pas à toutes (cas Lambert).

    Plutôt que de parler de morale (interrompre la vie d'un agonisant qui souffre peut-être ou d'un handicapé qui réclame la mort est-il immoral ?) je parlerais plutôt de convictions religieuses ou philosophiques.

    3
    mamyours
    Mercredi 25 Juin 2014 à 20:55

    je ne cautionne pas son attitude et ce n'ai pas a moi de le juger , mais je doute fort qu il aurait ete entendu par l'equipe medicale !

    la loi leonnetti est completement depassee et pas respecter !!! une amie viens de vivre un enfer !! une maman 96 ans en fin de vie , dans une maison de retraite catholique !je passe les details mais c'est insoutenable ! un medecin exterieur qui visitait les pensionnaires une fois par semaine ; a enfin entendu mon amie !

    il faut absolument remplir un formulaire indiquant ses dernieres volontes ! on le trouve sur le net !!!il doit etre renouveler tous les 3 ans !!

    bonne soiree

    4
    Mercredi 25 Juin 2014 à 21:19

    La loi Leonetti ne permet pas de faire une injection mortelle mais elle autorise l'arrêt de tout traitement et une sédation forte pour que les patients ne souffrent pas. Autrement dit laisser mourir sans tuer. Dans les pays voisins : Belgique, Pays-Bas, Suisse, l'euthanasie et le suicide assisté sont largement utilisés. Tôt ou tard la France y viendra.

    5
    Mercredi 25 Juin 2014 à 22:24

    Même quand la loi existe, elle ne règle jamais tous les cas et notamment pas celui où le malade est incapable d'exprimer sa volonté et la famille divisée. On a déjà vu passer tous les cas dans l'actualité : une mère mettant fin à la vie de son enfant, un époux à celle sa femme, des familles faisant le voyage en Suisse pour accompagner un parent dans son voyage sans retour...

    Il appartiendra toujours à chacun de prendre ses responsabilités dans des cas extrêmes et d'expliquer ensuite les raisons de son geste à la société, via une cour d'assises.

    Mais la situation qui me plait le moins (même si je peux la comprendre), c'est celle d'un médecin qui prend seul la décision de mettre fin à la vie d'un malade. Enfin...seul ! il avait, semble-t-il l'accord plus ou moins tacites des familles.

    6
    Mercredi 25 Juin 2014 à 22:56

    C'est compliqué dans l'état actuel de la législation française où chaque famille et les médecins ont à résoudre des cas particuliers dans l'illégalité, surtout si le patient ne s'est pas exprimé auparavant. Le cas le plus difficile à résoudre est celui de l'handicap majeur, car pour l'agonie la loi Leonetti suffit presque toujours. L'euthanasie passive a toujours existée.

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