• Hollande s’en va en guerre

    La plupart des commentateurs s’étonnent du contraste entre l’attitude hexagonale de François Hollande et son attitude africaine. Pour les affaires hexagonales il lui est reproché faiblesses et atermoiements dans son souci de conciliation, alors que devant les conflits africains ses réactions furent rapides mais il est vrai qu’en cette matière une décision tardive devient inopérante.

    En peu de temps la France est intervenue militairement à trois reprises sur le continent africain.

    En Libye pour renverser un dictateur un tantinet dérangé, et qui s’apprêtait à se livrer à un massacre sur la première ville qui s’était révoltée. Ce fut avec Sarkozy une intervention franco-anglaise et un plein succès qui s’est soldé par la mort du dictateur Kadhafi dans des circonstances douteuses et un chaos dans le pays dont on attend avec intérêt la sortie.

    Au Mali, repousser l’assaillant islamiste sur la demande du gouvernement malien et de la majorité de la population était justifié, espérons que les suites seront favorables.

    En Syrie, c’est une guerre civile où le méchant s’oppose à des rebelles mais aussi à d’autres méchants. Bref c’est un merdier, mais Hollande était prêt à y aller. Retenu par les basques, il a heureusement freiné des quatre fers.

    Et maintenant le Centrafrique, c’est aussi une guerre civile avec des massacres déjà bien fournis mais qui risquent de s’aggraver. Les troupes françaises y sont, elles cherchent à désarmer les fractions rivales chrétienne et musulmane, comme on enlève des jouets dangereux à des enfants turbulents. La population prise entre les fractions en sera satisfaite, mais ceux que l’on désarme seront mécontents et considèrent sans doute que l’intervention française est une resucée du colonialisme d’antan, et que si l’on ne peut pas librement s’entretuer chez soi, à quoi sert d’être indépendants. Le monde regarde avec intérêt mais sans trop se mouiller.

    Le contraste entre le Hollande hexagonal et le Hollande africain n’est qu’apparent. Il est plus simple – bien qu’onéreux - d’envoyer l’armée à l’extérieur que de résoudre les problèmes intérieurs. Une intervention pour éviter des massacres ne trouve guère d’opposition, et la tâche est exécutée par des spécialistes, seule la décision est à prendre mais ne pas la prendre aurait sans doute été condamné. Soulever le petit doigt dans l’hexagone soulève des oppositions de tout bord et c’est bien plus compliqué de trancher dans le vif lorsqu’on est désarmé devant les corporatismes, les syndicats et les troublions de sa propre majorité.

    On peut aussi se poser la question sur les raisons qui ont poussé Hollande à prendre ses décisions africaines.

    D’abord, il n’y a là rien de nouveau : depuis la décolonisation, les gouvernements français successifs sont intervenus militairement au moins une quarantaine de fois dans leurs anciennes colonies. Les raisons humanitaires sont les plus évidentes, il ne faut pas oublier que l’on a reproché à la France de ne pas être intervenue assez tôt dans le désastre rwandais. Mais l’humanitaire n’exclut pas la préservation des intérêts français dans la région.

    Dire que c’est pour son prestige personnel n’a guère de sens : après la Libye, Sarkozy n’a pas été réélu pour autant, et la popularité de Hollande n’a guère augmenté après le Mali. Quant au prestige de la France, il peut en sortir grandi, c’est le moins que les autres pays puissent lui accorder dans leur indifférence apitoyée sur le sort des Africains, à condition que l’expédition ne tourne pas au vinaigre dans un pays grand comme une fois et demi la France et dépourvu d’état.

    Les mauvaises langues diront que c’est pour distraire les Français des difficultés intérieures. Je ne pense pas que les Français en oublient les impôts à payer et les chômeurs de regretter la perte de leur emploi. Il y a des distractions hors de prix qui laissent le spectateur indifférent.

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  • Commentaires

    1
    Samedi 14 Décembre 2013 à 17:05

    Les aventures africaines ont rencontré des succès "mitigés". Même au Mali, le problème est loin d'être réglé. Repousser les rebelles ne suffit pas s'ils sont en capacité de revenir. Quant à la Centrafrique, nul ne sait quelles seront les suites de l'intervention française quand on apprend (un récent C dans l'air) que les "rebelles musulmans" ne sont centrafricains qu'à vingt pour cent, le reste étant constitué de djihadistes-gangsters venus des pays voisins..

    2
    Samedi 14 Décembre 2013 à 17:29

    Nombre de pays africains plus ou moins artificiellement créés par la colonisation ont une instabilité politique qui permet aux islamistes de s'y introduire. Il y a deux options : ou on ne fait rien et un continent risque de basculer dans l'islamisme intégriste ou on essaye de mettre un frein - certes imparfait - à son expansion en espérant que les pays africains trouveront entre temps une stabilité politique.

    3
    Samedi 14 Décembre 2013 à 19:16

    Un frein? Une armée qui ne combat pas, au mieux se ridiculise, au pire doit avouer son inefficacité et sa défaite.

    4
    Samedi 14 Décembre 2013 à 19:31

    Donc, il ne faut rien faire et attendre.

    5
    Samedi 14 Décembre 2013 à 20:38

    Il faut noter cependant que les interventions de la France se font désormais sous mandat de l'ONU. Les cyniques diront "ça nous fait une belle jambe" mais je crois que c'est une nuance d'importance. J'aurais été pour ma part résolument CONTRE une guerre menée par la France de sa seule initiative mais je suis  absolument POUR des interventions effectuées à la demande et sous le contrôle de l'ONU pour empêcher les islamistes de contrôler légalement  des territoires, ce qui multiplierait par 100 le pouvoir de nuisances des terroristes islamistes dans le monde.

     

    6
    Samedi 14 Décembre 2013 à 20:45

    Je suis de cet avis même si je suis conscient que cette intervention n'aura qu'un résultat partiel et sans doute provisoire si un état structuré ne s'installe pas dans ce pays qui n'a connu que des coups d'état et des interventions étrangères, de la France mais aussi de ses voisins.

    7
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 07:50

    Ou alors Pépère trouve plus facile de lancer les français dans la bataille que de résoudre leurs problèmes ? Les morts n'ont plus faim et les endeuillés pleurent... Pouah !

    Bon dimanche Paul

    8
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 09:01

    Pépère ne lance pas les Français dans la bataille, mais un contingent de 1600 Français dont le métier est d'être soldats avec les risques inhérents à la profession.

    9
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 09:44

    Ne rien faire? Je n'ai pas dit ça!

    "Que dois-je faire", avait demandé LouisXVI à Mirabeau.

    "Sire, faites le roi", avait répondu Mirabeau.

    En Centrafrique? Pareil! Des soldats sont faits pour faire la guerre. Qu'ils la fassent! Au lieu de regarder passer les pick-up plein de gens armés (qu'ils sont venus désarmer) "pour ne pas envenimer la situation," ai-je entendu.

    Ou qu'ils restent chez eux.

    10
    Dr WO
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 10:55

    Là vous parlez de la stratégie à adopter une fois sur place. C'est peut-être plus complexe que vous ne le pensez. Il s'agit de protéger le mieux possible les civils et non pas de conquérir un pays plus grand que la France.

    11
    mamyours2
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 14:09

    peut etre une maniere de montrer qu'il a encore de l-autorite !!

    bon dimanche 

    mamyours

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    12
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 14:53

    C'est plus une décision à prendre que de l'autorité

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