• Il y a autre chose que le coeur sous le gilet de certains

    Ce que l’on découvre sous le gilet de certains 

    Dessin de Pessin paru dans Slate

    Le paradoxe est que sans les journalistes, et notamment ceux de la TV, qui n’ont pas cessé de parler des gilets jaunes et de passer en boucle les images de leurs exploits depuis plusieurs semaines, cette minorité de quelques dizaines de milliers de personnes n’aurait pas eu l’impact sur la société française qu’elle a.

    Certes, le génie (qui a eu l’idée ?) fut de revêtir le gilet jaune de la boîte à gants de sa voiture ou du chantier, et d’organiser, non une manifestation unique et localisée, mais des démonstrations multiples et dispersées où ont pu s’exprimer les individus violents et vandales assurant une pression hebdomadaire sur les commerçants, la police, les municipalités qui ont vu bâtiments et mobilier urbain mis à mal, et bien entendu sur le gouvernement, terrorisé à la pensée d’être rendu responsable d’un mort. Ce qui nous a permis de voir cette scène hallucinante d’un boxeur faisant reculer avec ses poings une escouade de policiers nantis de boucliers.

    S’attaquer aux journalistes est un très mauvais signe, c’est l’indice d’une pensée qui veut s’imposer dans l’espace public, c’est obliger les autres à penser comme soi, ne pas admettre d’autres versions du monde que la sienne, c’est le premier acte du totalitarisme, celui des autocrates et des dictateurs lorsqu’ils arrivent au pouvoir.

    Le paradoxe est que la pensée unique n’existe pas chez les gilets jaunes, il y a autant de pensées uniques que d’individus et cette insatisfaction multiforme risque de rester inassouvie.

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  • Commentaires

    1
    Mardi 15 Janvier 2019 à 18:56
    Pangloss

    A de très rares exceptions près, les media reproduisent la pensée du pouvoir en privilégiant l'image que ce dernier veut donner de la contestation. ("Foules haineuses"). Et à de très rares exceptions près les journalistes sont issus des milieux favorisés.

      • Mardi 15 Janvier 2019 à 19:06

        L'offre médiatique est tout de même large en France. Quoi qu'il en soit, excuser les violences faites aux journalistes n'est pas admissible, comme de s'attaquer à la presse comme le font Mélenchon et M. Le Pen.

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    2
    Mardi 15 Janvier 2019 à 20:08
    Pangloss

    La violence est inexcusable. En chercher les raisons n'est pas inutile.

      • Mardi 15 Janvier 2019 à 20:39

        Bien sûr, mais ce sont souvent de mauvaises raisons comme celles avancées par Mélenchon ou M. Le Pen qui, pour l'essentiel, n'admettent pas les critiques.

    3
    Mardi 15 Janvier 2019 à 22:26

    Rien de bien neuf, pourtant:

     

    et même:

    ...seuls, les moyens des uns et des autres a un peu évolué.

    Macron qui souhaitait "célébrer" mai 68 en compagnie de son copain Dany le Rouge devrait être satisfait...

     

    Mais la question n'est pas tant de savoir si s'attaquer à des journalistes est très mauvais signe, que de savoir de quoi est le signe que des personnes aient envie de s'attaquer à des journalistes ?

     

     

     

      • Mardi 15 Janvier 2019 à 23:46

        Parce que ce qu'ils disent ou écrivent ne leur plait pas. Est-ce une raison suffisante pour les tabasser ?

    4
    Mercredi 16 Janvier 2019 à 00:06

    Il faut se faire une raison, Doc,  c'est ça l'avenir radieux de la démocratie dans notre beau pays : se taire face aux  "journalistes Gilets jaunes" défenseurs de la quenelle de Dieudonné, ne rien dire à propos des centaines de clips antisémites se réclamant des Gilets jaunes, trouver des excuses aux casseurs et aux agresseurs de flics, applaudir les noms de Mélenchon, Ruffin, Le Pen et Besancenot  et...

    et, cerise sur le gâteau, agresser les journalistes qui sont tous très riches et au service du pouvoir, c'est bien connu ! c'est connu et  depuis très longtemps puisque il y a plus de quarante ans, je défilais avec mes potes du lycée sous des bannières trotskistes pour dénoncer cela ! smile

     

      • Mercredi 16 Janvier 2019 à 09:23

        L'argument : "ils sont violents mais ils ont des raisons de l'être" n'est pas recevable dans une démocratie libérale où les aides sociales sont élevées et sans autoritarisme véritable. Malheureusement pour montrer les imperfections du régime des minorités (qui ne sont pas forcément les plus malheureuses) ont compris que la violence est plus efficace que le débat, surtout lorsque ces minorités appartiennent aux extrêmes et dont le but est, en fait, d'installer un autre pouvoir. 

      • Mercredi 16 Janvier 2019 à 23:41

        Dernières news "virales" (comme on dit) des journalistes Gilets jaunes officiant sur Facebook : 

        - Macron n’est pas président légitime car Manuel Valls a supprimé la constitution avant de s'en aller

        - Macron serait sur le point de vendre l'Alsace Lorraine  à l'Allemagne

        On pense à des gags... mais non, c'est très sérieux.  Tout cela est en train de tourner au burlesque 

      • Jeudi 17 Janvier 2019 à 08:45

        C'est burlesque, mais aussi triste car ce qui traîne sur les réseaux dénote un niveau d'imbécilité élevé pour ceux qui y croient. Les auteurs de ces absurdités sont des manipulateurs dangereux qui savent que les gens sont plus sensibles à l'invraisemblable qu'à la vérité.

    5
    Souris donc
    Mercredi 16 Janvier 2019 à 08:47

    Bien sûr qu'on les formate dans les écoles de journalisme. Mais un événement quel qu'il soit, dès lors qu'il est relaté, n'est plus la réalité, mais l'événement passé au filtre idéologique du journaliste. C'est pourquoi le pluralisme est précieux (même s'il y a un conformisme journalistique). C'est pourquoi, on ne touche pas aux journalistes.

    Moi, les Gilets Jaunes commencent à me gaver. Longtemps, j'ai trouvé intéressant qu'on parle enfin d'autre chose que des leçons de morale dispensées par le bobo frivole du haut de sa trottinette électrique, du genre et des victimes de notre racisme post-colonial, qu'on rende visible cette France "périphérique" théorisée par Christophe Guilluy. Mais trop c'est trop. Ils doivent faire de l'audimat, j'imagine ?

      • Mercredi 16 Janvier 2019 à 09:39

        En effet, on ne touche pas aux journalistes et à une presse plurielle dans laquelle on trouve toujours un contre-pouvoir dans une démocratie libérale. Il existe, certes, un formatage journalistique mais qui n'a rien à voir avec le formatage des esprits par les réseaux sociaux qui drainent plus de merde que d'informations et auxquels les esprits un peu faibles et/ou orientés font plus confiance en traitant les journalistes de menteurs. Un exemple : cette femme qui affirmait mordicus qu'il existait des CRS venus de l'étranger et son interlocuteur (un maire) n'a pas pu la convaincre du contraire. 

    6
    Souris donc
    Jeudi 17 Janvier 2019 à 11:39

    Paul Ricoeur, dont Macron a été l'assistant, a théorisé le rapport entre violence et langage. L'indigence de la parole peut amener la violence.

    Ricoeur voit dans les procès criminels une "cérémonie de langage" :

    La réponse du droit pénal à la violence c'est le procès. On va théâtraliser l'action criminelle en faisant comparaître l'accusé et sa victime dans une cérémonie de langage. Elle va traiter par le moyen d'un conflit d'arguments les conflits de violence. A la question : peut-on étendre à des crimes extraordinaires une procédure pénale appliquée et valide ? Je dis oui. C'est le pari. C'est la riposte aux grands criminels de l'histoire : "Vous serez soumis à notre justice libérale, c'est à dire d'écoute mutuelle, vous aurez droit à la parole . Tout ce que vous avez nié par votre action criminelle nous allons vous l'appliquer équitablement".

    (Sur FranceCul, en 2000)

    Ce qui explique (peut-être) le retard au démarrage de Macron face à la crise des Gilets Jaunes. Et l'étonnant débat de 7 heures avec les maires de l'Eure mardi ?

      • Jeudi 17 Janvier 2019 à 14:17

        Pour l'instant, c'est le procès de Macron qui est fait et certains le condamnent d'avance.

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