• L’arroseur arrosé (faiblement)

     

    L’arroseur arrosé (faiblement)La Turquie est gouvernée depuis 2002 par le parti « islamo-conservateur », dont la dénomination est un régal pléonastique. Erdogan qui était à la tête du gouvernement et maintenant président du pays ne supporte pas les critiques et dégaine plus vite que son ombre l’article 299 du Code pénal turc qui permet d’entamer des poursuites pour « insulte » avec une peine maximale encourue de quatre ans d’emprisonnement.

    Un journaliste d’un quotidien de l’opposition poursuivi pour avoir publié un entretien avec un procureur - celui-ci ayant été limogé depuis -  déplore que "se retrouver au tribunal est désormais dans la nature de notre métier." Cependant, dans ce domaine Erdogan a des leçons à recevoir de Poutine dont les procès à l’encontre de l’opposition paraissent plus expéditifs.

    Demain doit s’ouvrir le procès, d’un lycéen et militant de gauche de 16 ans, accusé d'avoir publiquement présenté le chef de l'État, mis en cause il y a un an dans un vaste scandale politico-financier, comme le « chef des voleurs ». Comparution qui soulève quelques remous en Turquie.

    Il est cependant consolant de voir que cet article 299, qui bride manifestement la liberté d’expression ( mais nous avons aussi les plaintes pour diffamation), peut encore marcher dans les deux sens. Cette semaine, un tribunal a condamné M. Erdogan à payer 10 000 livres turques (3 500 euros) de dommages et intérêts à un sculpteur dont il avait qualifié une des œuvres de "monstruosité". L'avocat du président avait plaidé une simple "critique". Le juge a finalement estimé qu'il s'agissait d'une "insulte".

     L’art d’aujourd’hui est mieux protégé des critiques en Turquie qu’en France, et il serait judicieux pour certains artistes d’aller exposer leurs monstruosités en Turquie plutôt qu’ici.

    Dessin de Geluck

    « Il y a des claques qui se perdent"Fatum" de Zonder »

  • Commentaires

    1
    Vendredi 6 Mars 2015 à 12:10

    La Turquie, et cette dernière condamnation en est l'illustration,  montre bien (pour le naïf que je suis) qu'il y a une voie de sortie démocratique qui s'offre aux sociétés musulmanes.

    Une voie fragile, imparfaite et bancale, certes, mais si demain Mélenchon ou Le Pen arrivent au pouvoir ici, il n'est pas impossible que nous les regardions avec envie avancer dans la bonne direction pendant que nous irions à reculons en matière de liberté.

    PS : Ceci étant dit, je n'ai pas vu l'oeuvre qualifiée de monstruosité, mais je crois que si l'autre génie avait été exposer son plug anal à Istanbul, il serait en train de nous faire un remake du film Midnight Express ! smile

    2
    Vendredi 6 Mars 2015 à 14:45

    Je crois que le mouvement se fait en sens inverse. Erdogan n'a pas cessé de vouloir grignoter la laïcité instaurée par Atatürk et de mettre au pas l'armée qui en était la garante. La régime est autoritaire, mais ce n'est pas encore une théocratie.

    3
    Vendredi 6 Mars 2015 à 16:41

    Un régime autoritaire islamique succède à un régime autoritaire laïc. Une régression.

    4
    Vendredi 6 Mars 2015 à 17:13

    Un régime très autoritaire tout de même Doc.... La liberté de s'exprimer semble difficile ! Bon après midi. ZAZA

    5
    Vendredi 6 Mars 2015 à 17:35

    PANGLOSS. Je pense, en effet que les Turcs ne gagneront pas au change.

    6
    Vendredi 6 Mars 2015 à 17:37

    ZAZA. Néanmoins, mettre à l'amende un chef d'Etat est plutôt sympathique.

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    7
    Dimanche 8 Mars 2015 à 17:47

    Mince alors, ça fait cher la critique d'art...il a raison le Chat, le silence est un langage universel et qui ne coûte pas cher!

    8
    Dimanche 8 Mars 2015 à 18:26

    Oui, mais c'est une critique présidentielle.

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