• Histoire optimiste

     

    Les cellules vivantes ont la capacité de se renouveler éternellement et les êtres vivants de ne jamais mourir, alors ils se suicident. Ils sont programmés pour çà.

    La mort n'est qu'une constatation statistique. Certes, la loi des grands nombres en fait une vérité, mais une programmation peut toujours avoir un bug, n'est-ce pas ?

    Jusqu'à présent, aussi loin que remonte la mémoire humaine, on n'a pas observé de bug dans la programmation génétique suicidaire. Heureusement. Car même en laissant par obligation la place aux autres, même en faisant disparaître des plantes et des animaux, la masse vivante augmente, de plus en plus humaine, et elle bouffe la masse minérale qu'elle recrache en fumée, de préférence toxique.

    Alors, il y a les guerres ; elles érodent la masse vivante, moins vite mais plus largement que les catastrophes naturelles. Les hommes font ce qu'ils peuvent. Il faut reconnaître que les guerres ont des vertus. Dans la tourmente on se regarde moins le nombril, il y a moins de dépressions, il y a moins d'obèses - surtout dans les camps de concentration - Un vent de liberté souffle sur les mœurs : les soldats vont aux putes sans remords et les femmes se laissent convaincre pour une dernière étreinte.

    Toutes les compétences sont utilisées : les voyous deviennent des héros, les meurtriers sont décorés pour leurs meurtres, les sadiques sont promus pour leurs tortures, les voleurs pillent joyeusement, les violeurs violent en paix, même les bons pères de famille, et leurs chefs indulgents détournent le regard quand ils n'y prêtent pas la main.

    Et que dire des progrès réalisés pendant les guerres : des bactéries inconnues colonisent les laboratoires, les chimistes remplissent leurs cornues de molécules nouvelles, les ingénieurs construisent des machines qui tuent mieux et plus loin, les savants font péter des pétards et retrouvent ainsi leurs joies d'enfant.

    Quand une masse humaine est plus entamée que la masse ennemie, vient la paix où on continue encore un peu d'élaguer par vengeance ou pour ne pas perdre la main, en suivant le doigt anonyme des délateurs.

    Les périodes qui suivent les guerres sont des périodes fastes, on les appelle « Glorieuses », même pour les vaincus. Certes on pleure un peu, mais on rit beaucoup d'être resté vivant, on recommence à ne penser qu'à soi, et on reconstruit vaillamment. L'économie ne connait pas de crises, il n'y a pas de chômeurs, on manque même de bras, ceux laissés sur les champs de bataille. En fait, pendant la guerre il ne s'était pas passé grand chose dans les champs, tout s'était passé dans les villes, là où il y a le plus de civils, bien plus faciles à tuer que des soldats armés.

    Mais les périodes fastes n'ont qu'un temps. Les choses reviennent comme avant et on attend la prochaine guerre pour casser et recommencer ou la mort prochaine pour laisser la place aux nouveaux nés

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 28 Mai 2008 à 21:49
    Paul, je lirai à tête reposée votre texte ... cette nuit . Je vous remercie de tout coeur pour vos très beaux mots et votre soutien, ainsi que vos encouragements . J'ai été très profondément touchée, vraiment . Toute mon amitié, du fond du coeur . Liza
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    2
    Jeudi 29 Mai 2008 à 22:35
    Toujours impressionnant, implacable vérité, respect . C'est aussi très intéressant, toujours . Merci beaucoup Paul pour votre commentaire, c'est gentil de prendre de mes nouvelles, je publie, mais comment dire ... je tangue, je coule parfois, je tiens comme je peux, avec les moyens du bord . Mais je n'ai plus envie de passer à l'acte . Sinon, c'est ... angoisses angoisses . Toute mon amitié . Liza
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